
Avez-vous le goût de vivre le grand rêve blanc, celui du Grand Nord ? Connaissez-vous le Nunavik, contrée la plus septentrionale du Québec ? Petit tour d’horizon de ce territoire de glace où le cœur de la culture Inuit bat en rythme avec la nature.
Bienvenue au pays de l’ours blanc, des caribous, des phoques et des baleines, où de magnifiques aurores boréales transforment le ciel. Loin du monde moderne, ici il n’y a pas de routes, simplement l’immensité des paysages de toundra arctique. Aujourd’hui, 14 villages Inuit se succèdent le long des côtes de la baie d’Ungava, du détroit et de la baie d’Hudson. Quelques Innus et Naskapis sont aussi présents. Mais où sommes-nous exactement ?
Le Nunavik se situe à l’extrême nord de la province du Québec, c’est en quelque sorte le “Grand Nord Québécois”, peuplé à 90% d’Inuits, eux aussi Québécois. Cette région arctique, située au-dessus du 55ème parallèle, est aussi grande que l’Espagne. Elle est bordée d’ouest en est par la baie et le détroit d’Hudson, la baie d’Ungava et la pointe septentrionale de la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Montagnes, fleuves, lacs, toundra et taïga, ours, chiens de traîneau, kayaks et hydravions, l’imagerie du Grand Nord est bien ancrée dans nos esprits. Mais il y a aussi les hommes et les femmes du Nunavik, appartenant aux peuples autochtones des 11 nations du Québec. Quelque 10 000 Inuits vivent dans les 14 villages éparpillés le long des côtes. Contraints par le gouvernement canadien à la sédentarité entre les années 1940 et 1960, ils se regroupent aujourd’hui dans quatre grandes communautés ou villages à Kuujjuaq, Puvirnituq, Inukjuak et Salluit.
Face à la diminution inquiétante du nombre de caribous, la chasse sportive a récemment été interdite, entraînant une baisse de la fréquentation touristique au Nunavik. La région se tourne vers un développement touristique durable, entre tourisme d’aventure et rencontres avec les peuples autochtones.
Eté comme hiver, le Nunavik en met plein les yeux avec ses grands espaces sauvages, et offre de nombreuses activités de plein air dans ses quatre parcs nationaux. L’hiver, c’est le paradis des amateurs de ski de rando, de balade en raquettes ou en motoneige sur les rivières gelées. L’été, on y pratique la marche ou le kayak de mer au beau milieu des phoques et des bélugas. Et par-dessus tout, on vient au Nunavik pour rencontrer une culture unique, celle du peuple Inuit.
Voilà quelques noms difficiles à prononcer mais à retenir si vous faites un tour au Nunavik : les villages d’Umiujaq, Kangiqsujuaq et Kangiqsualujjuaq. Ce sont les portes d’entrée accessibles en avion des trois principaux parcs nationaux du Nunavik. Fondés sur l’initiative de la communauté Inuit, les parcs protègent une grande partie du territoire et sont devenus un important moteur économique régional. Ces structures, grâce aux guides Inuits, permettent aux visiteurs de vivre une expérience culturelle immersive et surtout de préserver des traditions et savoir-faire en voie d’extinction.
Le Parc National de Tursujuq est le plus grand parc national du Québec. On y trouve les chutes Nastapoka, l’immense lac Tasiujaq ainsi que le lac Wiyâshâkimî, bordés par d’impressionnantes falaises. À l’extrême nord, le Parc National des Pingualuit offre des paysages lunaires de canyons et rivières, dont le célèbre “Œil du Québec”, cratère créé par l’impact d’une météorite il y a 1,4 million d’années.
Près du village de Kangiqsualujjuaq, le Parc National de Kuururjuaq s’étend de la baie d’Ungava jusqu’à la frontière du Labrador. Un trek dans les monts Torngat et l’ascension du mont d’Iberville, plus haut sommet du Québec (1 646 m), sont possibles été comme hiver, en fonction des aléas climatiques.
Pour venir jusqu’ici, il faudra d’abord casser votre tirelire, tant la destination est exclusive et lointaine. Le Nunavik, hostile et sauvage à bien des égards, impose qu’on l’explore encadrés. Soit avec un tour-opérateur, comme Aventure Inuit, basé à Montréal, proposant par exemple des voyages d’observation de la faune sauvage : caribous, ours et bœufs musqués. Soit directement par l’intermédiaire des Parcs Nunavik, qui proposent des séjours de 8 à 10 jours : hébergements, repas et activités compris.
Les guides locaux s’occupent de tous, vous n’avez qu’à ouvrir grand vos yeux. Pour autant, vous ne voyagez pas au Nunavik en tant que “touriste-spectateur”, vous allez rapidement devenir utile, en donnant un coup de main que ce soit pour monter la tente, construire un igloo ou apprendre à pêcher pour ensuite préparer le dîner.
Située sur la passe migratoire du troupeau de caribous de la Rivière George, non loin de Kangiqsualujjuaq, la corporation du Mushuau-nipi propose des séjours axés sur le partage culturel avec la communauté Innu. Chacun vient pour échanger sur sa culture et comprendre les relations entre autochtones et non-autochtones, ainsi que les réalités des peuples du Nunavik. Une partie du montant de chaque voyage finance directement des programmes d’éducation pour la jeunesse locale.
Quelques Innus, âgés de 15 à 25 ans, se voient offrir des séjours aux campements d’été. Comme ils le font avec les visiteurs, les aînés leur transmettent le socle de leur identité : pratiques traditionnelles innues relatives à la vie de campement, préparation de la nourriture, randonnées, visites archéologiques… Ces “Initiatives Jeunesses” sont également l’occasion d’aborder des thèmes comme le lien au territoire ou le développement durable.
L’initiative de cette corporation montre bien quel genre de tourisme se développe au Nunavik. Aux joies du sport, des activités de plein air et de l’immersion en pleine nature s’ajoutent les moments de rencontre et de partage, indispensables pour se réchauffer à de telles latitudes.
• Le site officiel de l’Association touristique du Nunavik
• L’association Tourisme Autochtone Québec, chargée de la promotion du tourisme dans les communautés aborigènes du Québec