Tourisme durable

Mauritanie, le retour au désert

19 Avril 2018 - Actualité / Patrimoine

Dix ans que la Mauritanie avait fermé ses portes aux randonneurs avides de dunes, de dromadaires et de bivouac sous les étoiles. Fin 2017, le Quai d'Orsay abandonne la zone rouge pour l'Adrar et le désert redevient enfin accessible. 

 

Mer de sable dans l'Adrar ©J.Vaudaux
Mer de sable dans l'Adrar ©J.Vaudaux

 

« Ça fait dix ans qu’on attend ça, tu sais ?  Dix ans qu’on enchaîne les petits boulots, à Nouakchott pour nourrir nos familles… Alors quand on a appris la bonne nouvelle de la réouverture, on est revenu à Atar pour se préparer. » raconte notre guide Yeslem Ould Daddah.


Alors que le désert mauritanien accueillait près de 30 000 marcheurs à la grande époque entre 1996 et 2006, patatras, après l’assassinat de quatre Français par un groupe djihadiste en 2007. Le Quai d'Orsay passe alors toute la zone de l'Adrar en rouge et les tour-opérateurs déprogramment la destination. Mais c'était compter sans le combat de Maurice Freund.

 
« Je me suis battu pour ça », raconte le fondateur de Point-Afrique, la première compagnie qui a affrété des vols sur Atar en 1996. 
 
 
Les touaregs, hommes bleus du désert ©J.Vaudaux
Les touaregs, hommes bleus du désert ©J.Vaudaux



« Pour nous, ça ne faisait aucun doute : parmi tous les pays du Sahel, la Mauritanie était le seul à avoir mené ces dernières années une politique sécuritaire efficace pour lutter contre le djihadisme, se souvient Maurice Freund. La Mauritanie était devenue un pays exemplaire. »

 
Il a réussi à convaincre le Ministère des Affaires Étrangères de passer l’Adrar en zone orange après moultes rencontres auprès des gouvernements français, mauritaniens et des diplomates… La renaissance du tourisme chamelier en Mauritanie s’esquisse. Maurice Freund, du haut de ses 200 séjours dans l’Adrar, jubile : « Accro à la Mauritanie ? Peut-être. Accro au tourisme comme facteur de développement en Mauritanie ? Sans aucun doute ».
 
 
Chargement des chameaux pour la rando ©J.Vaudaux

Chargement des chameaux pour la rando ©J.Vaudaux
 

Sables émouvants


C'est le moment de retourner voir Chinguetti, ville sainte de l’Islam, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996, dont les parchemins vénérables luttent depuis toujours contre le sable du désert. C'est le moment de s'emballer pour l'erg Ouarâne, les dunes dorées et dodues comme des brioches et la fameuse montagne bicolore de Zarga. Le temps s’étire sans autre repère que le bruit du sable qui craque sous les chaussures et les pauses pour boire un thé, ou plutôt des thés, car ils arrivent toujours par trois.
 
« Le premier amer comme la vie, le second doux comme l’amour, le troisième suave comme la mort », philosophe Yeslem. « Des entractes, disait Théodore Monod, dans la pièce qu’est le désert ». 
 
 
À Chinguetti les manuscrits se meurent dans le sable ©J.Vaudaux
À Chinguetti les manuscrits se meurent dans le sable ©J.Vaudaux

 

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