Tourisme durable

Marine Barnérias, une aventurière pas comme les autres

19 Février 2022 - Entretien / Portrait

Il y a des rencontres qui laissent des étincelles dans les yeux, celle avec Marine Barnérias en est une. Cette jeune femme hyper dynamique a pourtant une maladie qui pourrait la laisser un jour clouée au lit. Mais au lieu de s’apitoyer sur son sort, elle a décidé de prendre son courage à bras le corps et partir à la rencontre d’elle-même au cours d’un voyage au bout du monde... Quand le voyage devient le meilleur des remèdes.

 

Marine, une jeune femme volontaire ©Marine Barnérias
Marine, une jeune femme volontaire ©Marine Barnérias

 

Le film Rosy a été présenté en avant-première au festival du Film Francophone d’Angoulême l'été dernier où il a reçu une salve d’applaudissements. Le public était sous le charme et Marine, présente dans la salle, avait les yeux remplis d'émotions.
 
La bande-son originale interprétée par le chanteur “M” ajoutait un soupçon de grâce à ce moment intime et pourtant partagé par une centaine d’inconnus. Le pitch est le suivant : une jeune femme de vingt et un an, alors promise à un avenir prometteur dans le journalisme, se voit annoncer du jour au lendemain par un docteur une maladie neurodégénérative, la sclérose en plaques. Un choc. Un déni. Puis vient le temps de la réflexion et l’envie de ne pas se laisser anéantir. La solution ? Un voyage au bout du monde et toute seule pour affronter sa maladie et mieux se connecter avec son corps.
 
 
Marine, contemplative face à son destin et les paysages de Nouvelle-Zélande  ©Marine Barnérias
Marine, contemplative face à son destin et les paysages de Nouvelle-Zélande ©Marine Barnérias

 

Direction la Nouvelle-Zélande pour apprendre à comprendre ses maux et se faire mal en traversant à pied le pays du nord au sud. Du vent, de la pluie, des sommets enneigés, des nuits à se demander “Mais que fais-je ici, seule au milieu des moutons à souffrir ?”. Il lui fallait affronter cette douleur physique pour mieux s’accepter. Elle qui n’avait jamais planté une sardine de tente de sa vie se retrouvait à camper sur des sentiers de randonnée réservés aux aventuriers les plus avertis.
 
 
Quelques semaines après le festival d’Angoulême, la voilà membre du jury au Festival International du Film et du Livre d’Aventure de la Rochelle. Le rendez-vous incontournable des aventuriers du monde entier. Marine est là, à la fois petite par sa taille mais pétillante comme à son habitude et surtout crédible, car devenue aventurière elle aussi. 
 
 
Marine et son sac à dos durant ce périple de neuf mois ©Marine Barnérias
Marine et son sac à dos durant ce périple de neuf mois ©Marine Barnérias

 

 
En effet, après sa marche forcée au pays des kiwis où elle a découvert de nouveaux muscles, elle décide alors de se forger un moral à toute épreuve dans un monastère en Birmanie. Changement radical d’atmosphère. Seul le silence est encore là mais avec une discipline qui ne laisse pas de place à la rêverie contemplative qui l’occupait en Nouvelle-Zélande. Le rythme intransigeant des prières fatigue Marine qui est sur le point de craquer, mais elle s’accroche à sa volonté d’apaisement intérieur. Après l’épreuve du corps vient celle de l’esprit pour contrôler ses peurs et ses doutes. Le contrat dans ce centre de médiation Vipassana implique un silence total durant douze jours... une torture qui va se transformer en force insoupçonnée. Marine sort de cette deuxième aventure encore plus forte.
 
 
Marine en Birmanie pour son épreuve monacale ©Marine Barnérias
Marine en Birmanie pour son épreuve monacale ©Marine Barnérias
 
 
Maintenant, reste la troisième étape de sa reconstruction, la Mongolie et ses espaces infinis pour guérir son âme. Là-bas aussi les rencontres inopinées amèneront Marine à vivre des expériences hors-normes. Et c’est ainsi qu’elle se retrouve à cheval avec les Tsaatan, ces éleveurs de rennes nomades. Une expérience unique réservée à peu de monde et c’est justement cela que Marine était venue chercher.
 
Une immersion avec des chamanes et un quotidien à l'opposé de celui de cette citadine pressée et volubile. Elle est enfin heureuse et épanouie, les cheveux dans le vent à galoper dans ces plaines vierges et sans artifices. Le mal est toujours là, tapi au fond, mais sa quête de mieux se connaître et s’accepter est arrivée à son terme. Cela fait neuf mois qu’elle est partie seule avec son sac à dos et son smartphone pour immortaliser cette cure pas comme les autres.
 
 
Marine avec les éleveurs de rennes en Mongolie ©Marine Barnérias
Marine avec les éleveurs de rennes en Mongolie ©Marine Barnérias
 
 
Revenue à Paris, le climat est tout autre et la pression réapparaît. Surtout quand le médecin lui annonce que sa maladie a repris de plus belle. Mais qu’importe, elle est revenue avec des graines qu’elle va apprendre à cultiver pour fleurir son quotidien. Et sa générosité du cœur l'amène tout naturellement à communiquer sur son expérience qui débouche sur un documentaire réalisé à partir de ses petites vidéos amateures. Un film sincère et transparent qui donne de l’espoir avec en prime des paysages à couper le souffle. Rosy, le petit nom donné à sa maladie qui est aussi celui de son film, a changé sa vie mais comme elle aime à le dire, “si Rosy n’était pas rentrée dans ma vie, je serais passée à côté d’elle car elle m’a ouvert les yeux”
 
Bravo et merci pour cette belle leçon, l’aventurière.
 
 
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Laurent Baheux, photographe du vivant