Tourisme durable

L’homme qui voulait sauver les océans

12 Février 2018 - Portrait / Préservation

Directeur de l’Institut Océanographique de Monaco et de la Maison des Océans à Paris, Robert Calcagno, natif du Rocher, a toute sa vie intégré la dimension environnementale à ses projets professionnels. Jusqu’à devenir aujourd’hui l’un des fers de lance du combat pour la sauvegarde de la vie dans les océans. Portrait d’un défenseur de la nature calme, raisonnable mais déterminé.


« Enfant de la Méditerranée » comme il se définit lui-même, Robert Calcagno est né et a grandi à Monaco. Du lycée Albert 1er qu’il fréquente, trois pas seulement le séparent de l’Institut Océanographique où il se rend régulièrement, enfant, pour suivre la diffusion des épisodes de la célèbre « Odyssée de l’équipe Cousteau ». Croisant le commandant Cousteau lui-même par deux fois, il pratique, jeune encore, l’aviron de mer et la plongée, deux sports aquatiques qui scellent définitivement son attachement à la mer et le rapport infiniment respectueux qu’il lui porte…


 

Robert Calcagno sur la terrasse de l'Institut Océanographique à Monaco
Robert Calcagno sur la terrasse de l'Institut Océanographique à Monaco

 

Au poste de vigie

 
Et puis la vie l’emporte ailleurs, croit-il. À la tête d’une importante entreprise de BTP, il construit des routes et même des ports (celui d’Adélaïde en Australie) jusqu’au bout du monde. 
 
« J’ai toujours intégré la dimension environnementale dans mes projets, explique-t-il, lui apportant au fil du temps une importance de plus en plus grande, jusqu’à la placer au centre-même des chantiers envisagés »
 
C’est en 2005, lorsqu’Albert 2 de Monaco accède au trône que sa vie bascule. Le prince Albert ayant décidé de faire de l’environnement son grand cheval de bataille, Robert Calcagno devient l’un de ses conseillers, avant de prendre, en 2009, la tête du célèbre Institut Océanographique de la principauté - s’y ajoutera plus tard la direction de la Maison des Océans à Paris.
 
Grand défenseur des océans, il lutte depuis ce poste de vigie pour alerter le grand public comme les puissants sur le défi majeur auquel nous sommes aujourd’hui confrontés : « parvenir à établir une relation plus durable avec les océans. En partenariat avec nombre de chercheurs, juristes, explorateurs… autant de gens qui savent, nous nous sommes donné pour mission, grâce à leurs apports, de faire découvrir la beauté et la fragilité de l’océan au grand public comme aux hommes politiques et aux autres décideurs ». 

 
 
Tortues marines, à l'heure de la ponte
Tortues marines, à l'heure de la ponte


 

Un message difficile à faire passer. La pédagogie s’apparentant souvent à l’art de la répétition, Robert Calcagno a, depuis quelques années, pris l’habitude de publier régulièrement des ouvrages de vulgarisation consacrés à divers animaux marins, emblématiques.


Aux requins tout d’abord « qui souffrent énormément de la pression humaine, mais dont un certain nombre d’espèces parviennent à s’adapter », aux méduses ensuite « qui prolifèrent en raison du dérèglement des eaux » ou encore, cet hiver, aux tortues marines, « une espèce sentinelle, de véritables baromètres de la santé des océans qui, elles, menacent tout simplement de disparaître, leurs 7 espèces étant inscrites sur la liste rouge et leur nombre total ayant été réduit en quelques décennies de plus de… 90% ! ». 

 

Tortues marines, la Grande Odyssée par Robert Calcagno
Livre de Robert Calcagno publié en Novembre 2017

 


Communiquer et défendre, inlassablement

 
Ayant relancé à la demande d’Albert 2 de Monaco les célèbres campagnes d’exploration de l’Institut Océanographique, « parce qu’on ne défend jamais mieux les choses que lorsqu’on les connaît et les aime », Robert Calcagno ne cesse de livrer, pour les océans, un combat qui, s’il l’estime aussi long que difficile, n’est en aucun cas perdu d’avance à ses yeux.
 
« La nature de l’homme comme son génie propre présentent de grandes qualités. Je pense qu’à l’aide des outils digitaux de partage notamment, nous sommes en train de mettre en place un début de conscience, voire d’intelligence collective qui, inévitablement, nous conduira à infléchir notre conduite. Le second motif de mon optimisme est plus brutal : en réalité, nous n’avons pas le choix : il faut changer ! Or, ce discours qui, il y a 20 ans encore, était celui d’une minorité, gagne peu à peu l’ensemble de la population et des chefs d’État qui, aujourd’hui, sont de plus en plus nombreux  à avoir pris conscience qu’il était de leur devoir d’intégrer la dimension écologique à leur mandat ».  


 
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