Baignée par les eaux cristallines de l’océan Indien au large de la Tanzanie continentale, l'île de Zanzibar est une destination balnéaire prisée dont la fréquentation touristique a quadruplé ces dernières années. Parallèlement à ce tourisme de masse, les voyageurs peuvent découvrir la culture des algues dans certains villages côtiers, au plus près de la population locale.
À marée basse dans un lagon turquoise cristallin, les silhouettes des cultivatrices de la mer en kangas colorés se distinguent à l’horizon, au milieu des quadrillages de semis bien ordonnés. Pieds nus, les mains desséchées par le sel, le soleil et le travail, elles plantent, repiquent et récoltent inlassablement les algues dans le sable blanc et l’eau tiède du lagon.
Une activité primordiale dans l’émancipation des femmes
L’aquaculture des algues est apparue dans les années 1990 dans le sud-est de Zanzibar. Elle participe activement à l’émancipation des femmes dans une société rurale conservatrice de pêcheurs, mais aussi au développement d’un tourisme durable. Aujourd’hui Zanzibar est le 3ème producteur mondial d'algues rouges et c’est devenu la troisième source de revenus de l’île après le clou de girofle et le tourisme. Elles sont séchées et broyées, avant d’être incorporées dans la fabrication de produits alimentaires, pharmaceutiques et cosmétiques. Sur 25 000 cultivateurs d’algues, 80% sont des femmes. Dans le village de Paje en particulier, elles sont organisées en coopératives.
L’une d’elles ouvre ses portes aux visiteurs à Zanzibar, celle de Mwani à Paje. Une initiative de tourisme durable à encourager. À marée basse, les cultivatrices vous emmènent sur un champ d’algues prêtes à être récoltées. Un moment d’échange intéressant et vivant. Sans racine, les boutures attachées à des cordes sont reliées par des piquets de bois en semis, et poussent au gré des marées pendant deux mois.
Puis vous rejoignez l’atelier pour boire un jus d’algues revigorant. Ici, d’autres femmes s’affairent à la fabrication de savons à base du précieux or vert, parfumé aux épices de l’île, à l’huile de coco-citronnelle ou encore à un mélange de cannelle-curcuma. Auparavant simple coopérative, Mwani est désormais une marque de produits cosmétiques de qualité avec une élaboration plus sophistiquée en laboratoire. Une valorisation qui rapporte 5 fois plus aux cultivatrices que le salaire médian.
Le réchauffement climatique, principale menace à l’aquaculture
Celles qui se contentent de vendre leurs récoltes au kilo à des exportateurs ne gagnent que 30 à 40 euros par mois en moyenne. Un travail dur, sous le soleil dans l’eau salée, qui nécessite de porter des sacs d’algues de 30 kg sur la tête. La vie est précaire dans les villages de maisonnettes en parpaings au milieu des cocotiers. Malgré tout, avec ce travail, les femmes, souvent seules avec des enfants, peuvent subvenir aux besoins de leur famille, payer des frais scolaires et médicaux notamment.
Mais aujourd'hui cette économie locale est menacée par une maladie apparue sur la variété d’algues la plus rentable, la Cottonii, en raison de la hausse de la température de l’eau. Une conséquence directe du réchauffement climatique. Seule une valorisation des algues brutes, à l’image de l’initiative de Mwani, est désormais rentable. Une alternative récente initiée par des anciennes cultivatrices d’algues existe néanmoins : l’élevage d’éponges de mer. Plus résistantes aux températures chaudes, elles offrent un nouvel horizon aux femmes cultivatrices de la mer de Zanzibar.
Infos pratiques :
Réservation sur www.mwanizanzibar.com - site en anglais (rubrique “contact us”).