Tourisme durable

Mongolie : le bonheur est dans les steppes

29 Mars 2017 - Culture
Il existe peu de pays où l’on ressent aussi intensément l’espace et où les rencontres sont si attachantes. La Mongolie n’est pas une destination comme les autres, elle s’aborde avec humilité et rend plus généreux. 
 
Rencontre dans la Zavkhan

 

 

Voir Oulan-Bator et partir

 

Avec une population qui vient de dépasser les 3 millions d’habitants, et une superficie égale à 2,5 fois la France, on imagine un pays loin des préoccupations d’asphyxie urbaine. Seul bémol : environ 50% de la population vit dans la capitale, Oulan-Bator. UB (prononcée youbee) étouffe et grignote sur la steppe en installant ses quartiers de yourtes où vivent environ 700 000 personnes. Cet exode rural massif, principalement dû au passage brutal à l’économie de marché et au changement climatique, exprime la difficulté des éleveurs à maintenir leur mode de vie dans la steppe.
 
 
Dans les rues d'Oulan-Bator

 

 
En 2017, l’aéroport s’agrandit, le pays souhaite accueillir plus que ses 400 000 visiteurs annuels. Les voyageurs ne s’attardent pas à Oulan Bator, sauf peut-être pour faire un tour au musée d’histoire et assister à l’excellent spectacle de danses et musiques traditionnelles au théâtre national. Ces deux visites donnent un bon aperçu de la culture mongole avant de fouler la steppe. En quittant la ville, on assiste au contraste démesuré entre l’excès du développement urbain et la sobriété de la nature.
 
 
Paysage de Mongolie

 

 

L’esprit des steppes

 

Loin de la ville, la Mongolie est sauvage, authentique et surprend par la diversité de ses paysages : rivières, forêts, volcans, lacs, cascades, steppes, taïga, désert, dunes de sable, sources d’eau chaude, montagnes, glaciers… Il existe peu de pays aussi vierges de constructions, de routes, de clôtures et de champs cultivés. Les distances s’étirent au-delà de toutes limites. Ces espaces infinis nous font nous sentir libres, mais sans la rencontre avec le peuple mongol, le voyage n’est pas complet.
 
 
Dans un environnement où l’humain se fait rare, chaque interaction est un moment fort, unique et souvent insolite. Tout est dépaysant chez les Mongols : leur langue, leurs croyances, leurs costumes, leurs codes, leurs jeux, leurs maisons, leur cuisine…
 
 
esprit des steppes en Mongolie
Cavaliers mongols © Jérôme Duranton 

 

 

L’expérience de la vie nomade

 

La Mongolie s’explore généralement pendant les mois d’été, en 4x4, en moto, à cheval ou à pied. Une chose est sûre, vous ferez l’expérience d’une nuit sous la yourte. Symbole du nomadisme, la yourte est composée généralement de 4 ou 5 murs sous la forme de treillis pliables, d’une petite porte et de deux colonnes de soutien au centre, entourant le poêle à bois.
 
 
La laine de mouton, transformée en feutre sert d’isolation sous forme de grands morceaux attachés à l’extérieur. Puis il n’y a plus qu’à recouvrir la yourte d’une grande toile de coton blanc, et fixer le tout en faisant le tour avec des cordes bien tendues.
 
 
 Yourte mongole, l'habitat traditionnel © Out of Nowhere

 

 

Qui boit l’eau d’une terre étrangère doit en suivre les coutumes

 
Pour accueillir les voyageurs de passage, de nombreuses familles construisent une ou deux yourtes supplémentaires sur « leur terrain », et parfois une cabane pour la douche. En immersion chez une famille nomade, le quotidien est bien rempli : s’occuper du bétail, traire les chèvres et les yaks, s’entraîner à la lutte, apprendre à préparer un barbecue mongol, boire du lait de jument fermenté, « l’Airag », et le soir, partager un bol de vodka en chantant des chants mongols.
 
 
La température augmente très vite dans la yourte ! La barrière culturelle disparaît à mesure que les choses partagées se rapprochent de l’essentiel.
 
 
cavaliers mongols

L'esprit des steppes

 

 

Le tourisme, un secteur durable

 

Depuis quelques années les choses changent dans la steppe : les cavaliers se déplacent à moto, les panneaux photovoltaïques apparaissent sur les yourtes, le réseau 3G se développe. Et pourtant, le mode de vie n’a pas changé et s’articule toujours autour de la yourte et du bétail. En dépit des avancées technologiques qui devraient faciliter la vie quotidienne des éleveurs, celle-ci est devenue de plus en plus difficile.
 
 
La Mongolie subit des vagues de froid extrême en hiver, faisant suite à des étés caniculaires. La raréfaction des pâturages pendant la période estivale empêche les bêtes de se nourrir suffisamment pour affronter l’hiver à venir, chaque année des cheptels entiers périssent. Les familles d’éleveurs passent du jour au lendemain de la prospérité à la pauvreté en émigrant à Oulan-Bator.
 
 
 
La vie nomade

 

 
C’est dans ce contexte alarmant que le tourisme a son rôle à jouer. Les projets de développement touristique aident les éleveurs à diversifier leurs sources de revenu et donc à maintenir leur mode de vie nomade. L’objectif n’est pas qu’une famille se transforme en gérant de camp de yourtes pendant l’été en accueillant plus de visiteurs, mais bien de valoriser les savoir-faire traditionnels et l’immersion dans la culture nomade.
 
 
Dans l’Arkhangai par exemple, une coopérative d’éleveurs de yaks soutenue par AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières) s’est associée à des tour-opérateurs pour promouvoir la fabrication de leurs excellents duvets en laine de yak. Ce schéma vertueux satisfait tout le monde, les familles nomades et les voyageurs en quête d’une expérience inoubliable en Mongolie.