Tourisme durable

Terres des Andes et environnement avec Romain Eliott

13 Novembre 2017 - Culture / Entretien / Initiatives / Portrait

Tout au long de l’année 2017, année internationale du tourisme durable pour le développement, l’Organisation des Nations Unies (ONU), associée à l’Organisation Mondiale du tourisme (OMT), invite à une réflexion profonde avec pour base les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD). En ce sens, les acteurs de l’Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire (ATES) s’engagent activement en faveur de l’environnement et développent de nombreuses actions. Focus sur Romain Eliott, co-fondateur de Terres des Andes, qui nous livre sa vision de la préservation de l’environnement rapporté au tourisme.
 

 

Forêt tropicale équatorienne
Forêt tropicale équatorienne

 

 

TV5MONDE :  Lorsque Terres des Andes (TDA) construit ses voyages, l’impact environnemental du tourisme est-il un facteur pris en compte ?

 

Terres Des Andes : Tout à fait, quand nous montons nos voyages, nous avons plusieurs choses à l’esprit. Déjà, être dans une démarche de respect vis-à-vis de nos hôtes et donc, tous nos séjours sont co-construits. En plus, nous faisons en sorte dès l’origine que notre impact environnemental soit le plus faible possible. Concrètement, en ville par exemple, cela revient à travailler avec des hôtels locaux tenus par des familles du pays hôte. 

En milieu rural, quand on travaille avec les Quechuas, on fait très attention à l’impact de nos voyageurs. On peut ainsi privilégier des énergies renouvelables comme le solaire. Enfin, nos groupes sont limités à 12 personnes maximum et comprennent le plus souvent entre 2 à 8 voyageurs pour éviter tout impact négatif lié à la sur-fréquentation touristique.

Le cœur de nos voyages reste l’échange, la rencontre avec les habitants, les critères environnementaux sont donc très importants pour nous car il n’est pas question de dénaturer le cadre de vie de nos hôtes.


 

 

Un repas avec TDA © DR



 

TV5 : Pouvez-vous citer un projet que vous aidez à financer par vos activités touristiques et qui a un impact positif sur l’environnement ?
 


TDA : Nous finançons la communauté de Santa Lucia qui est située en Equateur, au nord de Quito, dans le “Bosque Nublado”, qui signifie “Forêt nuageuse”. C’est une réserve naturelle en partie gérée par des villageois. Elle compte plus de 400 espèces d’oiseaux différentes, dont une grande partie endémiques à l’image du coq de roche.

La communauté a construit un écolodge qui accueille des voyageurs mais aussi des groupes de scientifiques qui viennent étudier la faune et la flore. L’ensemble contribue à conserver et protéger la forêt tropicale mais aussi à  générer des revenus durables pour les populations locales. En plus, le lieu est sublime, un petit bungalow au contact des oiseaux, et en quelques heures, on se retrouve au fin fond de la forêt primaire.

 

 

Paul et Romain de Terres des Andes © DR

 

 

TV5 : Pouvez-vous nous préciser à quel niveau Terres des Andes intervient dans ce projet ?
 


TDA : Déjà, nous contribuons à son financement, à hauteur de 5% du prix de nos voyages (hors billet d’avion) via un fond de développement. En plus, les habitants accueillent nos voyageurs tout au long de l’année, ce qui génère également des revenus. Enfin, l’ensemble se déroule dans le plus grand respect de l’environnement : l’écolodge fonctionne de façon écologique avec des douches chaudes au gaz, des sanitaires au compost, pas d’électricité, la mise en place d’une agriculture biologique et le recyclage des déchets…

Seule ombre au tableau, le gouvernement équatorien a prévu d’exploiter une mine voisine qui pourrait impacter le lieu et la réserve écologique. Pour l’heure, rien n’est acté, mais la menace est réelle.



 

 

Écolodge à Santa Lucia

 


 

TV5 : À votre avis, quels seraient les points d’amélioration possible pour diminuer l’impact du tourisme sur l’environnement ?
 


TDA : Si je prends l’exemple du Pérou, où certains sites ont été particulièrement affectés par le tourisme à l’image du village d’Aguas Calientes près du Machu Picchu, devenu une ville bondée de touristes, à l’image aussi de Cuzco, déjà saturé par le tourisme (un million de voyageurs par an) et où le gouvernement a d’ores et déjà bétonné toute la vallée de Chinchero dans l’optique de construire un aéroport international…  je dirais qu’il est très important de contrôler les flux.

Ainsi, plutôt que d’envoyer tous les voyageurs aux mêmes endroits, il est important de penser à  diversifier les points de chute. En ce qui nous concerne, lorsque nous allons au lac Titicaca,  nous faisons attention à ne pas envoyer tout le monde dans la même communauté pour réduire l’impact du tourisme sur ces dernières mais aussi pour qu’elles profitent toutes le plus équitablement possible du tourisme. Au niveau national, il faut absolument trouver des alternatives à des sites saturés comme le Machu Picchu qui draine 95% des visiteurs.

 

 

 

Pérou des campagnes © Terre des Andes
Pérou des campagnes © Terre des Andes

 

 


TV5 : En guise de conclusion ?
 


TDA : Partir
avec un acteur engagé du tourisme solidaire est donc l’assurance de voyager au plus près des populations locales mais aussi, l’opportunité de partager avec elles des moments privilégiés ou des actions concrètes visant à améliorer leur quotidien.
 

 

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- Cet article fait partie d’un dossier sur le tourisme équitable et solidaire et l’environnement rédigé par Geneviève Clastres pour l’ATES