
Au Japon, pays de sources chaudes, les bains sont à la fois un instant de délassement, un lieu de rencontres sociales, mais aussi une pratique curative. L’archipel regorge de sources chaudes d’origine volcanique où l’on se rend autant pour une cure de santé que pour le plaisir de se détendre.
Découverte d’un art de vivre qui comprend aussi une dimension esthétique certaine, le bonheur du bain s’alliant parfois pour les plus chanceux à des cadres de baignades au cœur de paradis naturels ou de jardins cachés.
L’insoutenable légèreté du bain
Au Japon, le bain n’a pas pour unique fonction de faire sa toilette. Il permet aussi de se délasser, d’éliminer la fatigue et le stress. Il sert aussi de courroie sociale, on vient au bain public (sento) retrouver ses collègues, ses amis, ses voisins, et s’informer agréablement des derniers sujets du moment.
Devenu source de plaisir au point de siroter parfois une bière ou un saké frais dans une eau brûlante, il était à l’origine un élément du shintoïsme qui requiert la purification corporelle du corps. Aujourd’hui toutefois, c’est l’élément plaisir qui prévaut, associé parfois à la cure de santé, lorsque l’on choisit spécifiquement son onsen pour des eaux qui, en fonction de la source, ont différentes compositions minérales.
Parfois public, le bain (rotenburo) peut aussi être privé, enserré au sein d’un ryokan, agrémenté d’un bassin en bois ou en pierre, véritable enchantement pour le corps et pour l’œil, qui est souvent invité à contempler un paysage ou un cadre enchanteur tout en profitant des eaux.
Enfin, ces dernières années, de super sento ont ouvert dans les grandes villes, des établissements offrant les plaisirs de l’eau chaude tout en proposant des bassins thématiques avec jacuzzis, toboggans, saunas, salle de gym, massages…
Le rituel du onsen
Que l’on soit dans un onsen (sources chaudes) ou dans les sento (bains publics), le rituel est le même. Chacun son espace ; hommes d’un côté, femmes de l’autre. Si autrefois tous les bains étaient mixtes, depuis l’ère Meiji, le puritanisme anglo-américain a bouleversé les usages. À présent, il est très rare de voir des bassins communs, à moins de réserver un espace privé pour se retrouver entre proches. Il faut dire que l’on se baigne nu, même si pour des raisons de bonne éducation, il est de coutume de se déplacer hors des bassins avec une petite serviette sur le sexe.
Première étape, une fois dans les vestiaires, on dépose son yukata (kimono de coton). Puis, muni d’une petite serviette, on se lave soigneusement sur un petit tabouret dans l’espace aménagé à cet effet. On laisse ensuite savon et shampoing dans son casier et on peut pénétrer progressivement dans les eaux plus ou moins brûlantes des bassins, en s’aspergeant peu à peu pour ne pas être surprise par la température élevée. Claires ou sulfureuses, salines ou ferrugineuses, ces eaux dépassent souvent les 40°C et peuvent atteindre les 50°C.
Le Japon compte officiellement 3 157 stations thermales et 28 154 sources, recensées il y a plus de dix ans. Chaque année, elles attirent plus de 150 millions de baigneurs, Japonais ainsi que des voyageurs de plus en plus nombreux à aller au Japon. Disséminées dans toutes les villes et régions de l’archipel, ces sources volcaniques jaillissent des entrailles de la terre. Cependant, pour obtenir l’appellation onsen, la température de l’eau doit être supérieure à 25°C à sa source ou contenir un des 19 minéraux définis par les autorités publiques. Parmi les hauts lieux de baignade du Japon, Shuzenji, sur la péninsule d’Izu, est particulièrement connue pour ses sources.
Quelques rares élus pourront s’y essayer dans les grands ryokans de renom à l’image du Yagyu-no-Sho, fondé par une famille de samouraïs, où l’onsen est au cœur d’un jardin auréolé de roses. L’Arai Ryokan vaut également le détour pour ses bains classés du 7ème siècle que l’on peut visiter à la demande. Plus insolite, à Jigokudani, dans les Alpes japonaises, on peut apercevoir des primates barboter dans des sources chaudes à ciel ouvert.
Enfin, au pied du mont Fuji, le Kawaguchiko Onsen offre le délice du bain, allié à une vue imprenable sur le Fuji, de quoi se rincer l’œil et le corps de beauté !
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