Tourisme durable

Le renouveau des Pow-Wow

08 Janvier 2021 - Art / Culture / Patrimoine

Ces rassemblements estivaux fleurissent un peu partout au Québec et sont devenus une façon de résister à l’assimilation culturelle en entretenant les liens aux traditions à travers la danse et la musique.

 

Jusqu’en 1951, les danses autochtones ont été réprimées par le gouvernement et se sont pratiquées clandestinement dans l’isolement des réserves. Aujourd’hui, les Pow-Wow s’affichent au grand jour et, s’ils ne peuvent faire oublier cette triste période, semblent aujourd’hui un bon moyen de restaurer la chaîne de transmission du savoir ancestral et de permettre à une jeunesse souvent désœuvrée de s’ancrer autour d’une identité retrouvée.

 

 

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Dans la fôret d'Abitibi, le Far West Québécois ©Christophe Migeon

 

 

Ils sont désormais intertribaux et réunissent la plupart des onze nations autochtones québécoises. Ici, à 20 km de Val d’Or, sur les rives du lac Simon, sept tribus amérindiennes — Micmacs, Innus, Abénakis, Attikameks, Cris, Hurons-Wendat et Algonquins — se sont donné rendez-vous pour célébrer leurs traditions dans un esprit bon enfant sans souci de compétition. Bon enfant, certes, mais il faut tout de même faire attention à ses plumes. D’aigle notamment.

 

 

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La plume d'aigle est l'objet le plus sacré à leurs yeux ©ChristopheMigeon

 

 

Danse avec des plumes

 

Sur le vaste rond de pelouse, la foule des danseurs gravite autour du mât central avec la même obstination qu’une galaxie s’enroulant autour de son axe. Dans le flot continu de ce maelstrom cosmique, les loups côtoient les bisons, les ours fricotent avec les aigles, les tortues cousinent avec les porcs-épics.

 

 

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Julie Huron danse en caressant la terre au lieu de la frapper comme les hommes ©ChristopheMigeon

 

 

Coiffes en plumes de dindon, nattes empanachées d’hermine, pare-flèches en os de biche, boucliers ornés de peaux de loutre... Si les non autochtones demeurent les bienvenus à ce type de Pow-Wow, l’événement ne s’apparente en aucun cas à un folklore pour touristes assoiffés de selfies exotiques. L’étranger soucieux de se faire des amis prendra soin de ne pas parler de costume, terme aux méchants relents d’accoutrement de carnaval ou de panoplie pour soirée déguisée. Si les participants, très sourcilleux sur ce point de vocabulaire, tolèrent l’usage du mot « habit », ils préfèrent parler de « regalia ».

 

 

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On parle de regalia et non de costume. Chaque parure est unique et reflète la personnalité du danseur ©ChristopheMigeon

 

 

« Contrairement à un costume que tu achètes dans le commerce, chaque parure est unique. C’est toi qui te la constitues. Elle donne des indices sur ta personnalité ou ton histoire personnelle, explique Denis Bluteau. Certains morceaux viennent de la famille, d’autres de rencontres. Au fil des ans, tu récupères des os ou des plumes chez les vétérinaires, dans les parcs zoologiques... »

 

 

Les plumes d’aigle, elles, se méritent. Fruits d’une longue tradition de dons et contre-dons, les plumes du rapace vénéré sont l’objet de toutes les attentions, bichonnées à la graisse d’ours, manipulées avec autant de précautions qu’un morceau de la Sainte Croix.

 

 

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On reconnaît cet Innu de loin avec se tête d'ours ©Christophe Migeon

 

 

Au centre de la pelouse, un grand mât, marquant le Centre du monde, la matrice du cosmos, le lieu et point pivotant de l’univers en révolution, le vortex-énergie magique où la création commence. De plus en plus fortes, les pulsations des tambours frappent le diaphragme de leur rythme puissant et régulier. C’est le cœur de tout un peuple qui bat, pur et clair.

L’association Tourisme Autochtone Québec, en charge de la promotion du tourisme dans les communautés aborigènes du Québec propose des activités ethnoculturelles, éco-touristiques et d’aventures en compagnie de membres de l’une ou l’autre des 55 communautés autochtones. L’objectif est de mettre en avant les richesses et les savoir-faire ancestraux.