Tourisme durable

Ouganda : dans la forêt de Bwindi, le gorille a bonne mine !

27 Février 2025 - Biodiversité / Nature / Préservation

Avec la République Démocratique du Congo et le Rwanda, l’Ouganda est l’un des derniers pays au monde abritant des gorilles de montagne. Près de la moitié de la population totale de cette espèce menacée a trouvé refuge dans le parc national de la forêt impénétrable de Bwindi. Le lieu idéal pour rencontrer nos “grands cousins” lors d’une rando inoubliable !


Famille de gorilles de Bwindi © Wikimedia Commons

 

Cap vers le sud-ouest de l’Ouganda et la forêt impénétrable de Bwindi. Rien qu’en évoquant son nom, on frissonne. En dialecte local, "bwindi” signifie impénétrable. Profonde, humide, dense, elle dégage une ambiance mystérieuse renforcée par les longues nappes de brouillard qui l’enserrent souvent. Cette forêt primaire de 331 km² se tient le long de la frontière avec  la RDC à proximité du parc national des Virunga. Au total, on recense 459 gorilles de montagne à Bwindi.


Une longue lutte

Le nombre de gorilles de montagne est aujourd’hui en augmentation dans cette région de l’Afrique des Grands Lacs pourtant en proie à de nombreuses menaces : déforestation et pression démographique, conflits et affrontements, intérêts miniers, braconnage. On recense actuellement un peu plus de 1000 gorilles de montagne à l’état sauvage, répartis entre les trois pays, RDC, Rwanda et Ouganda.

Ces chiffres encourageants sont le résultat de la longue lutte contre le braconnage, initiée par la primatologue Dian Fossey sur les pentes des volcans au Rwanda. Mais aussi des efforts de coopération transnationale pour la protection de la biodiversité et d’une politique de tourisme responsable impliquant les communautés locales.
 

Parc national de la forêt impénétrable de Bwindi © Wikimedia Commons

 

A la manière de Jane Goodall avec les chimpanzés de Tanzanie, aujourd’hui, l’Ougandaise Gladys Kalema-Zikusoka, la toute première vétérinaire de la faune sauvage de l'Uganda Wildlife Authority, se bat pour préserver les derniers grands singes de son pays avec comme priorité la protection de leur environnement et l’amélioration des conditions de vie de la population aux abords de la forêt. 
 
Tourisme responsable et protection animale
 
A Bwindi, tout est mis en œuvre pour protéger les gorilles et ainsi attirer une poignée de visiteurs privilégiés et leurs devises. Si le prix du permis est élevé, 700 dollars, le projet et l’expérience sont remarquables - et deux fois moins chers que chez les voisins rwandais. Le voyageur vient en Ouganda réaliser un rêve d’enfant. Un grand rêve : passer une heure dans la forêt en compagnie des derniers grands singes de la planète. Loin des effets néfastes d’un tourisme de masse, il participe à un projet touristique vertueux pour lui, la forêt, les gorilles et les habitants autour de Bwindi.
 
 
Gladys Kalema-Zikusoka © ECSP Flickr CC

 

Rendez-vous à l’aube au QG de Buhoma, le secteur situé au nord du parc, le plus connu et le plus facile d’accès. Des groupes sont formés, de maximum 8 personnes, pour partir en trekking à la recherche d'une des familles présentes dans la forêt. Les instructions sont nombreuses et les règles très strictes pour éviter l’interaction entre l’homme et l’animal et la transmission de maladies. La rencontre en présence des gorilles ne dure qu’une heure par jour. La distance minimum d’au moins sept mètres est essentielle, le port du masque également. Le risque de propagation des maladies humaines est réel avec une espèce avec laquelle nous partageons 98% de nos gènes.
 

Accueil au QG du parc © Scott Edmunds Flickr CC


Une rencontre de taille 


La rencontre se mérite. Certains groupes ont droit à un véritable trek de deux-trois heures dans la forêt tropicale, où personne n’oserait s’aventurer sans guide. Quelques coups de machette au milieu des fougères et des grands arbres, le ranger ouvre le chemin au milieu de la jungle dense. Les talkies walkies grésillent. Les traqueurs signalent aux rangers que les gorilles sont proches. Moment émotions et grands frissons : ils sont là. Ces grosses bêtes tranquilles et pourtant intimidantes font leur vie, grimpent aux arbres, se chamaillent et se détendent en mâchouillant des feuilles. 
 
Gorille de Bwindi © Rod Waddington Flickr CC


Ces grands singes nous ressemblent tant. Dans leurs gestes, leurs mimiques et leurs façons de communiquer, tout fait écho à notre propre espèce. On a l’impression, le temps d’une rencontre, de faire partie d’une famille du parc de Bwindi. En janvier 2025, quand on apprend la naissance d’un bébé gorille, comme toute l’équipe du parc, on se réjouit. Dans le secteur de Rushaga, la famille Mucunguzi s’agrandit, et le silver back, le chef au dos argenté, veille désormais sur un clan de 16 individus.