En Corse orientale, de Ghisonaccia à Ghisoni et bien d’autres communes, un collectif fortement engagé en faveur de l’écotourisme invente depuis quelques années des séjours riches de découvertes et d’émotions, entre mer, montagne et campagne.
Le sous-bois a déjà ses odeurs du soir, subtil mélange d’humidité et d’aiguilles sèches. L’équipe du camping Perla di Mare, à Ghisonaccia, embarque les nouveaux venus pour une “Balade apéro“ dans la forêt qui entoure le site, à deux pas de la plage. Pour Nathalie Biancardini, la responsable de l’hébergement, c’est une bonne entrée en matière pour souligner la qualité de l’environnement de cette terre corse et éveiller la curiosité des vacanciers.
Autour du verre de l’amitié, après la promenade, elle évoquera peut-être le long parcours qui a conduit son établissement à obtenir l’Écolabel européen, réévalué tous les deux ans. Gestion des déchets, produits de nettoyage, matériel électrique peu énergivore : les attendus sont stricts, mais Perla di Mare persiste et signe.
Voici 30 ans, au début de notre activité, nous pratiquions déjà l’écotourisme sans le savoir, par conviction - Nathalie Biancardini.
Perla di Mare est partie prenante d’un collectif qui réunit 70 établissements ou travailleurs indépendants impliqués dans une démarche d’écotourisme en Corse orientale. Tout commence en 2017 lorsque deux communautés de communes, réunies autour de l’office de tourisme intercommunal du Fium'Orbu Castellu, obtiennent un fonds européen pour développer un “maillage de tourisme vertueux“, explique Audrey Baylac, en charge de l’office de tourisme. Les participants, qui tous répondent à un strict cahier des charges sur l’énergie, les produits utilisés, la gestion des déchets, sont des hébergeurs, des restaurateurs, des fermiers, des artisans potiers, une thérapeute recourant aux huiles essentielles fabriquées localement, une cultivatrice d’immortelles, un astronome, et bien sûr des guides de randonnée.
Certains se lancent dans des écolodges réalisés en matériaux entièrement naturels et locaux, comme A Casetta di U Banditu, une cabane en bois au bord d’un ruisseau situé dans les terres, à l’ouest d’Aléria, construite par un couple de fromagers. À la ferme de Mille Fiori, la propriétaire Pascale Chérubin, labellisée en agriculture biologique, propose un gîte de pierre et de bois dans son coin de campagne pas très éloigné de la mer, et invite ses hôtes à découvrir son exploitation.
“Ces initiatives sont nées d’une volonté politique des élus locaux, poursuit Audrey Baylac, tous animés d’une sensibilité à leur territoire, à des valeurs, et conscients qu’il faut protéger le patrimoine naturel“. C’est grâce à cette dynamique collective qui a perduré au-delà du fonds européen que les initiatives se poursuivent, incitant les vacanciers à “sortir de l’image des vacances plage-parasol“ et à rencontrer les habitants.
La nuit venue, c’est un autre voyage qui commence : l’astronome Alexandre accompagne les rêveurs dans l’épopée des étoiles et des constellations, sous une voûte céleste dénuée de pollution lumineuse.
Grâce à ce fonctionnement en réseau des intervenants, qui se réunissent régulièrement, l’offre proposée aux visiteurs s’enrichit en permanence, toujours dans le respect des conditions d’accueil écologiques. Séjour dans une ferme équestre, randonnée en montagne, visite d’arbres remarquables de la région, comme l’Arburacellu, un chêne-liège de 200 ans, et son voisin millénaire le pistachier, canoé-kayak en rivière, ateliers d’artisanat : les treize communes du collectif fourmillent d’idées. Sans rien céder sur le principe de montrer combien la Corse est belle de ses mille façons de voyager autrement.
Pour en savoir plus :
Le site web pour vivre l'expérience d'écotourisme : ecotourisme-corseorientale.corsica