Tourisme durable

Ghardaïa, la perle du Sud algérien

28 Juin 2025 - Culture / Histoire / Patrimoine

Dans la vallée du M’zab au nord du Sahara, la ville de Ghardaïa et les villages fortifiés millénaires qui l’entourent révèlent une beauté parfaitement intégrée à l’environnement et une gestion exemplaire des rares ressources en eau.   

Protégées du soleil, les maisons se serrent les unes contre les autres, ne laissant aux ruelles qu’un étroit passage qui gravit la colline jusqu’à la mosquée, point d’orgue de la ville. À cette heure, en contrebas, la place du marché de Ghardaïa est déserte : la chaleur écrase tout sous une lumière aveuglante. Il faut attendre l’apaisement de la fin du jour pour voir s’animer les lieux.
 

Ruelle du ksar de Ghardaïa ©AlgérieCultureTradition
Ruelle du ksar de Ghardaïa ©AlgérieCultureTradition 


La “perle du Sud“ algérien, Ghardaïa, est sortie de terre au XIe siècle au nord du Sahara dans la vallée du M’zab, vaste plateau traversé par un oued. À l’occasion, ce cours d’eau peut provoquer des crues dévastatrices comme ce fut le cas en 2008. En temps normal, l’oued est à sec et les pluies sont rares, mais l’ingéniosité des habitants de cette oasis pour retenir et capter l’eau est millénaire. Elle est héritée de la communauté berbère ibadite, un courant méconnu de l’islam, qui fonda la cité de Ghardaïa et d’autres villages fortifiés, appelés “ksar“. L’ensemble constitue ce que l’on appelle la Pentapole du M’zab, un véritable ravissement pour les yeux, de l’urbanisme aux jardins et palmeraies qui constituent la manne économique de la région.
 



Un habitat intégré au climat 
 

La ville saharienne de Ghardaïa a été fondée au XIe siècle © Détours Algérie
La ville saharienne de Ghardaïa a été fondée au XIe siècle © Détours Algérie

 

Derrière les remparts, l’architecture mozabite du ksar, adaptée au climat saharien tout autant qu’aux valeurs de simplicité et de sobriété de la communauté, présente le visage harmonieux de maisons enchevêtrées qui se rejoignent en cercles concentriques autour de la mosquée. Toutes sont construites sur le même modèle : des murs d’argile enduits d’une chaux ocre, parfois peints de couleurs pastel, des portes et fenêtres en bois de palmier, peu d’ouvertures sur l’extérieur, et à l’intérieur, des espaces conçus pour apporter de la fraîcheur et préserver l’intimité, notamment celle des femmes. Car en dépit de la modernisation, l’unité de Ghardaïa et de la Pentapole repose sur la survivance des traditions et des valeurs religieuses.

Les visiteurs étrangers sont priés de respecter une tenue vestimentaire “décente“ et de se faire accompagner d’un guide, et l’on peut croiser des femmes -mariées, précise-t-on, revêtues du haïk, un grand voile blanc intégral qui ne laisse voir, spécificité mozabite, qu’un seul œil.
 

Femme portant le haïk, voile intégral blanc qui ne laisse voir qu’un seul œil
Femme portant le haïk, voile intégral blanc qui ne laisse voir qu’un seul œil ©AlgérieCultureTradition


Devenue à juste titre l’un des pôles d’attraction touristique de l’Algérie, Ghardaïa, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a grandi et atteint désormais 93 000 habitants, mais son urbanisme moderne reste hors les murs.

Sur la belle place du ksar et dans les ruelles adjacentes, les marchands proposent épices, bijoux en argent, étoffes, bibelots et des tapis traditionnels tissés par les femmes, en fine laine et ornés de symboles, tel le losange dont on apprend qu’il représente, c’est selon, un scarabée, un scorpion ou l’œil qui protège du mauvais sort.
 

Les tapis traditionnels tissés par les femmes présentent des symboles typiques de la culture berbère ©AlgérieFocus



Le miracle de l’eau

C’est dans la palmeraie et les jardins que l’on découvre, cette fois, le miracle. Le miracle d’une eau “plus précieuse que l’or“, dit-on là-bas, si rare qu’il est impérieux de la conserver et de la distribuer aux plantes avec parcimonie. À cette fin, dès le Moyen Âge, les Ibadites ont mis au point un système d’irrigation souterraine, le “foggara“.
 

Les rigoles parcourent la palmeraie et répartissent l’eau en quantité mesurée vers les arbres ©Atmzab


Des galeries creusées sous la terre captent l’eau d’une nappe phréatique et l’acheminent en pente douce vers les plaines cultivées où elle jaillit et se répartit dans de petites rigoles délivrant la juste quantité d’eau nécessaire. Abîmé par la crue de 2008, ce patrimoine hydraulique bénéficie d’un projet de restauration par les autorités locales. Depuis des siècles, cette irrigation qui évite l’évaporation de l’eau a permis aux habitants de prospérer grâce à leurs palmeraies produisant une variété de dattes très prisée dans tout le pays. Une eau maîtrisée qui a permis une improbable conquête de survie dans le désert.