Lesotho, rendez-vous au sommet

Dans la région du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud se dresse le massif du Drakensberg. Son nom signifie « montagnes du dragon », en afrikaan. Les Zoulous l’appellent « uKhahlamba », le « rempart de lances ». Des noms évoquant l’aspect majestueux et escarpé de ces immenses falaises taillées par l’érosion. La partie nord du Drakensberg abrite le célèbre Amphithéâtre, imposant massif rocheux en arc-de-cercle de plus de 5 km de long, bien connu des touristes sud-africains. Plus au sud, s’étendent de vastes plaines, les Midlands, porte d’entrée vers le Sani Pass, célèbre passage entre l’Afrique du Sud et le Lesotho. Ce col carrossable vertigineux attire les amateurs de 4x4, les motards et même quelques sportifs cyclistes. C’est une vraie brèche dans le Drakensberg qui nous propulse dans un autre monde.

Beauté brute et sauvage

L’ascension débute à proximité du patelin pittoresque d’Himeville. Difficile d’accès, même dans les meilleures conditions météo, franchir le col à la mauvaise saison est quasi impossible. Car pendant l’hiver austral, le Sani Pass revêt son manteau blanc et la route devient impraticable, enfin en théorie. Pour négocier les épingles abruptes et la piste très accidentée sur les derniers kilomètres avant le sommet, un véhicule 4×4 est nécessaire. La beauté des paysages monte en intensité avec une vue panoramique exceptionnelle à la clé.

Il y a quelque chose d’unique de passer de l’Afrique du Sud à un autre pays en empruntant cette route. Prendre environ 1300 mètres de dénivelé en quelques minutes pour basculer dans un autre monde. Le contraste entre les deux territoires est marquant. De la vie confortable dans la campagne d’Himeville à celle du royaume isolé du Lesotho, vaste plateau coupé du monde, à des années lumières de l’Afrique du Sud. Le Sani Pass est bien plus qu’un col, il n’y a pas de descente de l’autre côté, c’est le toit de l’Afrique australe.

Au sommet, le minuscule poste frontière annonce l’entrée au Lesotho. Il y a comme des airs de hauts plateaux tibétains. Premier contact avec les habitants du coin, les Basotho, vêtus de l’uniforme national : bottes en caoutchouc et couverture de laine. Sur la droite, vous ne pourrez pas manquer le Sani Mountain Lodge, surnommé le plus haut pub d’Afrique. Quel plaisir de boire un verre sur la grande terrasse en bois surplombant la vallée ! La lumière change à la vitesse des nuages. Quand le vent souffle trop fort, tout le monde se réfugie à l’intérieur pour profiter de l’ambiance insolite entre pub anglais et chalet suisse.

Petit paradis dépaysant et accueillant

Une fois au sommet, certains redescendent le jour-même par le même chemin ou dorment une nuit au lodge, d’autres en profitent pour explorer ce petit pays mystérieux. Quand on aime la géographie, on adore les caractéristiques du Lesotho. L’ensemble du royaume culmine au-dessus de 1 400 mètres d’altitude, d’où son surnom de « royaume dans les nuages. ». Là-haut, l’air est pur et les paysages grandioses et préservés. Une topographie qui en fait un des pays les plus frais d’Afrique australe. Le Lesotho est surtout très arrosé et possède un bien précieux : l’eau. Une ressource rare convoitée par l’Afrique du Sud pour alimenter les besoins de la ville de Johannesburg et assurer sa production d’électricité.

Pour une fois, le terme « hors des sentiers battus » tant vanté par les brochures de voyages n’est pas galvaudé. Avec ses étendues sauvages à perte de vue, ses troupeaux flânant sur les hauts pâturages et ses bergers à cheval drapés dans d’épaisses couvertures, on ne peut que vous conseiller d’explorer le Lesotho et de garder la tête dans les nuages !

À lire aussi

Le Cap, à la pointe de l’Afrique

Le Parc Kruger, à la rencontre de l’arche de Noé africaine

Voyage sur les traces de Nelson Mandela