Tourisme durable

Le sud Sinaï à la pointe du tourisme responsable en Égypte

18 Septembre 2023 - Histoire / Patrimoine / Préservation

Géographiquement située en Asie, la péninsule du Sinaï appartient à l’Égypte depuis 1982. Des Égyptiens se mobilisent pour faire découvrir de manière responsable cette terre mythique.

 

Vue sur le mont Moïse © Aurélie Croiziers
Vue sur le mont Moïse © Aurélie Croiziers


 

Une terre de convoitise


 
Le Sinaï est un triangle de 60 000 km2, bordé par la mer Méditerranée, la mer Rouge, le canal de Suez, le golfe d'Aqaba et la frontière israélo-égyptienne. D’un climat désertique chaud, la région est occupée très tôt par les pharaons qui y trouvent des richesses minières importantes, notamment la turquoise. Selon les religions monothéistes, ce serait sur le mont Sinaï, appelé aussi Djebel Musa ou mont Moïse, que Moïse aurait reçu les Dix Commandements, lors de l’errance des tribus juives pendant l’Exode. Cette terre mythique attire les pèlerins du monde entier depuis plus de mille ans.
 
Si le territoire est convoité depuis l’Antiquité, c’est au 20ème siècle qu’il est le théâtre d’affrontements avant d’être restitué à l’Égypte par Israël en 1982. L’exploitation des sous-sols et le tourisme sont aujourd’hui les deux activités principales du Sinaï. 
 
 
Dans les montagnes du Sinaï © Aurélie Croiziers
Dans les montagnes du Sinaï © Aurélie Croiziers

 

 

De hauts sommets veillés par les Bédouins des montagnes


 
Le sud du Sinaï compte de hauts sommets, le mont Sinaï et le mont Sainte-Catherine, qui du haut de ses 2 642 m, domine le pays. Ces montagnes, constituées de granite ponctué de roches volcaniques, forment des paysages aux teintes roses et ocre d’une beauté lunaire à couper le souffle. De magnifiques sessions de randonnées ou d’escalades peuvent y être organisées.
 
Tout près de ces deux monts se trouve le monastère Sainte-Catherine. La première pierre d’une petite église est posée au 4ème siècle, avant que l’empereur Justinien crée un édifice plus important dès 527. Sainte-Catherine est aujourd’hui autant un monastère qu’une forteresse. Outre la majesté du bâtiment et la présence de la troisième plus vieille mosaïque du monde, la mosaïque de la Transfiguration, touristes et pèlerins se pressent devant un arbre réputé pour être le Buisson Ardent.
 
 
Le monastère Sainte-Catherine © Aurélie Croiziers
Le monastère Sainte-Catherine © Aurélie Croiziers


 

Les Jebalya, les Bédouins des montagnes, sont les guides du monastère comme ceux des montagnes du Sinaï, leur guidage étant désormais obligatoire pour les randonnées dans la région. Ils ont l’habitude de recevoir des étrangers sur leurs terres : les Jebalya se disent issus de deux cents familles chrétiennes dépêchées de Macédoine, de Roumanie, d’Égypte et d’Arabie par Justinien pour veiller sur Sainte-Catherine. Depuis, la tradition se perpétue et les Jebalya accueillent et guident les visiteurs du monde entier, quelles que soient les tensions géopolitiques que la région puisse vivre.
 
 
Mohamed, guide Jebalya © Aurélie Croiziers
Mohamed, guide Jebalya © Aurélie Croiziers

 

 

Le premier écolodge d’Égypte


 
Le sud du Sinaï est aussi réputé pour les riches fonds marins de la mer Rouge. Si Charm-el-Cheik a connu un développement touristique important, c’est sur le golfe d'Aqaba, au large de l’Arabie Saoudite, que les voyageurs responsables trouveront leur bonheur. 
 
Originaire du Caire, Sherif El-Ghamrawy a longuement arpenté l’Égypte avant de poser ses valises à Nuweiba. Il a eu le coup de cœur pour cette côte superbe qui compte des coraux septentrionaux préservés et qui serait l’une des plus belles plages du monde, selon The Guardian. Shérif est visionnaire : en 1986, déjà sensible à la protection de l’environnement et à l’échange entre les cultures, il crée Basata, le premier écolodge du pays. Économie des ressources, construction en matériaux uniquement égyptiens, initiatives sociales auprès des communautés bédouines locales ou bannissement du plastique, les actions qu’il met en place avec sa femme sont aussi avant-gardistes que nécessaires. 
 
Aujourd’hui, Sherif collabore avec le gouvernement pour la création de lois concernant le tourisme responsable en Égypte, de la réglementation des écolodges aux activités touristiques. Réellement visionnaire !
 
 
L’écolodge Basata © Aurélie Croiziers
L’écolodge Basata © Aurélie Croiziers
 
 
S’il convient de rester vigilant dans une zone rompue aux tensions géopolitiques, le sud du Sinaï mérite définitivement que les voyageurs responsables s’intéressent à lui. 
 
 
Dans les montagnes du Sinaï © Aurélie Croiziers
Dans les montagnes du Sinaï © Aurélie Croiziers


 

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