Tourisme durable

Tchad : dans la vallée de l'Ennedi au Sahara

04 Mars 2022 - Culture / Nature / Patrimoine

Dans le Sahara tchadien se dresse l’Ennedi, un imposant plateau rocheux ponctué de dunes. Des trésors d’art pariétal y témoignent d’une vie pastorale dans la préhistoire. Avec ses paysages à couper le souffle et sa population semi-nomade, ce désert réserve une grande émotion. 

C’est au nord-est du Tchad, à près de mille kilomètres de la capitale N’Djamena, qu’au cœur du Sahara s’étend le vaste plateau de l’Ennedi, un univers de roche et de sable, immuable dans sa solitude. Sa beauté naturelle autant que son histoire et la biodiversité qui y perdure ont conduit l’Unesco, en 2016, à inscrire le plateau au Patrimoine mondial de l’humanité. Cette distinction permet de promouvoir un tourisme motivé, tant l’Ennedi est isolé du monde, à la limite du Soudan à l’est et aux confins du Tibesti au nord. À trois jours de 4x4 de la capitale tchadienne, un circuit d’une semaine ne sera pas de trop pour découvrir l’une des zones les plus préservées au monde.

 
 
Plateau de l’Ennedi au Tchad : dans les canyons sculptés par le vent, des peintures et des gravures rupestres ©sgrandadam
Le plateau de l’Ennedi au Tchad, dans les canyons sculptés par le vent © sgrandadam


 

Une oeuvre grandiose de la nature 
 
Dans cette région où les falaises de grès culminent à 1450 mètres, le vent sculpte la nature depuis des millions d’années, érigeant d’impressionnantes arches et silhouettes de pierre. Le soir venu, c’est à leur pied que le voyageur installe son bivouac, par exemple à côté de l’arche d’Aloba, l’une des plus hautes du monde. À 120 mètres de hauteur, la voûte d’Aloba dresse son doigt malicieux sur l’immensité saharienne. Au fil du périple, cavernes, arcs majestueux, labyrinthes, failles, cheminées de pierre disputent leur majesté aux sables et aux éboulis qui tapissent le sol. Une sensation d’absolu étreint le visiteur.
 
 
L’arche naturelle d’Aloba, l’une des plus hautes du monde ©D'un point à l'autre voyages
L’arche naturelle d’Aloba, l’une des plus hautes du monde © D'un point à l'autre voyages


 

Le musée rupestre de l’Ennedi

 
Dans les grottes à ciel ouvert se révèlent, dans une demi-obscurité, des silhouettes d’animaux peintes ou gravées sur les parois. Bœufs, chevaux, moutons, chèvres, mais aussi girafes, hippopotames et antilopes ont ici connu, voici 4000 ans, une savane fertile. Elle abritait un peuple d’éleveurs, représenté dans ces fresques à cheval ou la lance à la main.
 
 
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L’art pariétal de l’Ennedi, célèbre pour la délicatesse de ses tracés, a été étudié depuis les années 1930 mais n’a pas révélé tous ses secrets. Où les humains s’en sont-ils allés lorsqu’ils ont dû quitter cette contrée ? De la faune retracée sur ces murs ne demeurent aujourd’hui, dans les sables du Sahara, que les singes et des crocodiles. 
 
 
Peintures rupestres dans les grottes ou sur les parois intérieures des rochers ©sgrandadam
Peintures rupestres dans les grottes ou sur les parois intérieures des rochers © sgrandadam


 

L’eau fraîche des gueltas
 
Les éléments ont creusé dans l’Ennedi des failles ombragées qui protègent une eau salvatrice jaillie de sources souterraines. Ces réserves, appelées des gueltas, évitent d’aller tirer l’eau des puits à 15 mètres de profondeur. La guelta est la bénédiction suprême, réservée au bétail. 

À Bachikele, la nappe serpente le long d’une oasis de palmiers, de flamboyants et de rôniers. Les chameliers introduisent tour à tour leur troupeau dans ce goulet pour faire boire leurs dromadaires. Ce ballet dure tout le jour, tandis que dans les arbres, des babouins accompagnent de leurs cris le cérémonial. 
 
 
Oasis dans l’Ennedi ©sgrandadam
Oasis dans l’Ennedi © sgrandadam


 

Mais c’est à Archeï, aux abords du village, que le spectacle vu du ciel s’impose. Il faut gravir un canyon et se poster au bord d’un précipice. En contrebas, la guelta scintille entre les hauts murs roses de la falaise. Des crocodiles du Nil, épiés par des hérons, se cachent dans les hautes herbes, à distance des troupeaux de dromadaires qui pataugent. Rien d’autre ne vient troubler un instant d’éternité.
 
 
Guelta d’Archeï ©sgrandadam
La guelta d’Archeï © sgrandadam
 


 

Toumaï, le très vieil ancêtre ? 

 
Bien que son statut d’hominidé soit depuis peu controversé par une étude, c’est dans le désert de l’Ennedi qu’en 2001, une équipe de paléontologues tchadiens et français a découvert le fossile d’un crâne humain remontant à 7 millions d’années. Le président tchadien de l’époque, Idriss Déby, baptisa ce fossile Toumaï, qui signifie “espoir de vie“. 
 
 
Le fossile de crâne humain Toumaï, découvert dans l’Ennedi en 2001 ©DR
Le fossile de crâne humain Toumaï, découvert dans l’Ennedi en 2001 © DR


 

Cette découverte a remis en cause la thèse qui fait remonter l’apparition des premiers humains plus à l’est de l’Afrique, dans la vallée du Grand Rift. Toumaï a été présenté comme le doyen bipède de l’Histoire, et le restera peut-être. Mais d’autres témoignages de la vie préhistorique dorment encore sous les sables de l’Ennedi.
 

 

Les falaises de grès de l'Ennedi © sgrandadam
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