Tourisme durable

Sir Edmund Hillary, un alpiniste humaniste, fidèle ami des Sherpas

15 Mai 2017 - Culture / Portrait
Accroché à l’Himalaya, le Népal est ce petit pays magique, impénétrable, dont on tombe amoureux à coup sûr. Au pays de Bouddha, la sagesse et le courage accompagnent depuis toujours les exploits des grands alpinistes en quête d’absolu. Le 29 mai 1953, Tenzing Norgay et Edmund Hillary sont les premiers hommes à conquérir l’Everest, le plus haut sommet du monde (8848 m). Retour sur le parcours de Sir Edmund Hillary, un aventurier pas comme les autres.
 
Edmund Hillary et Tenzing Norgay
Edmund Hillary et Tenzing Norgay

 

 
 
Dans le contexte international de l’époque et après le succès des alpinistes français à l’assaut d’un premier 8000 - l’Anapurna en 1950 - les autres nations se dépêchent de conquérir d’autres sommets, dont l’intouchable Everest. Pour les Britanniques, en 1953, c’est la neuvième expédition sur le toit du monde. Celle-ci doit réussir entre les mains du colonel John Hunt. C’est un moment crucial pour la Couronne Britannique, l’occasion de montrer sa puissance au monde entier.
 

De la Nouvelle-Zélande à l’Himalaya

 

Sir Edmund Hillary se moquait bien de la reconnaissance et préférait qu’on le surnomme Ed plutôt que Sir. Loin du personnage de héros, ce colosse déterminé est peut-être l’exemple ultime de l’humilité.
 
 
Né en 1919 à Auckland en Nouvelle-Zélande, Hillary découvre la marche vers ses 16 ans lors d’un voyage dans le parc national de Tongariro. Son premier sommet, il le grimpe à 20 ans dans l’île du Sud, le Mont Ollivier. Après des études scientifiques à l’université d’Auckland, il devient, comme son père et son frère, apiculteur, ce qui lui laisse le temps de s’adonner aux sports de montagne pendant les périodes hivernales.
 
 
En 1948, il atteint le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande, le Mont Cook (3724 m). Cet exploit lui donne la légitimité et l’opportunité de rejoindre en 1951 une première expédition britannique à l’assaut de l’Everest. Devant cette première tentative infructueuse, l’alpiniste ne se décourage pas. Il repart deux ans plus tard pour une nouvelle expédition, cette fois-ci, la bonne.
 
 
Everest au Népal © G Adventures

 

 

Sur le toit du monde

 

Le 10 mars 1953, l’équipe composée de 14 grimpeurs, 22 Sherpas et 362 porteurs quittent Katmandou avec plus de 10 tonnes de matériel. Tenzing Norjay fait partie de l’aventure. Ce Sherpa de 39 ans a déjà participé à des expéditions anglaises et suisses. Il a cette force, cette motivation et cette humilité que l’on retrouve chez les Sherpas et qui fera le succès de son duo avec Hillary.
 
 
Edmund Hillary et Tenzing Norgay
Edmund Hillary et Tenzing Norgay

 

La voie choisie est celle de la combe Ouest et du col Sud en passant par la face Sud du Lhotse. Le camp de base de l’Everest est atteint le 13 avril. Ensuite, ce ne sont pas moins de 8 camps intermédiaires qui sont installés (contre 4 aujourd’hui) pour atteindre le sommet. Les plus endurants sont Tenzing et Hillary que Hunt choisit d’envoyer au sommet.
 
 
La dernière nuit se déroule dans leur tente à 8500 m d’altitude. Ils gardent le peu d’oxygène avec eux pour la montée finale et la longue redescente. Dernière difficulté avant d’atteindre le sommet : un ressaut vertical d’environ 12 mètres, difficile à surmonter, entre glace et rocher. Ce passage sera surnommé « Hillary Steps ».
 
