Étape incontournable pour qui s’intéresse à l’Histoire et souhaite vivre le Sri Lanka en mode “dolce vita”, Galle éblouit le voyageur. Entre splendeur passée et indolente flânerie, petit tour d’horizon de la cité coloniale la plus charmante de l’île.
De Colombo, le train suit la route côtière vers le Sud en longeant de superbes plages et arrive en gare de Galle en moins de trois heures. À quelques mètres de là, la forteresse s’avance dans l’océan indien. Prononcée « Gôl » en anglais ou « Galé » en cinghalais, on peut aussi l’appeler la miraculée tant son héritage est préservé.
La plus européenne des villes du Sri Lanka
Les Maures ont été les premiers à atterrir sur la péninsule idéalement située sur les anciennes routes commerciales des épices, de la soie et des pierres précieuses. Quand l’explorateur berbère Ibn Batuta y pose le pied en 1344, Galle est le port principal de l’île. Les Portugais investissent la ville au début du XVIème et initient la construction d’un mur d’enceinte pour la défendre. Puis en 1640, les Néerlandais s’emparent de la petite citadelle, l’agrandissent en bâtissant d’imposants remparts et bastions, et l’organisent selon un plan en damier.
Grâce à ses fortifications, elle est épargnée par le tsunami du 26 décembre 2004 tandis que la partie de la ville à l’extérieur des murailles est très fortement touchée. En 1796, les Britanniques débarquent dans toute l’île. Une prospérité nouvelle s’empare de la ville pendant une bonne partie du XIXème siècle avant que les nouveaux colons ne construisent le port de Colombo, sonnant la fin de l’activité portuaire de Galle pour toujours.
Nonchalance tropicale et cachet européen : un drôle de mélange
Premiers pas dans la citadelle par une porte traversant l’immense bâtiment de la capitainerie hollandaise à la façade ocre jaune décrépie, annonçant tout de suite la couleur. Les “tuk-tuk” flambant neufs se garent sur la grande place ombragée par d’immenses banyans. Là, quelques joueurs de cricket côtoient les habitants en file indienne devant le tribunal et les administrations hérités des Hollandais. Plus loin, cafés, restaurants, galeries et boutiques animent les rues étroites de la citadelle où règne comme un parfum de méditerranée, mêlé à celui des frangipaniers. La ville rénove ses bâtiments coloniaux, un héritage riche de multiples influences, classé aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une cité de caractère
Le charme opère et la quiétude attire beaucoup de visiteurs. Dans un pays où les klaxons résonnent dans chaque ville traversée, Galle est un cadeau. On a l’impression de déambuler dans de vieux quartiers brésiliens ou d’arpenter des ruelles portugaises. Depuis quelques années, les bâtisses autrefois laissées à l’abandon accueillent d’importants projets de rénovation, comme en témoigne le Dutch Hospital avec ses boutiques, bars et restaurants. Des hôtels particuliers ont investi de vieilles villas coloniales hollandaises du XVIIème siècle transformant peu à peu la ville en escale de charme voire de luxe. Vérandas ombragées, toits aux tuiles rouges et patios intérieurs.
Quand les portes sont ouvertes, on y entre pour admirer, à défaut d’y dormir, quelques merveilleux établissements. Dans les ruelles pavées, devant le Fort Printers, hôtel installé dans une ancienne imprimerie, une Morris Minor des années soixante vient se greffer sur ce décor au cachet immuable. Un autre édifice d’une grande valeur historique attire l’œil, l’ancienne demeure du gouverneur et des officiers hollandais construite à la fin du XVIIème siècle. Cette somptueuse résidence transformée par la chaîne hôtelière Aman est aujourd’hui un hôtel au charme colonial authentique et intemporel.
Sur les traces des grands voyageurs, on découvre au 22, Hospital Street, une maison modeste patinée par les années. C’est ici que l’écrivain suisse Nicolas Bouvier séjourne en 1955. Son chef d’œuvre Le Poisson-Scorpion témoigne de son expérience difficile, teintée de désespoir et de désenchantement. Les curieux peuvent demander au propriétaire de leur montrer la minuscule chambre qui lui servit de retraite pendant plusieurs mois.
Rencontre et brassage de plusieurs cultures
Une balade à pied de quelques heures suffit à saisir la diversité culturelle de Galle. La mixité religieuse donne encore plus de charme à la citadelle. Que ce soit devant une mosquée installée dans une ancienne église portugaise, un temple bouddhiste blanc étincelant ou une église baroque, les différentes communautés religieuses semblent vivre en harmonie. Au coucher du soleil, depuis l’emblématique phare, une promenade sur les remparts dans le sens des aiguilles d’une montre mène jusqu’au bastion principal. Rencontre avec les cerfs-volants, les moines bouddhistes, les couples en rendez-vous romantique ou les collégiens aux uniformes tirés à quatre épingles. Les badauds observent le plongeur du Flag Rock, qui, au-delà de récolter quelques roupies pour son exploit, titille notre goût du risque et donne envie de plonger à notre tour dans le grand bleu !
Conseils de lecture avant ou après un voyage au Sri Lanka :
BOUVIER Nicolas, Le poisson-scorpion
GILBERT Philippe, Les larmes de Ceylan
GOREAU-PONCEAUD Anthony et DELON Madavan, Dictionnaire insolite de Sri Lanka
KNOX Robert, Relation de l’île de Ceylan
MEYER Éric, Ceylan – Sri Lanka
NERUDA Pablo, La solitude lumineuse
ONTDAATJE Michael, Le fantôme d’Anil
ONTDAATJE Michael, Un air de famille
PETIT André, L’île dont on rêve
--------------------------------------------------------------- À lire aussi ----------------------------------------------------------------