Les îles d'Hawaï ne manquent pas de paysages hors-normes et spectaculaires. On y vient bien sûr pour les plages de surf d’Oahu mais aussi pour les ébats des baleines à bosse, les fragiles phoques moines ou encore les randonnées dans la jungle de Kauai.
C’est le début de la saison des « kohola », les baleines à bosse. Chaque année, elles quittent leurs quartiers d’été d’Alaska et de Basse-Californie pour arriver dès la fin novembre dans les eaux chaudes d’Hawaï. Les baleines ne sont pas là pour se goinfrer. L’heure est plutôt à la bagatelle. Les eaux chaudes et claires de l’archipel sont l’endroit idéal pour s’accoupler et mettre bas. Alors, on scrute à s’en user les yeux la longue houle toute guillochée de petits moutons blancs dans l’espoir de voir l’un de ces mâles impétueux fracasser la surface de ses trente tonnes. L’amour donne des ailes.
A quelques pas de là, d’écœurants effluves à mi-chemin entre le nuoc-mâm et le cadavre de cinq jours viennent vous chatouiller les narines : l’incomparable fumet du pinnipède qui se néglige. Là, échoué entre deux rochers comme une barque abandonnée par la marée, un grand phoque s’accorde une sieste réparatrice tout en se réchauffant la couenne aux derniers rayons d’un soleil rasant.
D’après les chiffres officiels, seuls 1 200 phoques moines d’Hawaï subsistent et la population ne cesse de diminuer : c’est sans doute l’un des mammifères marins le plus menacé du monde. La plupart vivent éparpillés dans les atolls du nord-ouest de l’archipel, mais une petite vingtaine s’entêtent autour de Ka'ena Point. On contemple ces fragiles spécimens avant de les abandonner sur la pointe des pieds à leurs rêves de sardines.
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Selon la tradition hawaïenne, les âmes des défunts suivent la lumière du couchant depuis Ka'ena Point avant de plonger dans la nuit éternelle. En prenant bien leur élan, elles peuvent aussi rejoindre d’un bond l’île de Kauai dont les côtes se dessinent au ras des flots.
Cette île volcanique émergée il y a cinq millions d’années – la plus ancienne des îles d’Hawaï – offre un spectacle dantesque que l’on découvre en balade et qui s’impose par son incroyable exubérance végétale. Kauai n’est pas surnommée « l’île Jardin » pour rien. Le long de sentiers ouverts par les chasseurs de cochons sauvages, on découvre des bananiers, des vestiges de terrasses et les ruines de leurs murs de soutènement. Il faut en effet savoir qu’avant l’arrivée des Européens, les Hawaïens, dispersés dans toute l’île s’adonnaient à la culture du taro dans le moindre canyon.
Les passionnés de randonnée pourront suivre le « Kalahau trail » aussi splendide que dangereux car il suit un ancien sentier côtier Hawaïen le long des falaises vertigineuses de la côte. L’itinéraire complet long de 18 km permettra de déboucher dans la vallée de Kalahau, isolée de la rumeur du monde dans son écrin de falaises et qui étale une luxuriance de jardin d’Eden. Aussi retranché soit-il, le site n’en a pas moins été constamment habité. Jusque dans les années 1960, on y trouvait même un ranch et ses vaches. Aujourd’hui, des communautés alternatives se sont réfugiées dans cette thébaïde pour y mener une vie quasi autarcique et appliquer à la lettre les recettes de la décroissance. Pourquoi ne pas jeter son short et se joindre à ces irréductibles pour combattre le réchauffement climatique ?
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