Les voyages en van ont le vent en poupe depuis la crise sanitaire. Ce type de tourisme peut-il être responsable ? Décryptage !
Si les voyages en van connaissent un réel essor depuis la fin du confinement, ce phénomène date des années 1970, avec la culture du rejet de la société de consommation venue des États-Unis. Même s’ils furent un temps passé de mode, les "Combis Volkswagen" ont toujours eu leurs clubs d’aficionados européens… qui perdurent jusqu’à nos jours.
En 2012, le mot-dièse #vanlife ("vie en van") apparaît pour la première fois avec l’Américain Foster Huntington. Ce photographe est à l’origine d’un engouement, développé par l’imaginaire Instagram avec cette idée du nomade digital, bien éloignée de la culture hippie. La vanlife est aussi présente en Australie, l’immense pays ne possédant pas de bons réseaux de transports.
En France, le mot-dièse #vanlife apparaît un peu plus tard. En 2016, Laurent Lingelser et Florian Mosca, réalisateurs de films et auteurs de Guides Michelin sur les voyages en van, alias Les Coflocs, saisissent cette tendance. Florian tient sa passion pour les vans de son père, et il est alors en train d’en retaper un. Il raconte : "Quand j’utilisais #vanlife dans mes publications, elles étaient vues trois fois plus !"
En 2020, la crise du Covid accélère ce mouvement de fond. Les 100 kilomètres de restriction post-confinement, l’envie de nature et de liberté combinée aux contraintes d’hygiène, tous les éléments sont là pour que la mode du van explose.
Se passionner pour des voyages en véhicules personnels questionne immanquablement les citoyens responsables.
Selon les chiffres de l'ADEME, les émissions liées au van pour une personne sont supérieures à un déplacement en avion sur 500 km, environ 400 grammes par kilomètre pour le van contre 300 pour l'avion. Bien sûr, ces chiffres sont une moyenne et varient en fonction du nombre de personnes dans le van et selon le type de véhicule. Si quatre personnes circulent ensemble, chacun polluera trois fois moins qu’en avion. Ces données sont donc à prendre avec prudence.
Les utilisateurs de van feront face à des contradictions, mais pas plus que d’autres personnes. Tant qu’on est mobile, on pollue, même dans une vie avec de simples trajets pour aller au travail. - Florian Moska
Les amateurs de voyage en van expliquent que leur impact ne peut être limité à celui de la pollution motorisée. Le minimalisme est en effet au cœur de cet art de vivre, la promiscuité de l’espace n’offrant littéralement pas la place pour consommer. Laurent précise : "tu apportes peu de choses et en achètes encore moins. Adieu plastique et surconsommation !"
Ce type de voyage implique une responsabilisation vis-à-vis des ressources, notamment en eau. Des utilisateurs de van ont constaté consommer jusqu’à dix fois moins d’eau en van que dans une vie sédentaire.
La plupart des voyages en van s’apparentent au slow-tourisme, avec le contact à la nature comme objectif de découverte. Florian rigole : "En van, tu fais vivre la diagonale du vide". Locavorisme et circuits courts sont privilégiés, les endroits isolés plébiscités…
Un risque est alors d’abîmer les lieux visités et rendre certaines zones surpeuplées, avec l’effet des réseaux sociaux.
Park4night est un site de partage d’adresses de repos en van. L’entreprise a créé une charte de voyageur responsable, pour préserver les environnements traversés.
"Je respecte le cadre naturel du lieu de l’étape, la flore et la faune qui m’entourent, je ne laisse aucune trace de mon passage"… Les termes de la charte sont édifiants et engagent à protéger la nature et ses beautés. Reste à ce qu’elle soit appliquée !
Pour voyager plus durable, il sera préférable de louer plutôt que d’acheter et, lors du choix du véhicule, de faire attention au taux de rejet de CO2. On pensera à limiter son kilométrage, à rouler moins vite et privilégier les nationales et les routes secondaires : prendre son temps pour profiter de la route est clé !
Les Coflocs, auteurs de quatre livres sur la vanlife, regorgent d’astuces et de conseils. Laurent commence : "On peut penser à allier les mobilités douces, notre autre passion. Le van se marie parfaitement avec les paddles, vélos, kayaks, ou encore la randonnée… Il faudra à tout prix utiliser des produits d’hygiène et de maison biodégradables." Il continue la liste :
Vider ses eaux sales uniquement dans des endroits dédiés, ramasser ses déchets ou encore utiliser des panneaux solaires… En van, c’est l’ensemble de ton quotidien qui devient plus durable ! - Florian Moska
La philosophie souvent mise en avant par les amateurs de van est de prendre soin de la beauté du monde et la préserver. Si ces voyages sont pratiqués en concordance avec ces mots, alors oui, voyager en van et voyage responsable peuvent concorder.
En savoir plus :
Découvrir l’extrait du film des Coflocs