Mayotte, le 101ème département français, flotte dans l’océan Indien entre Madagascar et le Mozambique. Si loin et pourtant c'est la France avec des cocotiers, des tortues, des plages fabuleuses et ce parfum d'ylang-ylang qui enveloppe les deux îles.
Le mot ylang-ylang est emprunté au tagalog, une des langues officielles des Philippines, et signifie « fleur des fleurs ». Sans l’huile essentielle extraite de cette fleur étoilée aux six pétales jaunes, pas de No5 de Chanel ou autres grands parfums... Au-dessus du village de Ouangani, Hassani Soulaïmana a repris l’exploitation créée par son père. Sous un hangar ouvert aux quatre vents, il attend que les cueilleuses rapportent les fleurs qui alimenteront l’alambic antédiluvien chauffé au bois et tout encroûté de suie et de gras. Elles arrivent l’une après l’autre, dégoulinantes de sueur avec, sur la tête, un énorme ballot pesant une douzaine de kilos.
Après la pesée, elles déversent les fleurs sur une bâche posée sur le sol puis repartent aussitôt dans la jungle humide où plus d’un millier d’ylang-ylang poussent en compagnie des manguiers, jacquiers, papayers, bambous…
Pour les garder à la bonne hauteur et favoriser la croissance des branches vers le bas, ils sont taillés deux à trois fois par an pour respecter les règles de production établies à la fin du XIXème siècle par les colons chargés de fournir les parfumeurs de Grasse. Aujourd’hui, Mayotte récolte une tonne de fleurs par an, très loin des quarante tonnes de l’île d’Anjouan aux Comores. Pas de quoi impressionner Hassani. « C’est ici que l’on fabrique la meilleure qualité. À l’issue de la première distillation, explique-t-il, on obtient une première huile essentielle qui constitue la note de cœur d’un parfum, mais elle a d’autres usages. On lui reconnaît des vertus relaxantes, antiseptiques et aphrodisiaques. En plus, elle freine la chute des cheveux. »
D’une surface de 1100 km² représentant 4 fois celles des surfaces terrestres, son lagon abrite une incroyable biodiversité notamment des habitats tels que les mangroves : de nombreuses espèces menacées y trouvent refuge.
Créé en 2010, le parc naturel marin de Mayotte a pour mission de protéger le milieu marin tout en assurant un développement économique durable. De quoi donner des migraines à Cécile Perron, sa directrice. « À Mayotte, la protection de l’environnement n’est pas la première des priorités. Passent avant les enjeux de démographie, de santé et de sécurité. Les habitants n’ont pas forcément conscience des trésors du lagon, encore moins les clandestins qui se préoccupent d’abord de trouver à manger. »
Face aux problèmes de déforestation, braconnage, pêche illégale, mouillage, pollution, il faut beaucoup de détermination pour faire évoluer les choses. Des programmes pédagogiques permettent aux Mahorais de comprendre l’influence qu’ils peuvent avoir sur le milieu. En fermant par exemple un platier à la pêche au poulpe pendant 3 mois, les habitants et acteurs d’une commune se rendent compte à la fin que les poulpes sont plus nombreux et plus gros. À terme l’idée est de leur confier la gestion du parc.
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