Dans la deuxième ville de Colombie, un jeune Français a créé un petit hôtel dans un quartier populaire prisé par les touristes mais dénué d’hébergements. Un projet audacieux qui crée de l’emploi pour les habitants.
Beaucoup le prennent pour un fou, mais ce jeune Français qui n’a pas 30 ans a bien la tête sur les épaules. En témoigne le chemin parcouru depuis qu’en 2022, il a décidé de tout quitter, travail, famille, amis en France pour s’installer dans le “barrio” La Loma, un quartier pauvre sur les hauteurs de Medellín, en Colombie. Pour y ouvrir une chambre d’hôtes au “7ème ciel“, celui qui surplombe toute la ville.
En 2019, je m’étais lié d’amitié avec une mère de famille et ses deux enfants, qui vivaient dans une grande précarité. Mon idée était de l’aider à se procurer un revenu sans quitter sa maison - Thomas Quintreau Musci
Début 2023, l’association Call me mami (Appelle-moi maman !) et un premier hébergement voient le jour dans la maison, à proximité des lieux touristiques de la Comuna 13. Un pari que personne n’avait fait avant Thomas.
Ce quartier autrefois rongé par la violence du narcotrafic, des paramilitaires et de la guérilla s’est métamorphosé à partir des années 2000, grâce à une politique volontariste des autorités locales, d’ailleurs copiée dans le monde entier.
Aujourd’hui reliée par un métro aérien et des escaliers mécaniques au reste de la ville, la Comuna 13 attire en journée les touristes venus admirer ses graffitis colorés, ses ateliers de hip-hop et son ambiance pacifiée. Il n’empêche : le “barrio” où vivent 120 000 personnes demeure un lieu de grande pauvreté, notamment pour les mères ccélibataires. Il n’est pas non plus complètement déserté par les bandes criminelles, mais “c’est un monde à part que l’on ne voit jamais, et qui a accepté le projet parce qu’il profite aux habitants eux-mêmes”, explique Thomas.
Le soir, à l’Hostal del cielo (L’auberge du ciel), perché à 1850 mètres d’altitude, la vue embrasse le tapis scintillant de lumières de Medellín en contrebas, qui contraste avec la ligne sombre des montagnes à l’horizon.
Grâce à la solidarité locale, aux dons et parfois au coup de main de ses hôtes étrangers, Thomas et son associé colombien Alejandro ont ouvert ce nouveau lieu, équipé de quatre chambres avec toilettes, douches, et un rooftop convivial, coiffé d’une montgolfière pour un panorama à 360°.
L’Hostal del cielo est géré par le groupe de riverains que les fondateurs ont soudé autour du projet. “En un an, l’association a accueilli 2000 touristes en nuitées et nous n’avons connu aucun problème, souligne le jeune homme. L’activité génère 4 emplois complets et 3 temps partiels, sans compter les ressources annexes.”
Atelier cuisine ou danse, espace de coworking, actions solidaires au sein du quartier, les rencontres avec les habitants ne manquent pas et c’est aussi tout le sens que le Français veut donner à son action : “Ici, les voyageurs ont la possibilité de se rapprocher des réalités locales, de vraiment rencontrer la population, bien davantage que dans les beaux quartiers de la ville. C’est ce que nous cherchons aujourd’hui lorsque nous voyageons loin, afin que nos émissions de gaz à effet de serre soient au moins compensées par un bénéfice économique pour les locaux et par de vrais échanges. L’émotion que soulèvent ces rencontres est unique : parfois, nos hôtes repartent les larmes aux yeux.”
Pour en savoir plus :
- https://www.hostaldelcielo.com/
- https://www.callmemamihostal.com/