Tourisme durable

Randonnée chamelière au Sénégal

11 Mars 2022 - Culture / Nature / Récit

Au départ, il y a un rêve, celui de parcourir à dos de camélidé une étendue désertique au rythme lent de ces pas de géant pour mieux apprécier le paysage. Au final, c’est au nord du Sénégal que les dromadaires nous attendent pour une randonnée à la rencontre des Peuls qui habitent cette région semi-désertique. Séquence immersion au milieu des villages isolés entre l’océan et les cultures maraîchères.

 
La petite caravane de dromadaires au milieu des épineux ©O.Caillaud
La petite caravane de dromadaires au milieu des épineux © O.Caillaud
 
 
Les méharées, ces groupes de chameaux ou de dromadaires qui marchent lentement à la file indienne durant des heures dans des pays désertiques, ont toujours fasciné l’Occidental. Depuis Lawrence d'Arabie, qui n’a pas songé un jour enfourcher cette haute monture et parcourir des contrées exotiques tel un homme du désert avec son foulard noué autour de la tête ?
 
C’est justement avec un chèche, ce long ruban de tissu que nous accueille Adama Ka à Gandiol, au nord du pays. A ses côtés, Badara et Tierno, les deux chameliers accompagnés de leurs beaux dromadaires - communément appelés chameaux d’Arabie - qui, avec leur unique bosse, se distinguent des chameaux de Bactriane qui en possèdent deux.
 
 
Au petit matin, les chameliers arrivent avec les montures © O.Caillaud
Au petit matin, les chameliers arrivent avec les montures © O.Caillaud 

 


Une fois acquis le coup de rein pour monter sur la selle, l’aventure peut commencer à travers cette étendue où les épineux font le régal de ces herbivores. A chaque arrêt, ils allongent leur long cou et mâchent, sans douleur, le feuillage pointu tandis que le chamelier lui, doit bien faire attention à ne pas se piquer. L’animal est docile et facile à manœuvrer. Tout est fluide, la marche, le paysage, les saluts amicaux des quelques habitants très étonnés de voir passer devant leurs cases cet équipage atypique. 
 
Il faut savoir que les randonnées chamelières sont plus fréquentes dans les pays du Sahel comme la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie ou encore l’Egypte, mais c’est une première pour le Sénégal ! D’où les yeux ronds des maraîchers et autres bergers croisés le long du parcours. 
 
Ici le quotidien se résume à travailler la terre pour tenter d’y faire pousser des tomates, des choux et principalement des oignons qui sont la marque de fabrique de cette région appelée la zone des Niayes. Quel travail pour réussir à verdir cette région aride et quelle beauté au final ! Même si le rythme est lent, nulle lassitude tant le voyage est aussi une invitation à la contemplation. Le slow tourisme qui est tant à la mode prend ici toute sa signification. 
 
 
Devant un joli champ d’oignons tout vert © O.Caillaud
Devant un joli champ d’oignons tout vert © O.Caillaud

 

 
Les journées sont entrecoupées d’une pause déjeuner à l’ombre des tamariniers, mais aussi de visites comme celle de cette école du village de Ndégou qui permet d’appréhender la difficulté d’enseigner en brousse, sans électricité ni transport scolaire. Idem dans les petites fermes maraîchères où l’homme doit retrousser les manches pour creuser des puits profonds.
 
 
La vie est rude et très simple ici, mais comme toujours les sourires rencontrés sont sincères et généreux. D’où l’envie de participer à leur quotidien via des actions solidaires. Le tourisme durable a toute sa légitimité et si les écoliers de Ndégou ont aujourd’hui une salle de classe en béton avec des bancs et des tables, c’est grâce à la bonne volonté des villageois et de quelques touristes engagés.
 
Donner et ne pas juste consommer, tel est le credo de cette randonnée qui se termine sur la belle plage de Galdoumel, après une traversée du désert de Lompoul et ses belles dunes de sable.
 
 
Cours de sport dans une école de village © O.Caillaud
Cours de sport dans une école de village © O.Caillaud


 

Les dromadaires se plaisent à laisser leurs belles empreintes dans ce sable mouillé où les crabes et les mouettes guettent la moindre nourriture. Les éléments sont là, l’écume blanche des vagues de l’océan Atlantique, la légère brise marine qui embrasse l’harmattan, ce vent plus chaud, le soleil couchant et la lune qui donnent une atmosphère féérique à cette expérience animale et humaine.
 
 
Sur la plage de Galdoumel © O.Caillaud
Sur la plage de Galdoumel © O.Caillaud 

 

 
Pas facile de redescendre sur terre, au sens propre comme au figuré. En effet, une fois bien assis dans la selle en cuir, votre regard culmine bien à trois mètres de hauteur. Il faut bien s’accrocher pour retrouver le plancher des zébus. Et la démarche chaloupée de ce vaisseau du désert est telle qu’il est facile de s’assoupir pour s’envoler au-dessus des dunes. Mais le temps est venu de quitter ce pays connu pour son hospitalité, la fameuse Téranga qui caractérise tous ces moments passés dans cette région isolée de Gandiol où les Peuls et les Maures cachent à peine leurs sourires derrière leurs voiles. 
 
 
Badara préparant le thé quotidien devant son dromadaire © O.Caillaud
Badara préparant le thé quotidien devant son dromadaire © O.Caillaud