Tourisme durable

Tourisme spatial : le grand départ ?

27 Mai 2019 - Actualité / Innovation / Transports / Voyagistes

Le 21 juillet prochain, à l’occasion des 50 ans de l’alunissage d’Apollo 11, Richard Bronson, l’emblématique patron du groupe Virgin et de Virgin Galactic, devrait s’envoler à bord du véhicule spatial Spaceship3 et donner ainsi le signal de départ à une nouvelle forme de tourisme. Résumé des épisodes précédents…

 

tourisme_spatial_blue_origi
Décollage d'un vaisseau Blue Origin, l'un des trois acteurs actuels du tourisme spatial

 

 

À l’heure où 76% des Français* se déclarent partants pour voyager dans l’espace, 7 personnes seulement qui ne soient pas astronautes, 6 hommes et une femme, ont eu l’immense privilège d’observer notre petite planète bleue depuis l’espace. Tous milliardaires, ils ont, entre 2001 et 2009, dépensé chacun entre 20 et 35 millions de dollars pour pouvoir embarquer à bord d’une fusée Soyouz et passer quelques jours dans la station spatiale internationale (ISS).

 

L’agence spatiale russe ayant renoncé en 2010 à endosser ce rôle de Tour Opérateur très particulier, plusieurs opérateurs privés ont pris le relais et, depuis, nous promettent la lune. Au sens propre ! Puisque la société SpaceX, d’Elon Musk, patron de Tesla, a d’ores et déjà vendu le premier ticket pour survoler notre satellite à un milliardaire japonais, avec départ prévu aux alentours de 2023...

 

Mais deux autres compagnies sont également sur les rangs : Blue Origin de Jeff Bezos, patron d’Amazon, et Virgin Galactic de Richard Branson. Et toutes deux ont également un carnet de commandes qui se remplit rapidement. Il faut dire, ainsi que l’explique fort bien Jean-Luc Wibaux, cofondateur de l’Observatoire Européen du Tourisme Spatial et représentant officiel de Virgin Galactic en France qu’il existe :

« deux calendriers distincts. Le calendrier marketing, très médiatisé et truffé d’effets d’annonce, qui sert à valoriser les marques et à amener des investisseurs sur ce marché coûtant très cher et ne rapportant rien encore. Et le calendrier « réel », déterminé par les étapes techniques et juridiques franchies : vols réussis, agréments, assurances... Sachant que ce sont les assureurs qui ont le dernier mot mais sont bien incapables de déterminer le montant de la prime en question, puisqu’ils ignorent la part de risque que recouvrent de tels vols ; aucun n’ayant encore été effectué ! D’où l’importance du lancement qui emportera Richard Bronson dans l’espace en juillet prochain et sera le premier effectué par un opérateur privé, emportant à son bord des civils ».

 

À ce jour, en effet, nul être vivant n’a quitté la planète couvert par une assurance ; tous étaient des militaires ou avaient engagé leur propre responsabilité pour pouvoir s’éloigner de Gaïa. Si ce fameux vol est un succès, les assureurs suivront et les premiers départs commerciaux pourraient avoir lieu dès 2020. Si c’est un échec, en revanche, l’aventure spatiale à la portée de tous devra attendre quelques années supplémentaires. Car il ne faut pas oublier que ce fut longtemps en 2015 que les premiers vols commerciaux devaient être initiés. Jusqu’à ce que le véhicule spatial Spaceship2 ne s’écrase dans le désert de Morave en 2014, lors de vols d’essai, tuant son pilote et reculant de plusieurs années l’horizon de la commercialisation.

 

tourisme_spatial_blue_origin
Jean-Luc Wibaux devant une navette Virgin Galactic

 

 

Et lorsque l’on dit à la portée de tous peut-être serait-il utile d’ajouter momentanément ... les gens fortunés, car si l’on ne parle plus de millions dépensés (pour plusieurs jours passés dans l’espace à bord de l’ISS), le prix du ticket reste encore fixé aux alentours de 170.000 €. Pour un vol durant 2 bonnes heures, vous emportant à plus de 100 km de la terre (limite du véritable « vide »), permettant de saisir la planète d’un seul coup d’œil, de connaître les joies rares de l’apesanteur quelques minutes (5 environ) et de vérifier que le ciel est bien noir... même en plein jour ! Mais ce sont précisément ces motifs qui poussent 3 Français sur 4 à se déclarer partants pour l’aventure. En premier chef donc : contempler la planète dans son entier, en second lieu : flotter dans l’espace et enfin : contempler le cosmos « pour de vrai » ; exactement comme les personnages de Gravity et Interstelar.

 

Sachant qu’à l’horizon 2024, la station spatiale internationale sera privatisée, autorisant alors des séjours beaucoup plus longs : jours, semaines, mois même ; plusieurs astronautes totalisant déjà plus d’une année passée à son bord ! Si « la peur » est le critère principal poussant les 24% de Français restant à se déclarer non partants pour l’aventure, elle est, pour Jean-Luc Wibaux aussi normale que passagère.

 

« L’espace est indéniablement un milieu hostile à la vie : froid et non respirable. En éprouver une appréhension instinctive est naturel. Notre sentiment à l’égard de l’océan a longtemps été le même, or c’est par millions que les gens pratiquent la plongée de nos jours. Il faut bien comprendre que les vols Apollo et les premiers clichés de la terre toute entière ont eu un puissant impact sur notre psyché, comparable au choc créé par Galilée.

 

L’inconscient collectif humain a définitivement changé : nous avons tous conscience, désormais d’appartenir à cette petite planète bleue, sans frontières, magnifique, unique et... fragile ! Et de plus en plus de personnes ont envie d’avancer et d’appréhender pour de vrai cette dimension cosmique. D’où le succès considérable des expériences et attractions reproduisant ces sensations : Space Mountain, Chute libre, soufflerie, réalité virtuelle, etc.

 

À terme, c’est indéniable, le tourisme spatial va se développer considérablement. D’autant que derrière cette banalisation des vols hors de l’atmosphère résident des enjeux économiques – et planétaires ! – considérables. En emmenant les gens 30 km plus haut que les avions actuels, responsables de 4% des émissions de CO² et fonctionnant encore de manière archaïque, on entrera dans l’ère de voyages aéronautiques allant beaucoup plus vite, coûtant beaucoup moins cher et polluant beaucoup moins ! »

 

tourisme_spatial_spacex
SpaceX est également engagé dans la course à l'espace… grand public


 

*Etude Voyages Pirates mars 2019

 

-------------------------------------------------------------À lire aussi--------------------------------------------------------------------