Tourisme durable

Second Souffle : ces voyages qui sauvent…

31 Janvier 2018 - Initiatives / Portrait

Se reconstruire loin de tout, c’est l’idée que l’association Second Souffle a mise en œuvre pour permettre à des jeunes en difficulté de s’en sortir. Dans les Pyrénées et au Maroc, ces « séjours de rupture » sont l’occasion pour les jeunes de retrouver une estime d’eux-mêmes essentielle tout en participant à des chantiers solidaires aux côtés des habitants. Jusqu’à se sentir suffisamment forts pour accueillir à leur tour d’autres voyageurs…

 

La vue depuis le camp d'Anaruz
La vue depuis le camp d'Anaruz


 

C’est au début des années 2000, à Cahors, en voyant les jeunes tourner en rond dans leur foyer, qu’une animatrice a l’idée d’organiser un séjour en montagne pour les sortir de là et faciliter le travail des éducateurs. Ainsi naît l’association Second Souffle. Car, très rapidement, au vu des effets positifs de ces premiers séjours montés dans les Pyrénées en collaboration avec les guides de haute montagne de Luchon, le département de l’Essonne se montre très intéressé par ces pratiques. Mais la météo parfois compliquée des Pyrénées pousse Second Souffle à regarder plus loin encore, vers le Maroc où elle trouve, au pied du mont Toubkal, près de Tilouguit, dans le Haut-Atlas, un coin idéal pour s’établir.

 

Loin de tout

 
« Le principe de ces séjours est de casser le cercle vicieux dans lequel sont enfermés ces adolescents, explique François Laurens, ancien guide de montagne devenu responsable de l’association. Pour cela, ils doivent se forger de nouveaux repères depuis un lieu où ils n’en ont pas, tout en retrouvant de la confiance envers les adultes. Déscolarisés, les participants ont tous de vrais problèmes familiaux, ont perdu tout repère et sont entrés pour certains dans le cycle de la délinquance ou des addictions… »
 

 
Tous ensemble!
Tous ensemble!


 

Accueilli au sein d'un groupe de dix pour une durée de 9 mois dans le camp d’Anaruz, chaque participant est suivi par son propre éducateur et sa vie s’ordonne autour d’horaires et de tâches à accomplir. Dans la ferme éducative (poulailler, potager, ruches…), mais aussi dans les villages alentour, au contact des villageois, au gré de nombreux chantiers solidaires : réfection d’une école, d’une source, d’un abreuvoir… Sans négliger une bonne randonnée par mois, dont une de 7 jours jusqu’au sommet du mont Toubkal.
 
Et puis, cette année, Anaruz a créé son village de tentes pour accueillir les voyageurs de passage (touristes, jeunes d’autres centres, etc.), une nouvelle manière encore de responsabiliser les résidents.

 

Fiers d’eux-mêmes


 
Après 9 mois de ce régime - 1 coup de fil par mois, 5 cigarettes par jour, etc. - ces jeunes ayant manqué d’amour et ayant été baladés de droite et de gauche jusqu’à perdre tout repère et confiance envers les adultes se trouvent ré-ancrés dans le réel et ont revalorisé l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes. Et même si le retour peut parfois s’avérer stressant et un peu difficile, car le regard des autres, lui, n’a pas changé, plus de 8 jeunes sur 10 retirent de ce séjour des bénéfices considérables et… durables !
 
« Si vous pouviez ne serait-ce qu’observer la transformation physique qui s’opère au fil du premier mois, confie François Laurens, le changement de posture, d’attitude. C’est hallucinant. Aucune magie, pas de psychologie profonde, juste un travail éducatif de base. Qui suffit à les éclairer de l’intérieur ! ».

 
 
Prêts à accueillir les visiteurs
Prêts à accueillir les visiteurs

 

 
Parfaitement intégré à l’économie locale, avec une vingtaine de locaux impliqués dans l’aventure, le camp d’Anaruz est également un lieu de transmission destiné à permettre la multiplication de ce type de structures. Un lieu ouvert à accueillir toutes sortes de projets solidaires également. La vallée où il est établi, boisée et somptueuse, dispose d’un grand lac, cadre de multiples activités : randonnées, kayak, rafting… 
 
Un très beau projet en somme, toujours en mouvement et qui ne cesse de prendre de l’importance. L'essentiel, restant le secours qu’il apporte aux jeunes !
 
 
 
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