 
Sommet de l'Everest au Népal
Sommet de l'Everest au Népal © Adventure Consultants

 

 
Le 29 mai 1953 à 11h30, Tenzing Norgay et Edmund Hillary arrivent au sommet. Ils y restent 15 minutes seulement. Hillary prend une photo de Tenzing dépliant les drapeaux de l’Inde, du Népal et de l’Angleterre. Hillary n’a pas de cliché de lui au sommet, et les « selfies » n’avaient pas encore envahi les pratiques photographiques de l’époque.
 
 
« Je sors mon appareil photographique de mon anorak, puis je l’ouvre maladroitement avec mes grosses mains gantées. Je l’arme. Je mets un filtre ultraviolet et je descends un peu l’arête pour avoir le sommet dans le champ de mon viseur. Tenzing attend patiemment ; sur ma demande, il déploie les drapeaux enroulés autour de son piolet, et, debout sur le sommet, il les agite au-dessus de sa tête. Il est dramatique ainsi, revêtu de son volumineux équipement, ses drapeaux claquant furieusement dans le vent. Si elle est techniquement réussie, j’ai le sentiment que l’image sera excellente. Je ne prends pas le temps de demander à Tenzing de me photographier. Pour autant que je sache, il n’a jamais fait de photo et le sommet de l’Everest n’est pas l’emplacement rêvé pour une première leçon »
 
 
 
Edmund Hillary et Tenzing Norgay
Edmund Hillary et Tenzing Norgay

 

 
 
Hillary, le bâtisseur
 
 
« L’Everest c’était bien, mais ce n’était pas le plus important. » Plus passionné par la population népalaise et ses richesses que par les décorations et les félicitations, Hillary profite de sa notoriété pour créer en 1962 sa fondation, Himalayan Trust, qui aide à la construction d’une trentaine d’écoles, d’hôpitaux et de cliniques dans les villages de la région de l’Everest. Il tente de désenclaver la région grâce à la construction de nombreuses voies de communication dont l’aéroport de Lukla qui achemine la majorité des trekkeurs aujourd’hui.
 
 
La victoire d’Hillary amorce une révolution dans la vie des Sherpas. Les Sherpas désignent avant tout une ethnie montagnarde venue du Tibet au XVIe siècle s’établir au pied de l’Everest, dans la région du Solo Khumbu. Aujourd’hui, on confond souvent Sherpas et porteurs. Tous les porteurs n’appartiennent pas à l’ethnie Sherpa. Et les Sherpas de l’Himalaya sont bien plus que des porteurs. Ce sont des guides d’exception, de grands alpinistes sans qui aucune expédition ne serait possible. Tout au long de sa vie, Hillary s’engage à améliorer leur formation technique et leurs conditions de travail.
 
 
Les Sherpas, héros de l'Himalaya
Les Sherpas, héros de l'Himalaya © National Geographic

 

 
Il est fait citoyen d’honneur au Népal en 2003 pour le 50e anniversaire de son exploit. Pour les Sherpas, Hillary c’est le « Burra Sahib », l’homme grand (1m90), celui qui partage, loin des affres égocentriques de la gloire et de l’exploit personnel.
 

Une vie d’aventure

 

Parallèlement à son amour pour le Népal et à ses voyages incessants entre la Nouvelle-Zélande et Katmandou, il poursuit d’autres aventures hors du commun. En 1958, il entame un raid au pôle Sud, en Antarctique puis il y retourne en 1967 pour effectuer la première ascension du Mont Herschel. En 1977, il fait partie d’une folle expédition « From the Ocean to the Sky » et remonte le Gange en jetboat de son delta jusqu’à sa source dans l’Himalaya.
 
 
En 1985, il s’envole avec Neil Armstrong sur un biplan jusqu’au pôle Nord. Il devient le seul homme à avoir fait la conquête des pôles Sud et Nord, ainsi que le troisième pôle : l’Everest !
 
Sir Edmund Hillary décède en 2008 en Nouvelle-Zélande laissant derrière lui un nom qui évoque le respect et l’admiration chez tous les Népalais et les passionnés d’alpinisme.