
Animal emblématique de la savane africaine, le lion pourrait disparaître en 2050. Au Zimbabwe, l'Antelope Park s'engage dans un programme de conservation du grand fauve où le tourisme a son rôle à jouer.
L’Antelope Park, à 225 km au sud-ouest de la capitale Harare, porte un drôle de nom vu qu’il a bâti sa notoriété sur son engagement en faveur des lions. Le propriétaire est Andrew Connely, un fermier blanc, un homme à poigne en dépit d’un bras gauche abandonné par étourderie dans la gueule d’un lion.
« C’est arrivé par ma faute. Je n’aurais pas dû glisser mon bras dans l’enclos. Depuis cet accident, j’aime encore plus les lions », raconte-t-il calmement.
Cela fait 25 ans qu’il s’occupe d’eux, exactement depuis le jour où on lui a rapporté des lionceaux abandonnés. Et de rajouter : « Je suis sur Terre pour les aider. » Tant mieux, car ils ont besoin d’un sérieux coup de main. D’après l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) leur nombre avoisinerait les 20 000 quand on en comptait dix fois plus au milieu du XIXème siècle. Entre 1993 et 2014, leur population a chuté de 43 % en raison de la dégradation de l’habitat, de la disparition progressive des proies et des conflits avec les humains.
Une solution prônée depuis quelques années par M. Connely à travers l’association ALERT consiste à relâcher dans la nature des lions élevés en semi-liberté mais nés en milieu sauvage au terme d’un programme en trois étapes. Bien qu’il ait fini par convaincre des scientifiques reconnus du bien-fondé de sa démarche, beaucoup sur place ne ménagent pas leurs attaques et lui prédisent un échec.
Pas de quoi décourager le bonhomme :
« Quand nous procéderons aux premiers lâchers, nous ferons taire toutes les critiques. La nouveauté, c’est que nous remettrons en liberté des clans et non des individus comme cela a pu se pratiquer ailleurs. »
Gary Jones, chapeau vissé sur la tête, fines moustaches, sourire flegmatique, est le directeur général d’Antelope Park qui finance en partie ALERT en organisant notamment des promenades en compagnie de jeunes lions habitués aux hommes. Ils sont deux à sortir avec à leurs basques une troupe de curieux à qui on a auparavant inculqué quelques règles de sécurité. Ne pas oublier qu’un fauve reste un fauve même si ceux-là affichent un naturel débonnaire. On les aimerait d’ailleurs plus féroces. La vue d’impalas leur fait à peine lever la tête. Pour les attraper, il faudrait courir et visiblement ce n’est pas l’heure. Les bêtes se prêtent tout de même à une séance de caresses en présence de leur cornac. Allongées, elles se laissent gratter l’échine alors que le soleil en déclinant empourpre le ciel. Photo !
Gary en est convaincu :
« Le tourisme a un rôle à jouer dans la conservation des espèces. Les lions qui se promènent avec vous permettront à d’autres d’être relâchés dans des lieux où ils ont disparu. On rétablira de cette façon l’équilibre des écosystèmes. Bien sûr, tout programme de ce type doit s’appuyer sur les communautés et leur profiter pour avoir une chance de réussir. »
Visa : Passeport valide 6 mois après la date de retour + visa. Pour les Français, le visa s'obtient facilement à l'aéroport. Il coûte 30 USD contre 70 euros au Consulat à Paris.
Plus d'infos (en anglais) : http://www.zimbabwetourism.net/, http://www.lionalert.org/