Tourisme durable

São Luís, la perle du Nord

22 Décembre 2022 - Art / Culture / Histoire / Patrimoine

Tout au nord du Brésil, la capitale du Maranhão, São Luís, est parfois boudée par les touristes en route vers les célèbres dunes des Lençois. São Luís est pourtant une pépite d’architecture coloniale rénovée, et une cité vibrante qui aime la fête. 

 

Façades rénovées du coeur historique de São Luís ©SGrandadam
Façades rénovées du coeur historique de São Luís ©SGrandadam

 

 

Au café Majestade de São Luís, dans la vieille ville, on se croirait en Europe. Musique classique, clim, huîtres et gâteaux viennois, l’ambiance est classe. Voilà une entrée en matière acceptable pour déambuler dans cette ville au riche patrimoine historique classé par l’Unesco depuis 1997. 


 

Le cinéma art déco Eden ©SGrandadam
Le cinéma art déco Eden ©SGrandadam

 

 

Mais attention, le cœur battant de São Luís n’est pas dans les endroits select qui regorgent dans la ville moderne et ses gratte-ciels, là-bas, sur un autre bras d’océan. Il est dans les parages de la Praça (la place) du centre historique, le soir, quand la fraîcheur feint de descendre sur vous avec un degré d’humidité qui avoisine les 80%. 

 

Une terre convoitée en lisière de l’Amazonie
 

Tout au nord du Brésil, au bout de la région du Nordeste, São Luís de Maranhão, partie prenante d’une grande île du même nom, a tout pour titiller l’imagination. Son éloignement, d’abord, sur le bord extrême de ce pays immense qu’est le Brésil, en lisière d’un océan Atlantique qui prend ici une teinte limoneuse. 
 
Précisément, sa parenté avec l’Amazonie toute proche se lit dans la couleur de la mer chahutée par les estuaires d’eaux douces chargées de sédiments. Elle se lit aussi sur les traits des habitants, parfois directement issus de cette voisine Amazonie, et plus souvent métissés, produits d’un brassage entre Amérindiens, Noirs et Blancs.
 
 
 
Un parapluie bien trop grand… ©SGrandadam
Un parapluie bien trop grand… ©SGrandadam


 

Avant que les Européens ne débarquent, l’île était le domaine des Indiens Tupinambás. Et c’est là encore un motif de curiosité pour le voyageur français. En 1612, le seigneur Daniel de la Touche, seigneur de la Ravardière, débarque sur cette île du nord du “Nouveau monde“. Il y fait édifier des fortifications baptisées Fort Saint Louis en hommage à son roi, Louis XIII. La ville est donc fondée par les Français, bien vite repoussés par les Portugais. Toutefois, ces lieux étaient déjà bien connus des pirates européens qui commerçaient avec les Indiens Tupinambás.

 

Nostalgie architecturale des colons portugais
 

Au fil des siècles, l’occupation portugaise a donné à São Luís le plus grand ensemble d’architecture coloniale du Brésil : il compte quelque 3500 édifices. Grâce au programme Reviver (Revivre) lancé en 1987 par l’État du Maranhão et soutenu ensuite par le gouvernement Lula (président de 2003 à 2011), et au classement par l’Unesco en 1997, la réhabilitation de la ville historique fait merveille. 
 
 
 
Azulejos de São Luís ©bahia.ws
Azulejos de São Luís ©bahia.ws

 


 

Du XVIIIème au XXème siècles, la noblesse et l’élite portugaises ont projeté sur São Luís leur nostalgie de la mère patrie. Dans les quartiers du centre, à Praia Grande et au Desterro, on admire dans les rues pavées les belles constructions à deux étages parées d’azulejos, ces carrés de faïence ornementale réputés exceptionnels à São Luís, les balcons de fer forgé, les façades de couleur, les palais coloniaux et la cathédrale, les placettes à fontaine ou encore les arcades colorées de l’ancien quartier portuaire où logent des boutiques d’artisanat. 
 
 
 
Dans un café ©SGrandadam
Dans un café ©SGrandadam
 
 
 
On mesure le chemin parcouru depuis la réhabilitation du patrimoine historique en découvrant, aux côtés de bâtiments rénovés, les façades décrépites et rongées par la végétation de ceux qui attendent leur tour. 
 
Cet effort considérable a relancé le tourisme et le commerce. Une fois n’est pas coutume, les résidents, souvent modestes, ont été relogés dans les bâtiments rénovés. 

 

Mixité et esprit festif
 

Résultat, le cœur historique de São Luís reste vibrant de fêtes et de mixité sociale. Le soir venu, près du port, les venelles font le plein de musique, de bière ou de cachaça, de rires et d’accolades. Les marchands ambulants prospèrent, les garçons de café s’affairent. Des rastas taquinent la guitare, rappelant au visiteur les gros lecteurs de CD des riverains qui diffusent des airs de reggae dans les rues étroites du Desterro
 
 
 
Soir de reggae à São Luís @turismosaoluis
Soir de reggae à São Luís ©turismosaoluis

 

 

Depuis les années 1970, São Luís est éprise de musique reggae, au point qu’un festival s’y déroule tous les deux ans et qu’une danse reggae en couple y est née. Comme si toutes les couleurs de peau et leurs histoires respectives, souvent douloureuses, s’entremêlaient pour se soutenir et s’oublier dans la nuit. Une fraîcheur hypothétique s’infiltre.