Tiers-lieux, aux avant-postes vers le monde de demain

 

Les tiers-lieux, phénomène dans l’air du temps

Le tiers-lieu vient de l’anglais third-place, défini à la fin des années 1980 comme un lieu situé hors des lieux de vie et de travail et où les gens aiment se retrouver. 

Ce sont des lieux du faire ensemble : des leviers d’innovation grâce aux espaces partagés qu’ils offrent, des lieux de rencontres et de partage qui encouragent aux collaborations et aux projets collectifs. - France Tiers-Lieux

La France compte aujourd’hui 3 500 tiers-lieux, avec de nouvelles ouvertures chaque année, dont 34% en milieu rural. Émilie Flambeaux est la fondatrice de La Cafetière, un tiers-lieu basé à Aurignac en Occitanie, pour elle "il y a autant de lieux que de tiers-lieux, c’est dur à définir, c’est un endroit intermédiaire où l’on se sent comme chez soi, avec une finalité sociale."

Les tiers-lieux sont aujourd’hui de véritables espaces de savoirs et partages de connaissance, décloisonnés et décomplexés.

 

Les tiers-lieux en ruralité, créateurs de lien social

Les tiers-lieux ruraux ne font pas face aux mêmes réalités que les tiers-lieux urbains. Si ces derniers ont souvent une démarche marchande, c’est moins le cas en ruralité, car selon Émilie, "les porteurs de projets sont moins armés pour l’aspect économique".

Les années Covid et post-Covid ont aidé à resserrer les maillages sociaux en zone rurale. Depuis, les initiatives citoyennes naissent de partout. La culture n’est par exemple plus la chasse gardée des institutions officielles. Émilie raconte : "on voit des exploitants agricoles créer des journées événementielles, où des artistes sont invités sur place". Que ce soit pour la culture ou le vivre-semble, les cloisons tombent et de nouvelles façons de "faire culture" voient le jour. Les tiers-lieux sont au cœur du phénomène.

De même, mettre de la conscience dans chacune de ses actions prend de plus en plus de place. À commencer par sa manière de consommer, acheter son fromage chez son voisin plutôt qu’en grande surface devient acte politique…

La Cafetière a ouvert ses portes en 2020 à Aurignac, un village de 1200 habitants dans le piémont pyrénéen. Trois années après, Émilie mesure l’impact d’un tel lieu. 

La Cafetière participe à un dynamisme qui fixe les gens dans la région, des résidents se sont installés ici, car ce tiers-lieu existe. - Émilie 

Malgré cela, les atouts d’une telle structure ne sont pas encore complètement reconnus par les collectivités. S’opposent ici deux visions du monde : les tiers-lieux sont dans un temps court, ancré dans le quotidien, là où le temps politique est plus long. Pourtant les tiers-lieux, avec leur ancrage pragmatique sur le terrain, sont de véritables radars de tendances et peuvent aider à penser les nécessaires transitions sociétales en France, comme dans les Pyrénées, avec l’enjeu post-station de ski.

Un atout pour le dynamisme touristique
 

Les tiers-lieux ont la puissance de mobiliser les acteurs d’un territoire pour générer de nouvelles idées et aident à la création de nouvelles offres touristiques. Packages novateurs, valorisation de petits acteurs indépendants, ils sont au cœur des réalités pragmatiques des territoires, aux antipodes des cartes postales lissées. Avec leur maillage local fort, les tiers-lieux participent aussi à une réappropriation du vivant.

Émilie commente : "dans le monde du tourisme aussi, c’est comme si deux mondes coexistaient : le virtuel, avec ses projets de réalité augmentée, et les initiatives citoyennes, ancrées dans la réalité ; en ruralité, cette dualité est très marquée. Quand un éleveur de brebis organise une animation pour les enfants, on est dans la vraie vie".

Et les tiers-lieux sont des portes vers cette vie-là.

Véritables laboratoires du monde de demain, on ne peut que vous inviter à les découvrir !

 

En savoir plus
- France Tiers-Lieux
- La Cafetière à Aurignac