Dans le sud de l’Espagne, la nature a repris ses droits sur un site jadis ravagé par l’homme. Découverte !
L’œuvre d’un homme
Quand on admire ses reliefs et écosystèmes variés, entre forêts, steppes, montagnes et rivières, il est difficile d’imaginer qu’à la fin du XIXème siècle, le parc régional de Sierra Espuña se trouvait dans un état déplorable. Situé dans le sud-est de l’Espagne, dans la région de Murcie, ce qui fut jadis un massif forestier naturel s’était transformé en désert du fait de l’exploitation intensive des forêts, des champs mais aussi des mines.
En 1889, l'ingénieur sylvestre Ricardo Codorníu entreprend de reboiser la chaîne de montagnes. Plantations d’arbres, constructions de sentiers, de digues et de ponts : la tâche est immense pour celui qu’on surnomme aujourd’hui "l’apôtre de l'arbre"… mais le succès est là : la nature reverdit au fil des ans et les méfaits des hommes sont réparés. En 1931, la zone est déclarée site naturel d'intérêt national et en 1992, elle est protégée en tant que parc régional.
C’est aujourd’hui le premier espace naturel protégé de la région de Murcie, accrédité par la Fédération EUROPARC, qui représente les espaces protégés d'Europe soutenus par la Charte européenne du tourisme durable. Cristina López Romero coordonne cette charte. Pour elle, "le paysage tel que nous l’apprécions aujourd'hui est le résultat d'années de travail et illustre l'interaction entre l'effort humain et les ressources de la montagne."
La nature à l’honneur
En moins de 150 années, la nature a repris ses droits : le parc de Sierra Espuña compte aujourd’hui 15 millions d'arbres. Pins d’Alep, chênes, érables, genévriers, frênes, ormes ou chèvrefeuilles… pas moins de mille espèces végétales sont recensées sur une superficie de 17 000 hectares. Côté faune, 185 espèces peuplent le site comme l’endémique écureuil d’Espuña, mais aussi des rapaces, tels le hibou grand-duc, le faucon pèlerin ou l’aigle royal. On compte 500 variétés de papillons, 123 d’oiseaux, 17 de reptiles, 19 de chauves-souris…
Dans ce cadre unique, les activités possibles sont nombreuses : randonnée et observation des oiseaux sont reines, mais le VTT, la spéléologie, le parapente ou l’escalade sont également accessibles. Les ravins de Leyva et leur immense mur de deux kilomètres attirent des grimpeurs chevronnés.
Le soutien des communautés locales
Le développement du parc régional se fait en étroite collaboration avec les communautés locales. Cristina explique : "à l'intérieur du parc, de nombreuses installations subsistent de l’exploitation du XXème siècle : hameaux, fermes, même un hôpital abandonné ou des installations militaires… L'agriculture et l’élevage de bétail sont aujourd’hui les activités principales pour la population locale. Notre objectif est de contribuer à promouvoir la consommation de produits et services locaux."
Le label Territorio Sierra Espuña soutient les acteurs locaux, agriculteurs, restaurateurs, hôteliers ou artisans des villages. Le village de Totana est par exemple réputé pour ses poteries, dont le savoir-faire se transmet depuis deux millénaires. Le tourisme permet de valoriser ce savoir-faire unique.
Nous travaillons au quotidien avec la population locale qui participe à la prise de décision concernant les projets impactant l'espace naturel et les villages environnants.
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Cristina López Romero
Le parc régional de Sierra Espuña fait preuve d’une intelligence collective rare dont tant de territoires abîmés par l’homme devraient s’inspirer…