Tourisme durable

Namasté Népal

10 Mai 2019 - Culture / Patrimoine

Quatre ans après le tremblement de terre du 25 avril 2015 qui a fait 9000 morts le Népal est toujours meurtri mais se reconstruit peu à peu. Un voyage aujourd'hui est l'occasion de rencontrer des habitants aux sourires lumineux qui ne baissent pas les bras.

 

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Les fidèles tournent autour du stupa avec ferveur ©Virginie Suères

 

 

À Katmandou, le stupa de Bodnath, l’un des plus grands du monde, est le premier monument à avoir été remis sur pied après le tremblement de terre. Ce jour-là, dans ce quartier tibétain, la ferveur est à son comble. Par centaines, les fidèles défilent autour de l’édifice sous les yeux immenses du Bouddha que l’on a peints au-dessus de la coupole, à la base du belvédère. Dans un état de dévotion intense, ils font tourner des moulins à prières, tout en ânonnant des mantras. Dans les ruelles voisines résonnent des tambours. Qui en joue ?

 

 

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Pendant le festival de danse Cham, les moines danseurs appellent les dieux pour qu'ils s'incarnent en eux ©Virginie Suères

 

 

Notre curiosité nous conduit jusqu’au monastère de Shechen où l’on découvre, assis sur une estrade, des moines coiffés de grands bonnets jaunes en train de moduler des sons gutturaux… au rythme sur leurs tambours. Sur la piste, des danseurs portant masques et vêtements colorés exécutent une chorégraphie acrobatique bien mystérieuse. Mais qui apparaît soudain derrière un rideau ? Matthieu Ricard, le très médiatique moine bouddhiste, avec son appareil photo autour du cou. Il ne pouvait pas mieux tomber pour fournir quelques explications :

 

« Ce festival de danse Cham tombe le dixième jour du quatrième mois dans le calendrier tibétain. Pendant trois jours, les moines danseurs appellent les dieux et les déesses pour qu’ils s’incarnent en eux. Les différents tableaux retracent l’histoire du bouddhisme au Tibet. »

 

Matthieu Ricard a vécu dans ce monastère, mais aujourd’hui il aspire à plus de calme et vit une partie de l’année dans un monastère isolé dans la montagne.

 

 
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Matthieu Ricard rencontré par hasard au monastère de Shechen à Katmandou ©Virginie Suères

 

 


Une vie de nonne

 

Comme lui, nous ne serions pas contre un peu de calme. À une dizaine de kilomètres au nord de Katmandou s’élève le parc national de Shivapuri. Bercées par le gazouillis des oiseaux, nous atteignons le monastère de femmes flambant neuf de Napi Gomba après une heure de marche. En contrebas, une nonne s’active à faire du béton et supervise des travaux de construction.

 

« À cause du tremblement de terre, beaucoup d’enfants ont perdu leurs parents. Nous devons aujourd’hui en accueillir davantage, c’est pourquoi nous bâtissons un nouveau dortoir. »

 

Celui-ci est réservé aux filles. Beaucoup de familles bouddhistes au Népal envoient au moins un fils au monastère local, où ils sont nourris, vêtus et éduqués. C’est autant de moins à dépenser. Mais pour les filles, il s’agit souvent d’un lieu de refuge. Dans sa cellule douillette avec vue imprenable sur la vallée de Katmandou, Tapké Samgmu nous invite à prendre un thé.

 

« À 17 ans, j’ai fui mon village au pied du Manaslu, car on voulait me marier de force. J’ai atterri ici. J’étais analphabète, j’ai appris à lire et à écrire », confie-t-elle.

 

 

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Tapké Samgmu a choisi la vie de nonne pour échapper à un mariage forcé ©Virginie Suères

 

 

Sa boule à zéro signifie qu’elle a renoncé définitivement au mariage. Chaque mois depuis trente ans, elle rase ses cheveux, lesquels faisant preuve d’une abnégation admirable, s’évertuent à pousser. Sa vie faite de travaux, d’éducation des enfants et de prières au temple ou chez les malades alentour, lui convient à merveille.

 

« J’ai ici de bien meilleures conditions de vie que les Népalaises restées au village. Ici pas de violence, on vit ensemble dans l’harmonie et le respect selon les préceptes de Bouddha. »

 

 

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Dans les cuisines du monastère de femmes de Napi Gomba sur les hauteurs de Katmandou ©Virginie Suères

 

 

 

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