Même s’il existe depuis plus de 50 millions d’années, le rhinocéros est menacé d’extinction définitive. Dans le parc national de Mkomazi en Tanzanie, tous les efforts sont faits depuis plusieurs décennies pour sauver l’espèce, dans un sanctuaire unique dans le pays.
Principale menace pour les rhinocéros d’Afrique, le braconnage est devenu une affaire sérieuse depuis que la technologie a évolué. En Afrique du Sud, où vivent la majorité des rhinocéros du monde, près de 500 d’entre eux ont été tués en 2023 par des braconniers utilisant des GPS, des lunettes de vision nocturne, des hélicoptères ou encore des armes silencieuses. Tout cela pour leur corne ! Celle-ci est très recherchée en Asie pour ses soi-disant pouvoirs aphrodisiaques et ses vertus thérapeutiques permettant de guérir à peu près tout. Résultat : la disparition de 96% de la population de rhinocéros d'Afrique en 50 ans.
Des initiatives incroyables ont vu le jour en Afrique du Sud pour protéger les rhinocéros blancs dans différents parcs nationaux. Mais pour les rhinocéros noirs - qui se distinguent par leur taille et la forme de leur gueule -, cela demande plus de temps, même si on estime que leur population mondiale a aujourd’hui atteint près de 5 000 individus à l’état sauvage. Ces nombres sont fragiles et le braconnage est un combat de tous les jours.
En Tanzanie, on compte seulement une centaine de rhinocéros noirs, la plupart d'entre eux dans le grand parc du Serengeti. Pour garantir leur survie, un sanctuaire a également été créé dans le nord-est du pays, dans le parc national de Mkomazi. La réserve a obtenu des résultats considérables avec une vraie baisse du braconnage et d’autres activités illégales dans la région, grâce notamment à l'énergie déployée par Tony Fitzjohn, un Britannique engagé dans la conservation des animaux d'Afrique, décédé en 2022.
Tout au long de sa vie, Tony Fitzjohn n’a cessé de vivre des rencontres rapprochées avec des éléphants, des lions, des léopards, des rhinocéros. Pendant 18 ans, il a travaillé avec George Adamson, gardien de la réserve nationale de Kora au Kenya avant de se voir proposer un emploi en Tanzanie voisine en 1989, pour réhabiliter la réserve nationale de chasse de Mkomazi. Dans les années 1960, plus de 400 rhinocéros noirs parcouraient la savane de Mkomazi. À la fin des années 1980, il n’y en avait plus.
L’engagement de Fitzjohn est un exemple et mérite d’être connu. Persuadé que chacun a un rôle à jouer, il répétait qu’il n'y a pas de prix trop cher à payer pour sauver une espèce. Tout geste, toute action est bienvenu. Dans cette logique, les pays qui comprennent petit à petit que sauver la faune sauvage peut apporter des revenus économiques agissent ! Et les communautés locales reconnectées à la vie animale peuvent en bénéficier.
Devenu père de famille au milieu de la brousse, travaillant avec sa femme, Tony Fitzjohn s’est lancé une mission pour le reste de sa vie : redonner vie à Mkomazi.
Ce qui était presque devenu un désert abrite désormais, sur environ 3 200 km2, plus de 80 espèces de mammifères, 400 espèces d’oiseaux et 2 espèces en voie de disparition : le rhinocéros noir et le lycaon.
Depuis l'arrivée de Tony Fitzjohn à la tête du parc national de Mkomazi en 1989, et qu'un sanctuaire leur a été dédié, entouré de clôtures électriques et surveillé en permanence par des gardes armés, la population de rhinocéros noirs a augmenté, mais leur nombre exact n’est pas communiqué, afin d’éviter l’attention des braconniers.
Aujourd’hui, les voyageurs peuvent partir en safari dans le parc du Serengenti, dans le cratère du Ngorongoro ou encore dans le parc national de Tarangire. Mais entre le Kilimandjaro et l’océan Indien, au pied des Usambara, le parc national de Mkomazi est encore méconnu et offre une expérience unique dans un lieu chargé d’histoire.