C'est un territoire au nord du cercle polaire du Canada qui court jusqu'à l'océan Arctique et qui s'étale entre toundra et vastes étendues de taïga. À Yellowknife, la capitale offre des aurores boréales magiques. Prenant la route vers le nord, on affronte alors le grand vide des Territoires du Nord-Ouest.
Les aurores boréales se concentrent le long d’une ceinture reliant le centre de l’Alaska, le Canada, la pointe sud du Groenland, l’Islande et le nord de la Scandinavie. Yellowknife, positionnée justement sous cet ovale, garantit les meilleures conditions d’observation d’autant que l’absence de montagnes alentour limite la présence de couverture nuageuse. Sur les bords d’un lac, à 17 km de la ville, l’Aurora village est l’endroit idéal pour chasser l’aurore boréale. La nuit s’étire sous les divines draperies entre les plates-formes équipées de sièges chauffants et les 21 tipis traditionnels qui permettent de se réchauffer voire de dévorer une côtelette de bison. Dernière recommandation : ne jamais siffler sous une aurore. Selon les croyances inuits, c’est un coup à ce que l’aurore descende sur terre pour vous couper la tête !
Au nord d’Inuvik, la toundra se hérisse ici et là de curieux reliefs aux faux airs de volcans. Les pingos sont une spécialité de la région. Il y en aurait 1450 au total, la plus forte concentration au monde. Les amateurs de desserts se souviennent sans doute du Mystère, ce petit dôme de glace à la vanille au cœur de meringue. Un pingo, c’est un peu le contraire : c’est une colline de terre au cœur de glace, le résultat de la transformation d’une masse d’eau accumulée au-dessus du pergélisol et qui se dilate petit à petit lors des épisodes successifs de gel et de dégel. Certains prennent ainsi 1 ou 2 cm par an alors qu’ils ont déjà plus de 1000 ans. Ils se forment généralement au-dessus de lacs récemment asséchés et cessent de grandir une fois que toute l’eau est gelée. Juste au sud de Tuktoyaktuk se dresse l’un des plus grands du monde, l’Ibyuk pingo, 50 mètres de haut pour 300 mètres de large.
À la poursuite des aurores boréales en Islande
La Finlande, l'hiver : au pays du Père Noël !
Québec : mon pays, c'est l'hiver
Au Nord, toujours plus au Nord. Aussi aimanté qu’une aiguille de boussole, on file le long de la toute nouvelle route reliant Inuvik aux rivages de la mer de Beaufort.
Fichée dans une congère, une aimable pancarte prévient « You are in bear country » - « Vous êtes au pays des ours ». Toujours bon à savoir. En attendant, la taïga a perdu de sa superbe. Ne restent guère que quelques sapins rabougris tout juste bons à assurer le service au-dessus de la crèche de Noël. Pourtant, certains de ces avortons ont peut-être 200 ans et méritent le plus grand respect. Autour de la latitude 69°, les derniers guerriers abandonnent le combat et laissent place à de vastes solitudes neigeuses qui finissent par se confondre avec le ciel. Un grand vide qui donne le vertige.
Mais chaque civilisation a sa propre conception du vide. Une route achevée en 2017, se dirige vers l’extrémité de la péninsule avant de s’arrêter brusquement devant un désert blanc tout cabossé. Terminus. Un panneau précise « Arctic Ocean », des fois qu’on le confonde avec la mer Égée. Au-delà s’étend un monochrome de banquises tout juste réchauffées par une lumière de veilleuse. Cette fois, on dirait vraiment le Nord.
À lire aussi
Voyages Vert Vous, Épisode 1 : Le Québec et l'Abitibi-Témiscamingue
Yukon, un territoire en or au Canada