Tourisme durable

Taroudant : l’autre Maroc

23 Septembre 2022 - Culture / Patrimoine

Cap au sud, vers la région de l’Anti-Atlas pour rejoindre la cité lumineuse de Taroudant. Depuis Marrakech, une route vertigineuse serpente à travers les montagnes, franchissant le col mythique du Tizi N’Test. De l’autre côté, la vue s’ouvre sur la fertile plaine du Souss et ses paysages de forêts d’arganiers. Bienvenue à Taroudant.

Taroudant © Ninicocotte Flickr CC
Taroudant © Ninicocotte Flickr CC

 

 
Pittoresque, Taroudant l’est tout naturellement. Protégée par de superbes remparts s’étirant sur près de 7 km, elle fut l’ancienne capitale de la dynastie des Saadiens au XVIème siècle, jusqu’à ce que ceux-ci lui préférèrent Marrakech. La ville n’abrite pas de sites touristiques incontournables comme aiment recenser les guides de voyage. On vient pour profiter de l’ambiance à la fois douce et très vivante, due en grande partie à l’hospitalité de ses habitants.
 


 

La petite Marrakech du sud

 
L’authenticité de sa médina et ses souks, plus modestes et moins touristiques qu’à Marrakech, donnent à la ville un charme provincial. Au détour d’une ruelle, nous découvrons une petite coopérative de femmes productrices d’huile d’Argan. "C’est une huile excellente pour la peau, les ongles, les cheveux, le ventre, le cœur… tout !" nous explique Mina, qui prépare un colis prêt à être envoyé en Europe.
 
Dans les rues de Taroudant © Just Booked A Trip - Flickr CC
Dans les rues de Taroudant © Just Booked A Trip - Flickr CC

 

 
Nous grimpons à bord d’une calèche, un koutchi - du français “cocher” -, pour faire le tour des remparts. Mohammed, le conducteur de notre carrosse, évoque le tournage d’Ali Baba et les 40 voleurs qui s’est déroulé au début des années 1950 à Taroudant et dans les environs.
 
Plus loin, il nous montre la vaste esplanade où se tient le marché hebdomadaire réunissant nombreux commerçants, producteurs et éleveurs des villages environnants. On retrouve la terre ferme en sirotant un thé à la menthe sur une terrasse de la place Assarag, avant de quitter la médina et la vie populaire locale en direction de la Maison Anglaise.
 


 

Passion, persévérance, plaisir

 
Initiée par Jane Bayley, originaire du Pays de Galle, la Maison Anglaise est l’aboutissement d’une longue histoire. Chercheuse en géographie sur les questions environnementales, elle fait figure de précurseur au Maroc en matière de tourisme responsable depuis près de trente ans.
 
La Maison Anglaise voit le jour dans la médina en 1996, et connaît un certain succès auprès des voyageurs, notamment pour les activités écotouristiques proposées. Preuve de son engagement, elle reçoit un trophée marocain du tourisme responsable ainsi que la certification internationale “Clé Verte", qui reconnaît les établissements touristiques durables. 
 
Jane Bayley en 2022 © La Maison Anglaise
Jane Bayley en 2022 © La Maison Anglaise

 

 
Jane Bayley convainc les autorités marocaines des bienfaits d’un projet innovant : une structure éco-responsable de A à Z sur un terrain superbement placé à l’extérieur de la médina, devant la majestueuse muraille de la ville. Mais il faudra attendre 2018 pour l’autorisation finale et le début des travaux. “Les bonnes choses valent la peine d'attendre” dit-elle. Pendant deux ans, jusqu’à trente personnes travaillent sur le chantier avec un objectif : maximiser le confort et l’utilisation des ressources locales tout en minimisant l’empreinte carbone.
 
La Maison Anglaise © Sophie Squillace
La Maison Anglaise © Sophie Squillace

 

 
Tout a été pensé de façon écologique notamment l’orientation et la construction des bâtiments en pisé optimisant ainsi l’isolation, afin de se passer de chauffage et de climatisation. Plus de mille arbres ont été plantés sur la propriété où s’épanouit aujourd’hui un jardin de fleurs, d'arbres fruitiers et de plantes aromatiques aux mille parfums.
 
L'équipe en cuisine © Sophie Squillace
L'équipe en cuisine © Sophie Squillace

 

 
Les portes de la Maison Anglaise ont ouvert quelques semaines avant la crise sanitaire, mettant un coup d’arrêt brutal à ce projet touristique prometteur. Aujourd’hui, c’est avec une passion décuplée que la Maison Anglaise accueille les voyageurs de passage.
 
Avant de partir en direction d’Agadir sur la côte Atlantique, nos hôtes nous conseillent de ne pas manquer la visite du Palais de Claudio Bravo, un peintre chilien qui avait fait de Taroudant sa source d’inspiration et sa maison.