
De par la richesse de sa culture, son histoire et sa dimension spirituelle unique, l’Inde fascine tous les voyageurs. Au point que la rumeur prétend qu’au terme d’une première visite, il est impossible d’en repartir inchangé. Chaque année, ce ne sont pas moins de 100.000 Français qui s’y rendent tandis que près de 10.000 de nos compatriotes y résident plus durablement. Petit aperçu et témoignages sur « Mother India »…
« L’Inde est un pays extrêmement dépaysant, explique d’emblée, Julien Faliu, le fondateur d’expat.com devenu avec les années spécialiste des Français de l’étranger. Les différences culturelles y sont telles qu’un séjour dans ce pays nous fait prendre un recul très rapide sur nous-même et notre propre formatage culturel. Si nombre de personnes apprécient ou même recherchent cette remise en question, le « choc » culturel et psychologique provoqué peut s’avérer difficile à supporter par certains qui, éprouvant du mal à s’adapter à l’ambiance locale, souffrent de ce que l’on nomme précisément « le syndrome indien »…
Cela n’empêche nullement près de 10.000 Français d’y vivre ; essentiellement des retraités (plus de 2000), des militaires ou encore des fonctionnaires et leurs familles. Quant au 12% d’actifs que compte le pays (1200 personnes environ), ce sont principalement des cadres supérieurs, ingénieurs et commerciaux, employés par de grandes entreprises et éparpillés dans ce pays grand comme 6 fois la France, sachant que les deux tiers de la communauté française (6800 personnes !) vivent près de Pondichéry, cet ancien comptoir français situé dans le sud-est de la péninsule. Alors qu’ils ne sont qu’une minuscule poignée (moins de 70 !) à Calcutta, là où a choisi de s’installer Jean-Frédéric Chevallier.
« C’est la vitalité de ce pays qui m’a séduit, explique ce philosophe-metteur en scène habitué de l’expatriation, son incroyable foisonnement de vie. J’étais avant cela professeur à l’université de Mexico où j’ai eu peur de m’encrouter, créativement parlant. Or, alors que j’accompagnais une amie chorégraphe ici, au Bengale, on m’a suggéré de rester, pour faire du théâtre avec une population qui ne savait pas même ce que ce mot signifiait, et dans un village situé au milieu de nulle part, Borotalpada, à 240 km (autant dire des heures !) de Calcutta. Et j’ai dit oui. D’abord subventionné par le ministère de la culture, lorsque ma mission est arrivée à échéance, les villageois se sont tous réunis et ont voté. Pour que je reste. Impossible après cela de repartir (mais je n’en avais plus envie !). Je suis donc resté et nous avons fondé, ensemble, un centre culturel. On y crée (une dizaine d’artistes et de penseurs présents en permanence), on y stimule la réflexion des gens et on agit socialement, en direction des plus démunis. Nous organisons, entre autres, un festival annuel (les gens viennent jusqu’ici, oui) et on édite une revue artistique « Fabrique de l’Art », déjà vendue dans plusieurs pays du monde… »
« La vie culturelle du Bengale est intense, très dynamique et dans ce pays où les choses sont moins formatées, moins contrôlées, créer est plus facile, ce qui implique naturellement au revers de la médaille qu’elles soient moins sûres, établies et confortables qu’en France ; à la fois plus complexes et plus fluides. Tandis que le système des castes n’a pas encore été aboli dans les esprits (s’il l’est déjà dans les textes), les gens sont, dans l’ensemble, beaucoup plus sereins et paisibles concernant le fameux « vivre ensemble », entre cultures et religions différentes par exemple. Et puis, une fois que l’on s’est acclimaté, le lien social que l’on crée est plus fort, avec ses voisins notamment ; les gens, en tout cas ici, prennent soin les uns des autres… »
L’Inde, pays de tous les contrastes (qui, en dépit de l’extrême pauvreté qu’on peut y rencontrer, dispute la 5ème place à la France en termes de PIB), nécessite donc pour être appréciée une certaine ouverture d’esprit et de bonnes capacités d’adaptation. Originaires de Bordeaux, Johanne et Nicolas étaient déjà venus à Bombay il y a quelques années à l’occasion d’un échange universitaire. Une découverte au terme de laquelle ils pensaient dur comme fer que « la différence culturelle est trop importante pour envisager de travailler et vivre dans ce pays »… C’est pourtant ce qu’ils font, depuis maintenant trois ans et demi ! Car, au terme d’une odyssée d’un an à moto qui les fit repasser par la case Inde, c’est là, à Bangalore, qu’ils décidèrent de tenter « l’expérience suivante » qui les séduisait le plus : l’expatriation…
« Pourtant, on peut dire qu’au départ, TOUT nous a surpris, raconte Johanne ; à commencer par le plus prégnant, surtout dans les grandes villes : la foule ! Ici, il y a du monde partout, absolument partout et cela donne un maelström de vie incroyable. Avec tous les bons et mauvais côtés que cela implique ; comme le fait que, dans la rue, personne ne fasse attention à personne. Car il y a bien trop de monde pour cela. Une chose est certaine en tout cas : si vous aimez le mouvement et l’agitation, vous adorerez l’Inde ! D’autant que contrairement à beaucoup d’expats, nous avons, nous, choisi un quartier central, très vivant, qui nous permet d’échapper à la folie des encombrements subis par tous ceux qui se sont installés à l’écart, dans les zones résidentielles. En dix minutes de moto (une vieille Enfield anglaise top vintage, une perle !), nous sommes au bureau. Le midi, on mange dans un petit resto local et le soir, on sort souvent dans les « brew-pubs » ; les week-ends étant consacrés à la découverte de la région à moto ou à la plage : Goa ! Ensuite, on raconte nos aventures sur notre blog et lorsqu’on est un peu fatigués par la tourmente locale, quand on a besoin d’un peu de quiétude et de tranquillité, eh bien on fait un saut… en France ! »