Chaque voyageur peut aider à sauver la très menacée tortue à écailles, appelée aussi tortue imbriquée ou carette. Les résultats de l’étude “Souvenirs menacés”*, menée dans le cadre de la campagne "Too Rare To Wear" - "Trop rares pour être portées" - viennent d’être publiés… Il est plus que jamais temps d’agir : n’achetons plus d’objets fabriqués en écailles de tortues ! Pourquoi ? Comment ? On vous en parle.
Il était une fois mademoiselle tortue carette…
N’est-elle pas jolie avec sa carapace si atypique et colorée ?
Allant du doré au brun orangé, ces sortes d'écailles si spéciales lui permettent de se camoufler et se protéger des prédateurs. Oui mais tristement, cette beauté la ferait aussi courir à sa perte…
Au cours de ces cent dernières années, la population de tortues carettes aurait déclinée de 90%. Début 2017, on estime que seulement 15 000 femelles viendraient encore faire leurs nids sur les plages tropicales et subtropicales du monde entier.
De nombreux efforts pour la conservation de l’espèce et de son habitat sont menés. Ils sont cependant mis à mal par la pression du marché : par exemple, à travers la forte demande d’objets fabriqués à partir de leurs écailles par… les touristes.
Les tortues carettes sont essentielles au maintien de l’équilibre de la biodiversité des récifs coralliens. Elles font partie des espèces se nourrissant d’éponges de mer qui, en surnombre, pourraient très rapidement devenir envahissantes et causer des dommages irrémédiables. Il y a donc urgence !
Pour le bien des tortues, mais aussi pour le futur même du secteur touristique.
L’industrie récréationnelle, centrée sur des activités de loisirs autour des récifs coralliens, dont la plongée par exemple, pèse plus de 10 milliards d’euros annuellement.
Plus de tortues = plus de récifs = plus de tourisme.
C’est le serpent qui se mord la queue !
“Souvenirs Menacés” : une enquête pour sensibiliser
L’étude “Souvenirs Menacés”* fut menée pendant trois mois à travers neuf pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. Cinquante lieux touristiques furent visités au Costa Rica, El Salvador, Honduras, Panama, Belize, Nicaragua, Cuba, Grenada et la Colombie.
35 personnes de 12 organisations environnementalistes ont collecté les données entre décembre 2016 et février 2017. Plus de 10 000 souvenirs fabriqués à partir d’écailles de tortue, pour une valeur totale de plus de 50 000 €, y furent recensés. Et ces chiffres constituent une estimation basse car seuls les produits mis à la vue des passants purent être comptabilisés.
Le Nicaragua aurait le triste record du plus grand nombre de souvenirs en écailles de tortue mis à la vente, avec plus de 7 000 objets recensés, objets proposés dans près de 70% des magasins visités (sur les marchés de Managua et Masaya en particulier). D’autres lieux touristiques où la situation est particulièrement critique sont Carthagène (Colombie), Puntarenas (Costa Rica), San Salvador (El Salvador) et La Havane (Cuba).
“Cette étude va aider à sensibiliser les touristes voyageant à travers les Caraïbes et l’Amérique Latine pour devenir partie de la solution en choisissant de faire des achats responsables.” - Brad Nahill, Président et Co-Fondateur de SEE Turtles et Directeur de la campagne "Too Rare To Wear".
Bien que le commerce de ces biens soit déclaré illégal par la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore Sauvages menacées d’extinction), plusieurs vendeurs expliquent les importer depuis d’autres pays - le Nicaragua et Cuba furent mentionnés. Les touristes qui achètent et rapportent dans leur pays d’origine de tels objets s’exposent à de possibles amendes.
Les résultats de cette étude vont servir de support à la campagne "Too Rare to Wear", lancée récemment au sein de l’industrie touristique. Son objectif est de sensibiliser les touristes visitant ces régions du monde à adopter un comportement d’achat de souvenirs plus conscient et responsable afin de stopper la demande de ces produits. Tous les acteurs du tourisme sont encouragés à jouer leur important rôle éducatif sur le sujet.
“Le voyage inspire les gens. Il donne envie d’apprendre, de mieux comprendre, il laisse des souvenirs à vie… et suscite le désir de prendre plus soin de la nature.” - Dr. Wallace J. Nichols, ex-Président de International Sea Turtle Society.