Nostalgiques des années 70 ou 80, amateurs de vacances rétros, partez à l’aventure sur les routes de l’ex-Yougoslavie. De Sarajevo à Dubrovnik en passant par la Serbie centrale et son festival de trompettes ou Küstendorf, l’ethno-village de Kusturica, vous découvrirez des paysages totalement contrastés, une histoire sulfureuse qu’on ne raconte pas de la même manière d’un endroit à un autre ainsi que bien d’autres facettes de l’ancienne nation de Tito. Proposition de parcours balkanique.
Commencez tout doucement votre périple ex-yougoslave par la côte adriatique, hors saison si possible ! Bien sûr, passez par Dubrovnik en Croatie. Surnommée “perle de l’Adriatique”, cette cité médiévale perchée sur les rochers et la mer mérite bien son nom. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, chacun de ses recoins est magnifique : petites rues et places jalonnées d’églises, de palais, de monastères et de fontaines…
Toutefois si la destination n’est pas assez authentique pour vous, d’autres perles moins connues se succèdent le long de la côte de la Croatie puis du Monténégro. Les amateurs de nature et de tourisme durable se régaleront à l’Éco-parc de Nin près de Zadar ou encore dans les fabuleuses bouches de Kotor au Monténégro à la découverte de grottes, de fjords et d’îlots-monastères. Si vous avez le temps et si la nostalgie vous titille, faites un saut sur l’archipel croate de Brioni : Tito l’affectionnait tout particulièrement.
Changement drastique, destination Sarajevo via Mostar. Vous passerez par son fameux pont, un des symboles de la guerre entre Croates, Serbes et Bosniaques. En roulant sur la route pittoresque et montagneuse qui monte à Sarajevo, vous aurez du mal à réaliser que ces paysages magnifiques et paisibles furent pendant plus de quatre ans le théâtre de combats violents qui opposaient d’anciens voisins… Pourtant, de temps à autre, une maison abandonnée, brûlée ou criblée d’impacts de balles, ou encore un cimetière récent sur le bord de la route, vous rappelleront que les traces de la guerre ne s’effacent pas. Et puis, la magie de Sarajevo fait irruption au bout de la route.
Capitale de la Bosnie Herzégovine, marquée par la guerre et le siège dont elle a souffert entre 1992 et 1996, Sarajevo porte toujours de nombreuses traces du conflit : vous n’échapperez pas aux cimetières qui surplombent la ville et aux impacts de balles qui marquent toujours les bâtiments du centre-ville. Si vous souhaitez vous immerger dans ces années noires, visitez le tunnel de Sarajevo, véritable artère de survie de la ville durant la guerre. Faites aussi un tour au marché de Markale - le plus important de la capitale - où 68 Bosniaques trouvèrent la mort en 1994. Au bout de quelques jours, vous aurez besoin d’air.
Baladez-vous dans le superbe parc de Vrelo Bosne : Des calèches vous feront remonter au temps de l’Empire austro-hongrois. Pour ceux qui se souviennent des JO de 1984 et qui sont amateurs de stations de sports d’hiver à l’abandon, rendez-vous au tremplin de saut à ski d’Igman, à une vingtaine de km de Sarajevo.
Sarajevo, c’est aussi la ville de naissance du fameux réalisateur serbe Emir Kusturica. En 2001, il se lance dans un projet ambitieux d’ethno-village tout en bois au sud-ouest de la Serbie et à quelques kilomètres de la frontière bosniaque. Il utilise le décor du film La Vie est un Miracle, un vrai village qu’il a reconstitué en achetant à des locaux des bâtisses traditionnelles en bois qu’il a fait rebâtir à l’ancienne. Il crée ainsi un hub culturel "destiné à célébrer la diversité culturelle face à la mondialisation", explique-t-il alors.
Un hub où l’on trouve des chambres d’hôtes confortables et cosy, décorées dans un style tyrolien, un cinéma, un restaurant, des cafés-bars, des courts de tennis, une salle de conférences, etc. Il nomme modestement son village Küstendorf (une contraction de son nom et de Dorf - village en allemand). En 2008, il crée un festival de cinéma, qui a lieu chaque année en janvier et qui a déjà vu défiler des célébrités comme Johnny Depp, Monica Belluci… Chaque ruelle pavée de Küstendorf porte le nom d’un des héros du réalisateur, musicien et professeur : Ilie Nastase, Frederico Fellini, Novak Djokovic, Luciano Visconti, pour n’en citer que quelques-uns.
Endroit original et inspirant, dans une campagne de montagnes intacte et hors des sentiers battus des touristes, Küstendorf est une belle étape sur les routes d’ex-Yougoslavie. Et qui sait : vous en partirez peut-être avec l’idée du film ou du roman de votre vie !
Pour rester dans une ambiance balkanique à la Kusturica, rendez-vous mi-août au festival des trompettes de Guca en Serbie Centrale. Des fanfares de tout le pays viennent s’affronter dans une ambiance de fête foraine d’un autre temps : les manèges années 60 côtoient des attractions du type mur de la mort où des motards tournent en rond en défiant la force centrifuge jusqu’à la dernière minute. Les stands de nourriture locale valent aussi le détour, l’attention et la consommation : attention, les portions sont énormes !
À Guca, on est un peu transporté dans un autre temps : on boit, on mange - beaucoup de saucisses et de grillades -, on danse et on fait la fête au son des meilleures fanfares des Balkans. Par contre, pas de référence à Tito au cœur de la Serbie… Ce sont plutôt quelques effigies nationalistes qui seront à l’honneur. Mais que cela ne vous empêche pas d’apprécier l’ambiance, la qualité de la musique et de vous laisser entraîner dans une atmosphère proche du chef d’œuvre de Kusturica (encore !), Le Temps des Gitans.
Finissez votre périple par Belgrade. Certes, la capitale de la Serbie ne fait pas partie des grandes villes européennes les plus convoitées. Et tant mieux ! Elle n’est pas pour autant moins séduisante que ses illustres voisines. Au cœur du quartier authentique et populaire de Zemun, les bords du Danube regorgent notamment de péniches-bars et de restaurants sympathiques, authentiques et bon marché.
Plus aristocratique et relevant du style austro-hongrois, la grande rue commerçante Knez Mihailova emmène d’un bout à l’autre du centre de la ville et notamment à la forteresse de Kalemgdan, berceau historique de la ville. Belgrade possède également un atout majeur : sa vie nocturne. Entre clubs branchés et bars alternatifs, le choix est dense et l’on peut danser et fêter jusqu’au bout de la nuit. Pour ceux qui auraient peur des distances pour rentrer à l’hôtel, rassurez-vous : on peut marcher d’un bout à l’autre du centre-ville. Avis aux nostalgiques de Tito : une destination s’impose, celle de la Kuca Cveva, le mausolée du Maréchal Tito, dans le quartier de Dedinje, près du stade du Partizan.
Pour en savoir plus
Lisez le récit de voyage de François Maspero, Balkans Transit, accompagné des images émouvantes en noir et blanc du photographe slovène Klavdij Sluban. Publié chez Seuil en 1999.
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