Tourisme durable

Pakistan : dans la vie des bergers de Shimshal

22 Juillet 2024 - Culture / Nature / Portrait / Préservation / Voyagistes

Que diriez-vous de suivre des bergers dans leur transhumance saisonnière tout en réalisant un trek au cœur de paysages superbes du Pakistan ? Rencontre avec Igor Klimenko, guide spécialiste des régions himalayennes qui accompagne un groupe au mois d’octobre au cœur du Karakoram pour un voyage extraordinaire. 

 

Berger de la haute vallée de Hunza © Shutterstock 

 

À première vue, le Pakistan n’est pas une destination très populaire auprès des voyageurs. Sauf pour quelques alpinistes chevronnés, prêts à grimper au sommet du K2, deuxième plus haut sommet du monde culminant à 8611 mètres d’altitude. Mais le pays se prête à un autre genre de voyage, mêlant immersion culturelle et trekking. Direction la région du Gilgit-Baltistan à l’extrême nord du Pakistan pour une aventure qui surprend, étonne et émerveille ! 

 

Un pastoralisme singulier qui perdure
 

Le village et la vallée reculée de Shimshal sont blottis entre d'imposantes montagnes au cœur du massif du Karakoram. C’est ici que les bergers locaux pratiquent le kutch : la transhumance saisonnière. Chaque printemps, ils conduisent leurs troupeaux vers les hauteurs pour profiter d’excellents pâturages avant de redescendre à l'automne vers leur village. Cette pratique ancestrale est encore bien vivante. Dans cette tradition unique, les femmes sont à l'honneur !  

 

Shimshal en été © Wikimedia Commons

 

En été, il existe une répartition des tâches entre les hommes qui demeurent à Shimshal pour entretenir les champs et les canaux d'irrigation tandis que les femmes et les enfants montent vers les alpages, surveillent les troupeaux et fabriquent les produits laitiers. À l’alpage de Shuijerab, à plus de 4000 mètres d’altitude, elles gèrent plus d'un millier de bétail : moutons, chèvres, et yaks. Depuis leur petite cahutte de pierre, leurs journées sont rythmées par la traite et la fabrication de beurre, yaourts et fromages. Puis, à l’automne, les troupeaux reprennent le chemin du retour, juste avant les premières neiges.  
 

Le Pakistan avec Terre d’Av

 

Dans cette région, les habitants, souvent de peau claire et aux yeux verts ou bleus, sont des ismaéliens. Il s'agit d’une des branches les plus progressistes © Shutterstock  

 

C’est dans ce décor de bout du monde qu’Igor Klimenko emmène quelques randonneurs désireux de partager ces moments importants de la vie des bergers. Après un court trek au pied de l'imposant Rakaposhi – 7788 mètres, les voyageurs séjournent dans l'incontournable et historique pays de Hunza, connu pour ses belles vallées et ses forts. Le groupe fait connaissance avec l’équipe de porteurs, tous habitant la vallée, avant de partir avec eux sur les hauts pâturages d’estive pour rencontrer les doyennes qui gardent les troupeaux tout l’été. Ensemble, ils vont ensuite rejoindre un petit hameau où les bergers vont séparer l’immense troupeau pour retrouver leurs bêtes et les marquer avant de redescendre.  

 

Vallée de la Hunza © Clara Flickr CC

 

"Cette transhumance mythique a lieu depuis des temps immémoriaux dans cette vallée. Les accompagner pendant la redescente des bêtes vers les villages de la vallée de Shimshal est une expérience hors du commun, en empruntant des sentiers vertigineux en balcon au milieu des très beaux paysages du massif du Karakoram “ précise Igor.  

Depuis plus de vingt-cinq ans, Igor participe à la création de voyages d’exception pour l’agence Terre d’Aventure. Grand amoureux du Zanskar et de l’Himalaya indien, une passion qu’il partage avec sa femme, Marianne Chaud, réalisatrice de documentaires, Igor défend des voyages sur le thème du pastoralisme, du nomadisme et des pèlerinages religieux.  

 

Igor Klimenko © IK

 

Le trek pur et dur ne l’intéresse pas. Au-delà d’une aventure géographique et physique, il souhaite partager une immersion humaine qui donne tout le sens au voyage. Ce genre de voyage-évènement permet également selon lui de se protéger d’une forme d’industrialisation du tourisme. " Les voyageurs s’adaptent à la transhumance et non l’inverse. Ce voyage au Pakistan est un regard posé sur l’ailleurs et l’autre dans un des plus beaux pays du monde " conclut-il !