Les îles Marquises en Polynésie française... Depuis que les explorateurs en ont rapporté des images enchanteresses, rien que leur nom fait rêver... Partons explorer Nuku Hiva, la plus grande des îles sauvages.
Atterrissage au nord de l’île, là où l’on a trouvé le seul endroit à peu près plat pour aménager une modeste piste. L’aérodrome ne s’appelle pas « Terre déserte » pour rien. Pour rejoindre sur la côte sud la capitale Taiohae, il faut emprunter une route vertigineuse zigzaguant d’une crête à l’autre, tutoyant les ravins, surplombant les canyons. Richard Deane est guide. Au volant de son imposant 4x4, il fait souvent l’aller-retour pour aller chercher des clients en mal d’aventures.
Il se rappelle du temps, pas si lointain, où la route n’était qu’une piste : « Il fallait quatre bonnes heures pour aller d’un point à l’autre seulement distant de 15 km à vol d’oiseau. En cas de pluie, cela devenait franchement dantesque. »
Aujourd’hui, il faut moins de deux heures pour rejoindre la somptueuse baie de Taiohae en forme de fer à cheval où quelques voiliers au mouillage balancent mollement leurs mâts dans l’alizé. Quand le jour décline, on voit des jeunes gens s’échiner à pagayer sur des pirogues à balancier d’une extrémité à l’autre de l’arc formé par la plage.
Bienvenue dans la capitale d’une île comptant un tribunal, un hôpital, un collège accueillant tous les élèves de l’archipel, une prison minuscule dont la cour possède pour tout mur une haie composée de quelques arbres clairsemés. Les habitants estimés à 3 000 (9 000 en tout dans l’archipel) sont infiniment moins nombreux que les nonos, d’affreux moucherons assoiffés de sang, des cannibales, des vrais.
Entre son arrivée aux Marquises au Ier siècle avant J.-C. et la fin XVIIIème siècle qui voit l’amorce de son terrible déclin, le peuple marquisien a construit quantité de villages. Sur la côte nord, la vallée de Hatiheu peut se flatter de posséder sept tohua ou places communautaires rectangulaires où se déroulaient les grandes cérémonies de prières collectives.
Une statue de pierre fixe de ses grands yeux ronds. Ses genoux sont fléchis. Il tient ses bras collés le long du corps et ses mains sur le ventre. C’est un tiki, mi-homme, mi-dieu. Autrefois, il incarnait le monde des ancêtres divinisés.
Depuis 1979, l’association culturelle Motu Haka (le rassemblement) est créée dans le but de faire revivre la langue, les chants, les danses, les légendes, le tatouage et la sculpture de l’archipel. Le festival des arts des îles Marquises (Matava'a) qui se tient tous les deux ans alternativement dans chacune des six îles habitées leur fait aussi chaud au cœur.
La mauvaise nouvelle, c’est que les îles sont appelées à s’enfoncer lentement dans l’océan, se transformer en presqu’atolls avant de devenir atolls et finalement disparaître, mais cela devrait prendre 30 millions d’années.