Tout au sud de l'Australie, à 250 km de Melbourne, le parc national des Grampians est le terrain de jeu favori des randonneurs. Cinq petites chaînes de montagnes aux crêtes de grès orangé spectaculaires sont recouvertes de bois d'eucalyptus. Et pourtant les prairies où broutent les kangourous ne sont jamais loin.
La route monte à l'assaut de lourdes molaires crénelées enrochées dans une gencive de forêts d'eucalyptus. Il y a plus de 400 millions d'années, les sédiments déposés par une immense rivière s'agglutinaient en une épaisse couche de grès que les éléments n'ont depuis cessé de plier, basculer, triturer, éroder jusqu'à donner cette enfilade de crêtes revêches et bosselées.
Les géologues et les érudits appellent "cuestas" ces drôles de reliefs dissymétriques qui d'un côté s'achèvent brusquement en falaise et de l'autre rejoignent la plaine par un plateau doucement incliné. Les « côtes » des Grampians s'égrènent en archipel d'îles rougeaudes tout juste émergées d'un vaste océan de prairies endormies.
En 1836, le Major Mitchell, dépêché par le gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud pour reconnaître la région, décide de passer la nuit au sommet du Mont William (1167 mètres), le point culminant de la région, une fantaisie qui lui vaudra de se geler la moelle jusqu'au matin et lui rappellera les Grampians de son Écosse natale, réputées pour leur climat frisquet. Les aborigènes qui peuplaient la région depuis au moins 22 000 ans avaient préféré les appeler Gariwerd, les « montagnes au museau pointu ».
Le fantôme du peuple aborigène hante toujours ces collines semées de rochers aux formes étranges et de canyons étriqués. En remontant le « pinnacle track » au cœur de la Wonderland Range, le sentier sans doute le plus fréquenté du parc est aménagé sur une grande partie avec des éléments (grilles, marches, garde-corps, etc.) entièrement métalliques depuis le grand incendie de 2006.
Cette année-là, la foudre a frappé en sept endroits différents et a enflammé 850 km² de forêts soit, la moitié du parc. Mais le bush australien a une formidable capacité de régénération. Les 27 espèces d'eucalyptus du parc font partie de ces plantes qui parviennent à survivre aux flammes et repartent de plus belle : « Avec un grand feu à peu près tous les 40 ans, le bush des Grampians se doit d'avoir la peau dure » déclare David Roberts, grand patron des rangers du parc.
Sur son polo vert feuille, une jolie broderie proclame le mot d'ordre des parcs du Victoria : « healthy parks, healthy people ». Cela demande quelques explications : « Notre boulot, c'est aussi bien la protection du milieu naturel que l'accueil des visiteurs. Quand les gens viennent se promener ici, ils se tiennent éloignés de la télé et des paquets de chips, donc c'est bon pour leur santé ! »
Parmi les projets de David, celui d'un grand sentier de 145 km de long traversant toutes les Grampians du nord au sud en 12 étapes est déjà bien avancé.
Pour en savoir plus
Le site officiel de l'office de tourisme du Victoria (en français) : http://french.visitmelbourne.com
Le site des parcs du Victoria : www.parks.vic.gov.au
Le site des Grampians : www.visitgrampians.com.au
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