Mission protection dans les calanques de Marseille

Sur les collines pentues du Parc national des calanques de Marseille, le loup a pris ses quartiers depuis une paire d’années. Mais ni les promeneurs ni les plaisanciers ne croiseront la discrète meute : l’été surtout, il y a bien trop de monde sur ce site exceptionnel qui jouxte les villes de Marseille, Cassis et La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône.

Les crêtes rocheuses au relief accidenté surplombant la mer Méditerranée, les îles du Frioul face à Marseille, les calanques baignées de soleil sur une mer irisée font rêver des millions d’admirateurs. De Paul Signac à Jean Dubuffet, André Derain et bien d’autres, les artistes peintres ne sont pas en reste pour magnifier dans leurs œuvres des paysages et des couleurs à couper le souffle. Rançon de ce succès jusqu’en 2022 : un flux de 3 millions de visiteurs et de plaisanciers chaque année, et des dégradations sur terre comme en mer.

Gaëlle Berthaud, directrice du Parc national explique :

La végétation est piétinée par les activités sportives ou de baignade, les espèces protégées de la faune ou des poissons sont dérangées, et nous constatons une mauvaise gestion des déchets, abandonnés sur le site ou dispersés par le vent.

Elle évoque aussi les risques d’incendie provoqués par l’inattention de visiteurs.

En 2022, des mesures de régulation des flux de visiteurs ont mis un coup d’arrêt à la surfréquentation en limitant l’accès du Parc et notamment des calanques de Sugiton et des Pierres Tombées à 400 personnes par jour - contre 3000 auparavant - avec réservation gratuite mais obligatoire, de la mi-juin à début septembre. La mesure a été reconduite en 2023 et est pour l’instant prévue jusqu’en 2027.
 

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Si près de la grande ville

Le Parc national des calanques, créé en 2012, couvre un territoire de 8500 hectares et englobe dans son statut protégé une zone de 90 000 hectares d’aire maritime, dont 80 km de littoral, une physionomie qui fait de ce Parc un site dont la “proximité immédiate avec d’importantes zones urbaines comme Marseille le rend particulièrement vulnérable“, poursuit Gaëlle Berthaud. Ainsi, des dépôts sauvages de gravats sont-ils régulièrement constatés par les agents, sans parler des mégots ou des plastiques collectés chaque année.

Pour lutter contre les comportements inappropriés et responsabiliser le public, plusieurs entrées de Parc sont animées par des agents qui distribuent du matériel d’information et discutent avec les visiteurs, évoquant les mesures de protection de la flore et de la faune. “Mais il existe de multiples entrées du Parc et nous ne pouvons pas implanter cet accueil partout“, nuance Mme Berthaud.

Côté mer, les responsables du Parc ont également imposé une limite au nombre de locations de bateaux pendant l’été, et créent des mouillages légers permettant d’éviter l’ancrage qui arrache les posidonies, des herbes essentielles à la protection de la vie sous-marine et des plages. Enfin, l’accès des véhicules motorisés à proximité du parc, déjà fortement restreint depuis des années, sera prochainement encore réduit.

Apprentissage du bien commun

“Petit à petit, à force d’expliquer et de discuter, nous parvenons à intéresser les gens“, observe la directrice. D’autres actions sont menées auprès des très jeunes, un public-clé pour les années à venir. Grâce au réseau d’associations Educalangues, des sorties nature, des jeux et autres leviers pédagogiques sont organisés par les partenaires du Parc dans la région Métropole d’Aix-Marseille-Provence pour sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement et du site exceptionnel qui les entoure.

“Notre objectif est d’éclairer la population sur ce qu’est notre bien commun et le lien entre l’homme et la nature“ - Gaëlle Berthaud.

La partie n’est pas gagnée : elle se joue entre mesures drastiques et évolution des mentalités.