Tourisme durable

L'escapade citadine au temps du tourisme durable

08 Décembre 2020 - Culture / Patrimoine / Transports

Depuis plus d’une décennie, les séjours courts ont connu un essor grâce à la combinaison des compagnies aériennes low cost et de la réservation en ligne. Et le vieux continent est considéré comme le champion des escapades citadines, ou city breaks, grâce à l’attractivité des grandes villes européennes.

 

Néanmoins, cette forme de voyage pose de réels problèmes concernant son impact environnemental. Elle participe au tourisme de masse et à la prise excessive de l’avion. Dans un contexte où l’industrie touristique doit prendre en compte le développement durable, comment cette pratique peut-elle s’adapter aux enjeux du tourisme responsable ?

 

 

citybreak_1_villes
Légende sous photo

 

 

Grâce à la démocratisation du voyage et la multiplication d’offres attractives en ligne, réserver un séjour à la dernière minute n’a jamais été aussi simple. Et l'escapade citadine a également pu en profiter. Ce court séjour (2 à 5 jours) dans une grande ville connaît un intérêt grandissant de la part des voyageurs, qui s’explique par sa forme. Il correspond aux attentes du mode de vie actuel et citadin. Il permet de s’échapper rapidement de son quotidien, sans pour autant poser des congés payés. Sur le continent européen, cette pratique séduit de plus en plus de voyageurs, et bénéficie d’une configuration propice à son développement : les pays possèdent une superficie réduite, l’espace Schengen permet de voyager sans visa et donc sans préparation en amont, l’Europe est un continent interconnecté au patrimoine historique préservé.

 

Dans un secteur touristique en quête de renouveau, ce concept semble s’éloigner de l'écotourisme. L’utilisation des vols low cost et la ruée vers des villes déjà saturées par le tourisme engendrent des conséquences sociales et écologiques majeures. Le city break n’est pas fatalement contre la préservation de l'environnement. Face aux problèmes qu’il peut engendrer, seul un comportement responsable peut convertir ce court séjour aux enjeux du développement durable. C’est à travers plusieurs actions qu’un week-end peut devenir un voyage responsable, avec un impact positif sur l’économie locale, la population et l’environnement.

 

 

Partir toujours plus près

 

La France a l’avantage d’être située à un carrefour de pays et partage sa frontière avec 8 territoires. C’est donc une porte d’entrée vers des milliers de villes européennes et accessibles sans avion, car les déplacements sont une source importante de pollution. Limiter l’impact d’un court séjour passe par un choix de destination adéquat. Et l’Europe semble le lieu par excellence pour développer des courts séjours ayant un impact minime sur l’environnement.

 

Accueillant près de 50 % du tourisme mondial, le continent européen tente de mettre en place une politique touristique plus responsable. Depuis 2019, l’Union Européenne désigne deux « Capitales européennes du tourisme intelligent » afin de récompenser les villes qui agissent pour un tourisme vert.

 

 

Choisir un mode de déplacement écologique

 

 

citybreak_2_passinterail
Le pass Interail permet de voyager dans plusieurs pays européens. Cette initiative est grandement aidée par les compagnies de trains transeuropéennes qui traversent plusieurs pays. ©SNCF

 

 

La multiplication des vols low cost a renforcé l'usage des transports aériens. Mais des alternatives sont largement soutenues sur le continent européen, qui développent des moyens de transport plus écologiques. En plus d’être connecté par les airs, l’Europe possède un réseau autoroutier et ferroviaire qui rivalise avec l’avion en termes de destinations.

 

 

Les compagnies de trains transeuropéennes, telles que l’Eurostar, le Thalys, le TGV Lyria et la Renfe-SNCF permettent d’accéder à de nombreux pays. En ajoutant les réseaux de trains internes développés qui donnent accès à des villes moins touristiques, les destinations accessibles par le ferroviaire sont beaucoup plus importantes. Avec la montée du « flygskam » ou la honte de prendre l’avion, les compagnies remettent en route les trains de nuit, comme c’est le cas en Autriche. Pour cet été, la SNCF a lancé une campagne exceptionnelle pour attirer les Français à reprendre le TGV et le TER. Avec la prochaine ouverture à la concurrence poussée par l’Union européenne, les adeptes des escapades citadines peuvent s’attendre à des prix aussi attractifs que les vols low cost.

 

Pour les plus petits budgets, la loi Macron a permis l’ouverture à la concurrence du marché des autocars, donnant aux voyageurs d’autres possibilités de nouvelles destinations à moindre coût.

 

 

Se réapproprier son itinéraire

 

 

citybreak_3_velos
Depuis 2010, la ville de Londres met à disposition des vélos en libre-service. Un système répandu dans toutes les grandes villes du monde. ©HumphreyMuleba

 

 

Le manque de temps des modes de vie actuels a bénéficié aux sites de réservation sur internet et aux offres de dernière minute. Bien qu’ils aient permis la démocratisation du voyage, ces offres ont surtout aidé à développer un surtourisme dans plusieurs villes. Sites internet, blogs, agences spécialisées ou encore guides sur le thème du tourisme responsable, de nombreux supports aident à organiser un week-end responsable. Les guides TAO proposent une vision différente du voyage. Ces livres sont écrits par des locaux et mettent en avant les initiatives locales et en faveur de l’environnement.

 

De plus en plus de villes mettent en place une réelle politique environnementale. Ces actions encouragent les voyageurs à participer à l’économie locale en consommant les services proposés sur place : utiliser les bornes de vélos en libre-service, manger dans des restaurants cuisinant des produits locaux, etc. Depuis 2006, une « Capitale verte européenne » est désignée afin de récompenser les actions mises en place en faveur d’une ville plus écologique.

 

 

Retrouver les bienfaits d’un voyage

 

Un voyage est souvent synonyme de découvertes, d’échanges, de rencontres et de surprises. Un court séjour n’empêche pas de retrouver toutes ces caractéristiques. Le couchsurfing et les auberges ouvrent des portes à la population locale et permettent de faire de nouvelles rencontres. Bien que le temps soit précieux, un séjour en ville peut être compatible avec le tourisme lent. Balade à vélo ou à pied à la découverte de la culture locale, loger en banlieue, les voyageurs peuvent aussi s’éloigner du schéma traditionnel d’une visite dans une grande ville.

 

Avant tout, le tourisme durable passe autant par le choix des voyageurs que le développement d’un écosystème favorable à des séjours plus responsables. L'escapade urbaine peut s’associer au tourisme durable en privilégiant un voyage proche des locaux.