Tourisme durable

Tassili n'Ajjer : au cœur du lunaire Sahara algérien

04 Mars 2024 - Art / Histoire / Nature / Préservation

Réputé pour être le plus beau désert du monde, le Sahara algérien couvre près de 90% du territoire national. Découverte du Tassili n’Ajjer, aux confins du pays, une année après sa réouverture aux touristes français.

 

Le Tassili n'Ajjer © Aurélie Croiziers


 

Le Tassili n’Ajjer, un espace classé
 

Les deux millions de kilomètres carrés de Sahara algérien sont composés d’ergs, ces dunes de sable, de regs, ces terres montagneuses, ainsi que d’oasis et de massifs volcaniques. Cette zone peuplée depuis des millénaires a été colonisée par les Romains, les Turcs puis par les Français, et compte, selon les chiffres de 2018, 3 600 000 habitants, soit 10,5% de la population nationale.

La partie sud-est du Sahara algérien est occupée par deux hauts plateaux : le Hoggar et le Tassili. Avec ses 120 000 km², le Tassili n’Ajjer est un immense massif situé aux confins de la Libye. Il s’élève à plus de 1 000 mètres d'altitude et s'étend sur 800 kilomètres. Depuis 1982, le parc culturel du Tassili est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et a été classé réserve de biosphère quatre années plus tard. Au-delà de ses paysages superbes pétris de formations géologiques uniques, il abrite des témoignages exceptionnels de la préhistoire avec une rare densité d’art rupestre. 15 000 gravures ont été répertoriées à ce jour, dont les plus anciennes ont huit millénaires, faisant du Tassili l'un des plus grands musées rupestres à ciel ouvert sur Terre.

 

© Aurélie Croiziers


 

En octobre 2022, le ministère des Affaires étrangères français assouplit les conseils aux voyageurs : la zone de Djanet, porte d’entrée pour cette zone saharienne, passe du rouge à l'orange. Quatorze années après sa fermeture, le Sud algérien est de nouveau accessible aux voyageurs… qui sont au rendez-vous : ils sont 5 335 venus de 37 pays pour la saison 2022-2023, auxquels s’ajoutent 21 000 touristes nationaux.

Touareg originaire de Djanet, Lakhdar Khellaoui a travaillé comme guide et créateur de voyages pendant 40 ans pour l’agence Nomade Aventure, il s’apprête à prendre sa retraite sur les terres où il a passé son enfance. Pour lui, les atouts de la région sont nombreux :

L’art rupestre unique au monde, la variété de paysages avec le mélange de roche et de sable, des dunes sur 250 km, des canyons, des oasis… et une flore endémique comme les cyprès millénaires qu’on ne trouve qu’ici… C’est une région qui a aussi su garder ses traditions, avec ses six groupes ethniques différents ! - Lakhdar Khellaoui
 

© Aurélie Croiziers 



Pour le bonheur des voyageurs !


Une randonnée dans le Tassili n'Ajjer est une invitation à arpenter des paysages lunaires, plantés de formations géologiques en grès aux couleurs oscillant du jaune au brun. Les contours rocheux inédits, créés par l'érosion, semblent surgir des dunes, telles des forêts de pierres.

Les reliefs escarpés, pitons ou falaises, forment sous les pas du voyageur des labyrinthes infinis ; devant ses yeux s’élèvent des silhouettes veillant sur ces lieux en gardiens de pierre immémoriaux. Les splendeurs minérales sont intensifiées par le silence sidéral et les horizons immenses.

Le soir, après avoir passé la journée à aiguiser ses sens devant tant de beauté, le voyageur rejoint le bivouac dressé sur un espace judicieusement choisi par les accompagnateurs touaregs, le repas est servi autour du feu. Suit inexorablement la tradition du thé, avant d’être invité à dormir sous une des plus belles voies lactées que l’œil pourra admirer.
 

L’un des "gardiens" du Tassili © Aurélie Croiziers

 

Des chefs-d'œuvre humains ponctuent aussi le chemin : l’art rupestre est donc l’un des points forts du voyage, comme le site de la "Vache qui pleure", qui se donne en spectacle depuis plus de 7000 ans. Ces gravures représentent un troupeau de vaches attendant l'eau pour se désaltérer et l'un des bovidés est caractérisé par une larme qui coule le long de son museau. Une image si frappante qu’elle est à l’origine de nombreuses légendes et interprétations des gravures et a donné son nom au site.

 

Un désert à découvrir en le respectant
 

Lakhdar partage ses conseils pour des voyages plus responsables :

Si l’on veut diminuer l’impact C02, il faut éviter des longs transferts en 4x4, pour laisser le moins de traces. Dans le Tassili, on peut commencer par un transfert de 70 km et le reste du portage est assuré par les ânes et chameaux, ensuite on marche sur des sentiers balisés : pas de risque d’abîmer le relief ! - Lakhdar Khellaoui

En attendant de découvrir soi-même les beautés du Tassili n’Ajjer, laissons le mot de la fin à l’un des plus grands amoureux de cette région, Théodore Monod qui disait avec poésie : "Après tout, parler du désert, ne serait-ce pas, d'abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ?"
 

La gravure de la Vache qui pleure © Aurélie Croiziers