Tourisme durable

Mélusine Mallender, la liberté sans frontière

05 Septembre 2022 - Entretien / Initiatives / Portrait

Mélusine Mallender ne rentre dans aucune case. L’aventurière, costumière de formation, institutrice de plongée et jeune maman, a traversé plus de 60 pays et avalé 150 000 kilomètres avec sa moto. Rencontre !

 

Mélusine Mallender au Népal © Mélusine Mallender
Mélusine Mallender au Népal © Mélusine Mallender
 
 

L’Iran, l’initiation aux voies de la liberté

 
Voyager à moto quand on est une femme crée la surprise : ce véhicule est associé à la virilité, et les accessoires ne laissent pas deviner qu’une femme tient le guidon. La moto crée facilement le dialogue, le fait d’être une motarde plus encore. 
 
 
 "Plusieurs fois elles m’ont dit : vous parlez de nous et vous ne venez jamais nous poser de questions, vous nous regardez de loin et vous nous jugez." - Mélusine Mallender
 
 
Son voyage en Iran en 2011 marquera Mélusine Mallender. A l’aube de son départ, tout un chacun a des idées arrêtées sur l’Iran : un pays sans liberté où les femmes seraient opprimées et où ce serait dangereux de voyager. Mélusine découvre une contrée surprenante avec une population curieuse. Elle s’enthousiasme : "Malgré un régime liberticide, les femmes sont éduquées, indépendantes. C’est bien sûr dur pour elles, mais elles sont très actives dans la prise en main de leur destin. Plusieurs fois elles m’ont dit : vous parlez de nous et vous ne venez jamais nous poser de questions, vous nous regardez de loin et vous nous jugez. C’est là qu’est née l’idée de donner la parole aux femmes rencontrées lors de mes voyages."
 
L’aventurière a été surprise par l’hospitalité des Iraniens, une valeur peut-être plus forte ici qu’ailleurs. Les Iraniennes surtout lui ont ouvert leur porte et lui ont montré qu’elles avaient un avis sur la liberté.
 
En Iran © Mélusine Mallender
En Iran © Mélusine Mallender

 

"On ne naît pas libre, on le devient"

 
Ces mots sont chers au cœur de l’aventurière"La conscience de la liberté et ce qu’on fait pour sa propre liberté en tant que personne, cela s’acquiert. Prendre possession de ses propres choix, cela s’apprend, pour soi… et aussi pour les autres : ce n’est pas évident d’accepter que l’autre soit libre."
 
Depuis 2011, elle n’a cessé d’interroger les femmes sur leur liberté. Pour l’Iran comme bien d’autres destinations, elle confirme : "On part avec des préjugés et quand on va sur place, on réalise que la vie est bien plus nuancée."
 
La Mongolie l’a surprise. "J’y ai éprouvé la liberté comme nulle part ailleurs. Là-bas tu peux rouler seule sur d’immenses distances sans sens interdit, sans bitume. Dans cet infini, tu es absorbée par la nature."
 
De ses dix ans de voyages à moto naîtra un film "Les voies de la liberté", puis un livre éponyme.
 
Sur la route © Mélusine Mallender
Sur la route © Mélusine Mallender


 

Pour plus de femmes d’aventures

 
Femmes d’aventures, c’est le dernier ouvrage collectif qu’a signé Mélusine. Aujourd’hui encore, ces mots ne vont pas de pair. S’il est difficile pour les hommes de mener une carrière d’aventurier, c’est plus compliqué encore pour les femmes. Non seulement elles y sont peu incitées, mais en plus cela leur demande des sacrifices, notamment au niveau de la vie de famille. La question de la maternité se pose, sans parler de la difficulté de trouver un conjoint qui accepte de s’effacer pour que sa femme expérimente seule une vie d’aventures…
 
Mais l’aventure ne se limite pas aux lointaines expéditions. C’est avant tout un dépassement de soi personnel impliquant de sortir de sa zone de confort. On peut travailler dans une ONG ou être réalisatrice de documentaire et être aventurière – c’est cette diversité de destins qui est partagée dans l’ouvrage. 
 
Si sa prochaine aventure sera collective, avec le projet Deep climate qui étudie adaptabilité humaine au sens large et au niveau climatique, Mélusine rêve d’arpenter l’Arabie Saoudite en solo avec sa moto. 
 
Elle invite toutes les femmes à tenter l’aventure. "On se crée beaucoup de freins et de barrières. Voyager seule, j’invite chaque femme à essayer. On n’est pas obligé d’aller très loin pour commencer. Le pire qui puisse arriver ? Ne jamais essayer !"
 
 
Mélusine Mallender
Mélusine Mallender

 

 
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