Des tonnes d’eau en pleine Afrique ! C’est un décor unique au monde. Là où le fleuve Zambèze, frontière naturelle avec le Zimbabwe, fait un plongeon spectaculaire et forme les chutes Victoria, ou Mosi-oa-Tunya, “la fumée qui tonne”.
Grand pays niché au cœur de l’Afrique australe, la Zambie séduit par ses paysages de savane et sa nature préservée. Le pays ne possède pas d’accès à la mer, mais par chance, il est traversé dans sa partie sud par le fleuve Zambèze. Long de 2 700 kilomètres, c’est le quatrième fleuve d'Afrique après le Nil, le Congo et le Niger. Le seul au monde à créer des chutes extraordinaires. Sublimes, impressionnantes, mythiques. Une merveille de la nature classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Tonnerre sur le Zambèze
Les chutes sont d’abord un bruit. Leur fracas est audible à des kilomètres. Puis, il y a la fraîcheur qui surprend au milieu de la touffeur tropicale. Avec une bruine mystérieuse et des feuillages scintillant d’humidité. Le sentier glisse, l’excitation monte d’un cran à l’écoute d’un grondement terrifiant. Déluge rageur qui jaillit des entrailles de la terre. Quel vacarme ! Et soudain, la douceur apparaît dans un arc-en-ciel brillant au soleil.
Quelle folie la nature a créée ! Même si les chiffres peinent à décrire l’ampleur du phénomène, ils aident à en donner la mesure. Près de 2 kilomètres de large, une succession à l’infini de cascades plongeant dans des gorges parfois profondes de plus de 100 mètres. Un débit qui peut atteindre plus de 500 millions de litres à la minute. La force de l’impact est telle, que l’eau rebondit et éclabousse jusqu’à plusieurs centaines de mètres de haut, formant un brouillard permanent au-dessus du site.
Que devait se dire l’explorateur David Livingstone quand il découvrit ce spectacle alors qu’il cherchait en vain les sources du Nil jusqu’à sa mort ? En novembre 1855, le célèbre missionnaire écossais fut le premier homme blanc à découvrir les chutes, et les baptisa Victoria en hommage à la reine d’Angleterre. Elles avaient évidemment déjà un nom, autrement plus parlant : Mosi-oa-Tunya, “la fumée qui tonne”.
Rien dans le cours tranquille du Zambèze n'annonce son effondrement spectaculaire. Quelques mètres en amont, ses eaux s’écoulent paisiblement et quelques bateaux chargés de touristes glissent insouciants. Les rives sont très sauvages, les animaux vont et viennent librement. A l'heure du coucher de soleil, éléphants, buffles, girafes, zèbres, antilopes et quantités d’oiseaux convergent de tous les points pour s'abreuver.
A 10 kilomètres des chutes, le gros bourg de Livingstone, capitale de l’ancienne Rhodésie du Nord britannique, accueille les voyageurs. C’est aussi depuis cette ville que l’on peut grimper à bord du Royal Livingstone Express. Cette vieille locomotive à vapeur datant de 1924 part deux fois par semaine du centre-ville. Après quelques kilomètres seulement, le train s’arrête au milieu du Victoria Falls Bridge, le pont qui relie la Zambie au Zimbabwe, pour admirer les chutes pile au moment du coucher du soleil.
Moins touristique et développée que sa voisine au Zimbabwe, Victoria Falls, la région de Livingstone est devenue un relatif eldorado. Les admirateurs des chutes participent à un tourisme bienvenu de ce côté-là de la frontière. Reste à savoir quand est-ce que l’on nommera les choses telles qu’elles devraient l’être, pour affirmer son histoire. Pourquoi ce site si prestigieux ne s’appellerait pas les chutes Mosi-oa-Tunya ? Pas si difficile à prononcer, non ?