S’il est bien un mot qui pique l’imaginaire des voyageurs, c’est oasis. Découverte de cet écosystème unique au-delà des clichés.
Oasis et culture des dattes
Alors que la palmeraie est une monoculture de palmiers, l’oasis est un lieu de culture à trois étages : agriculture au sol, deuxième étage d’arbres fruitiers et enfin, les vedettes : les palmiers dattiers. Ces derniers ne sont pas des arbres, mais des plantes géantes qui peuvent atteindre vingt mètres de hauteur et vivre jusqu’à cent ans. Pour les nombreuses vertus de ses fruits, cette plante a longtemps été considérée comme sacrée.
Des quatre zones abritant des oasis en Tunisie, celle de Tozeur est la plus vaste. Située aux portes du Sahara, elle compte plus de 350 000 palmiers. L’oasis de Tozeur cultive aujourd’hui encore un précieux héritage, un système d’irrigation unique : les seguias, un réseau de canaux alimentés jadis par deux-cents sources. Créé au XIIIème siècle par l'ingénieur Ibn Shabbat, il permet de calculer les besoins en eau en fonction des arbres et de leur altitude.
La cueillette des dattes se déroule chaque année en novembre, créant une réelle émulation dans les oasis et palmeraies. Huit personnes au moins sont nécessaires pour grimper en haut de la plante et descendre de main en main les régimes pesant jusqu’à dix kilos, avant qu’ils ne soient triés par une seconde équipe au sol. Dans une ambiance détendue, mais toujours active, les gestes précis sont inlassablement répétés, palmier après palmier.
Si les premiers palmiers dattiers sont arrivés en Afrique du Nord il y a plus de 2000 ans avant notre ère, ils sont aujourd’hui menacés par les activités humaines et par le changement climatique. De nouveaux acariens apparaissent, enrobant le fruit d’une toile et empêchant son murissement. La gestion de l’eau est aussi au centre des préoccupations, avec des saisons de plus en plus chaudes. Les eaux souterraines jadis abondantes se tarissent année après année.
Les oasis maritimes sont plus menacées encore que les autres. N’y poussent que des dattes considérées comme médiocres du fait de la proximité de la mer. Datant de la période romaine, l’oasis de Gabès fut longtemps l’attraction principale de la région, son paysage embrassant dans un même panorama à la fois palmeraie, mer, montagne et désert ! À cause de la faible qualité de ces dattes, au cours du XXème siècle, la culture du palmier dattier n’a pas été vue comme prioritaire. La ville a fait le choix d’industries souvent polluantes et, année après année, l’oasis maritime périclite. En 1980, les 60 km2 d’oasis comptaient 400 000 palmiers, il n’en restait que 150 000 en 2022.
Quelle place pour le tourisme dans ces fragiles écosystèmes ?
Si les infrastructures hôtelières lourdes, gourmandes en eau, amplifient les problèmes des oasis, un tourisme responsable peut faire partie de la solution. Car les décors dignes de carte postale nourrissent l’imaginaire voyageur, ils sont parfaitement entretenus quand les visiteurs sont présents et, plus les oasis sont "propres", moins les insectes nuisibles peuvent s’y développer, mieux les plantes s’y épanouissent. La venue des voyageurs et les revenus qu’ils engendrent favorisent ainsi le maintien de ces cultures à trois étages. Mais les structures touristiques doivent être légères et peu gourmandes en eau.
À Tozeur, deux adresses vont dans ce sens. L’Eden Palm est à la fois un musée pour tout savoir sur le palmier dattier, une palmeraie et un laboratoire. Car on défend mieux ce que l’on comprend, ce site gagne à être connu. Quelques pas plus loin, l’Îlot Palmier permet aux plus chanceux de dormir au cœur de l’oasis. Les tentes-lodges sont des structures légères et les sanitaires, propres et sobres, invitent à l’économie de la précieuse eau. Une belle manière d’allier protection des ressources à la valorisation de l’oasis…
Au-delà des images de cartes postales, les oasis méritent bien qu’on s’intéresse à elles… et qu’on les protège !
Plus d’information :
L’office de tourisme de Tozeur : www.discovertozeur.com