Une association œuvre depuis des années à stimuler les enfants autistes grâce aux vertus de la randonnée. C’est dans le Sahara algérien que cette initiative trouve un sens particulier, tant par la découverte du désert que par la coopération avec la population touarègue.
Adam n’a qu’une idée en tête : retourner au Sahara, dans la région de Djanet, au sud-est de l’Algérie. Comme en décembre 2023, quand il a clôturé là-bas, avec ses sœurs, ses parents et d’autres compagnons de voyage, notamment Ismaïl, un autre enfant autiste, le grand “Challenge autisme“ organisé par l’association Plus d’Oxygène. Un long périple qui a fait parcourir à une vingtaine de participants quelque 2024 km en une trentaine de treks commencés en 2021. Un défi destiné à changer le regard sur le handicap et montrer, avant les Jeux Olympiques de 2024, de quoi étaient capables ces jeunes différents des autres. Laïd Biou est fondateur de l’association et père d’Adam, 16 ans.
L’inclusion par le sport et les vertus de la marche leur permettent de s’ouvrir au monde et de progresser
- Laïd Biou
Dans le désert saharien du Tassili n'Ajjer, la région de Djanet, calme et silence invitent à l’apaisement, à la concentration sur les choses essentielles, à la beauté du geste. Comme celui de couper du bois et d’allumer le feu, une activité qui a ravi Adam. Ou de toucher le sable, regarder les étoiles, trouver des fossiles : autant de moments intensément vécus par les jeunes autistes, constate Laïd.
Ce dernier, marcheur infatigable, décline à son actif, avec son épouse et leurs trois enfants, des dizaines de treks en France et à l’étranger. Constatant leur effet positif sur son fils, Laïd a créé en 2007 cette association Plus d’Oxygène qui organise des randonnées solidaires dédiées aux enfants en situation de handicap. Le principe est de composer des groupes mêlant des enfants autistes avec d’autres enfants, en famille. “Cette mixité fait changer le regard sur l’enfant autiste, explique Laïd Biou, et elle permet aussi de faire franchir à celui-ci une étape vers la sociabilité et la verbalisation“.
Le Sahara se prête tout particulièrement à ces voyages. À la rencontre, certes, de soi-même dans un paysage grandiose, mais aussi de la culture touarègue et de sa réalité quotidienne, fruste et démunie.
En 2018, la route de Laïd croise celle de Moussa, un guide touareg de Djanet : ils créent ensemble une petite agence de tourisme équitable, Sahara Africa Tours, qui emmène des voyageurs motivés par le trek dans le désert et l’aide aux populations semi-nomades du Tassili.
“Chez nous, la vie est rythmée par les pâturages - quand il y en a - pour nos chèvres. C’est souvent compliqué avec le manque d’eau permanent. Nous aussi pourtant, nous nous occupons d’enfants autistes. À Djanet, un centre spécialisé en accueille tous les jours une vingtaine“, commente Moussa.
Grâce à l’implication des deux amis, les participants aux voyages de Sahara Africa Tours poursuivront dès l’automne 2024 leur aide à la région de Djanet : des jeux et des livres pour le centre de soins aux enfants autistes, la finalisation d’un puits commencé en 2020 lors d’un trek solidaire, la plantation de palmiers-dattiers dans une oasis…
“Croyez-moi, insiste Laïd, à cette occasion, nos voyageurs se rendent bien compte à quel point ils ont dans leurs vies françaises de faux problèmes…“
Grâce à un vol direct de Paris à Djanet, affrété par la coopérative de voyages Point-Afrique, trois départs sont déjà prévus à partir d’octobre. “Mais je réunis tout le monde bien avant, afin que l’esprit de ce voyage soit bien compris, tempère Laïd. “Pour voyager avec des enfants autistes, comme pour vivre le Sahara, il faut de l’empathie et de la patience… Et pourtant, “tous les participants de l’an dernier veulent revenir !”
Arrivée des randonneurs au centre de soins pour enfants autistes de Djanet, Algérie ©Laïd Biou
Pour en savoir plus :
- Le site pour réserver un trek équitable et solidaire : https://sahara-africa-tours.com/fr/
- La page Facebook de l'association : https://www.facebook.com/trekking.solidaire/?locale=fr_FR