Tourisme durable

Vietnam, un déjeuner chez les Hmong

11 Juin 2022 - Culture / Patrimoine / Récit

Au nord du Vietnam s’étire la région montagneuse de Sapa et sa vallée façonnée à perte de vue par les rizières en terrasses. Il est plaisant d’y randonner et surtout, de saisir l’occasion de rencontrer les ethnies minoritaires du pays qui y sont établies. 

 
La vallée de Muong Hoa au nord du Vietnam ©AuthentikVietnam
La vallée de Muong Hoa au nord du Vietnam ©AuthentikVietnam

 

 
Il ne peut pas toujours faire soleil dans la vallée de Muong Hoa, autrement les rizières en terrasses ne couvriraient pas les pentes des montagnes de leur verte toison. Néanmoins, à une raisonnable altitude qui flirte avec les 1100 mètres, l’air est frais, un vrai bonheur au Vietnam. Par conséquent, cette région située au nord du pays vaut la peine de prendre le pittoresque train qui vous y conduit de nuit depuis la capitale, Hanoï, et vous débarque encore endormis à Lao Cai, une ville frontalière avec la Chine.
 
 

Minorités hautes en couleur

 
C’est de Sapa, une ville qui a dû être jolie avant de succomber aux appétits immobiliers du tourisme, que part l’aventure :  la rencontre avec une famille Hmong dans la vallée. Beaucoup viennent ici randonner plusieurs jours, et des agences de trek proposent leurs guides chevronnés. Au passage, on aperçoit au loin la cordillère Hoang Lien Son avec ses pics à 3000 mètres qui ferment le massif de l’Himalaya dans sa partie orientale. La vallée, elle, étend tout en douceur ses rondeurs sculptées par les terrasses de rizières, entre lesquelles serpente la rivière. 
 
 
Dans les rizières de la vallée de Muong Hoa ©falcone-pascal-photos
Dans les rizières de la vallée de Muong Hoa ©falcone-pascal-photos

 

 
 
C’est dans ces contreforts montagneux que se sont sédentarisées dans les années 1990 une demi-douzaine de minorités :  les Hmong noirs - les plus nombreux -, les Dao rouges, les Zay, les Tay…
Originaires de Chine, ces peuples ont migré vers le Vietnam et le Laos à partir du XVIIIème siècle pour fuir des persécutions et sont longtemps restés semi-nomades. 
 
 
Jour de marché ©falcone-pascal-photos
Jour de marché ©falcone-pascal-photos

 

 
Chaque ethnie a conservé ses traditions, son style vestimentaire, ses habitudes agricoles. Certaines cultivent en altitude, d’autres préfèrent les pentes douces, d’aucuns diversifient les cultures, mais tous piquent le riz dans leurs champs inondés. La balade est aérienne dans ce paysage reposant, baigné de lumière quand les nuages s’écartent pour inviter le soleil. Au village de Lin Ho, il faut éconduire poliment les femmes qui proposent leurs textiles brodés, souvent très beaux. Personne n’insiste, mais les marcheurs sont discrètement suivis…
 
 

Trinquer à l’alcool de riz…

 
À destination, au village de Lao Chai, on pourrait presque s’orienter à l’odeur tant le fumet d’herbes aromatiques, de légumes et de viande taquine les narines à l’approche de la maison des Lo Tohimo. Forcément, le ragoût cuit dehors dans son chaudron au feu de bois. La maîtresse de maison nous accueille dans sa demeure sur pilotis perchée au sommet du village. 
 
 
Mme Lo Tohimo et une voisine ©s.grandadam
Mme Lo Tohimo et une voisine ©s.grandadam

 

 
De larges vantaux de bois ouverts sur la terrasse laissent deviner un intérieur de brique, de bambou et de bois. Le toit de tôle procure une avancée protégeant l’espace extérieur, manifestement le plus utilisé, où la table est dressée. Depuis ces hauteurs, le panorama est un ravissement. Mais l’instant poétique est rompu par les voix joyeuses des enfants qui rentrent de l’école. Ils furètent autour de la table garnie de nems, de galettes de riz que nous avons appris à préparer avec Mme Lo Tohimo, de crudités du potager. Il ne manque plus que le chef de famille pour que l’heure de trinquer à l’alcool de riz soit sonnée. Une dose suffira, mais il serait inconvenant de refuser. 
 
 
Un plantureux repas chez les Hmong noirs ©s.grandadam
Un plantureux repas chez les Hmong noirs ©s.grandadam

 

 

Une bienheureuse maison 

 
Bientôt, la conversation va bon train autour du festin. Notre guide traduit questions et réponses, on saisit ainsi les grandes lignes de la vie quotidienne de ces villageois. L’après-midi s’étire aussi paresseusement que les nuages poussés par un vent faible. C’est à peine si les visiteurs ont la force de renouer les lacets et de prendre congé. Le mieux est encore de louer une chambre pour la nuit dans cette bienheureuse maison. 
 
 
Dans les champs avec bébé ©falcone-pascal-photos
Dans les champs avec bébé ©falcone-pascal-photos