Longtemps isolée du reste de la Grèce, la péninsule du Magne est une terre sauvage et brute ponctuée de petits villages de pierre aux allures de forteresses. Cette région du sud du Péloponnèse dévoile aux voyageurs curieux une autre facette de la Grèce continentale.
Le Magne ne ressemble pas aux cartes postales des Cyclades. Ici pas de maisons blanches comme à Santorin, ni de clubs où danser toute la nuit comme à Mykonos. Mais des montagnes escarpées, des côtes découpées et des routes sinueuses où l’on retrouve une part de liberté et d’émerveillement. On se surprend à faire des pauses constamment pour admirer des points de vue tous plus beaux les uns que les autres, tout en sachant qu’au bout de la journée, une petite crique sauvage nous attend. Il y a décidément comme un air de vacances. Mais ce n’est pas qu’un décor, c’est un état d’esprit !
Une géographie chargée d’histoire
Avec un peu d’imagination, l’extrême sud du Péloponnèse ressemble à une presqu’île constituée de “doigts”. Le Magne, c’est le deuxième, rugueux, montagneux. L'intérieur des terres se découvre à travers des routes splendides alternant entre vallées verdoyantes de chênes, oliviers, amandiers, cyprès et massifs montagneux où le mont Taygète culmine à plus de 2 400 mètres d’altitude. Plus on se rapproche du sud, plus les paysages deviennent arides voire désolés. Selon la météo, le décor évoque davantage les grands espaces d’Irlande que les paysages méditerranéens.
Bien qu'on ne puisse plus vraiment la qualifier de confidentielle, la péninsule du Magne baigne dans une atmosphère unique avec ses hauts plateaux rocheux où se dressent d’austères maisons-tours. Véritables symboles de la région, elles représentent l’héritage d’une époque où les Maniotes avaient besoin de se protéger des envahisseurs extérieurs, et notamment des Turcs. Durant des siècles, l‘esprit d’indépendance caractérisa cette population insoumise organisée en clans, protégée derrière ses hautes tours de pierre.
Itinérance depuis Kalamata
En quittant la ville de Kalamata, la route longe la côte ouest et offre déjà de splendides points de vue entre mer et montagne. La haute silhouette du Taygète, véritable colonne vertébrale traversant le Magne du nord au sud, domine Kardamyli, charmante cité côtière avec ses jolies plages et son ambiance typique. C’est ici que l’écrivain voyageur Patrick Leigh Fermor posa ses valises à la fin des années 1950. Grand amoureux de la Grèce, il est l’auteur d’un réjouissant récit de ses voyages dans la région. Même si l’ouvrage offre par moment une vision romantique, il est un témoignage précieux pour s’imaginer le Magne à cette époque.
Quand Dieu eut fini de créer le monde, il lui restait un sac de pierres et c’est ici qu’il l’a vidé.
- Mani, voyages dans le sud du Péloponnèse, Patrick Leigh Fermor
De Kardamyli, le paysage évolue graduellement jusqu’à atteindre la ville d’Areopoli. Cité principale de la région, Areopoli signifie ville d’Arès, le dieu de la guerre. L’ancienne Tsimova a été ainsi rebaptisée en hommage aux Maniotes et à leur caractère guerrier. Avant de continuer vers le sud, on découvre les environs en faisant halte dans le charmant port de Limeni où les maisons en pierre blonde ont les pieds dans une eau émeraude.
On quitte la route principale pour s’enfoncer dans la campagne sauvage et rejoindre des petites routes seulement traversées par quelques troupeaux de chèvre en liberté avant d’atteindre Gerolimenas. Isolé depuis toujours par les hautes montagnes du Taygète, le Magne s’ouvrit au XIXe siècle avec le reste du monde grâce au port de Gerolimenas. Aujourd’hui le tourisme fait vivre le village grâce à quelques boutique-hôtels et restaurants. Ici pas d’hôtels de luxe standardisés mais des maisons traditionnelles rénovées, mettant en avant les matériaux locaux, les énergies renouvelables et la gastronomie du terroir.
Entre beauté et tranquillité
Un peu plus au sud, le sublime village abandonné de Vathia, perché sur un éperon rocheux, domine fièrement la côte sud du Magne avec sa concentration de tours fortifiées. La route continue plein sud jusqu’au Cap Ténare – le point le plus méridional de la Grèce continentale. Les amateurs de mythologie grecque apprendront que le cap était considéré comme l’une des entrées du royaume des morts, les Enfers, où régnaient le dieu Hadès et sa femme, Perséphone.
On remonte la côte orientale en direction du joli port de Kotronas en profitant de la beauté prodigieuse des paysages depuis la route. Gythio nous ramène à la civilisation et au reste du Péloponnèse. La région du Magne n’est pas si grande et l’immersion loin de tout est déjà terminée. Même si certains n’y consacreront qu’une ou deux journées, on ne peut que vous encourager à prendre le temps, partir en randonnée, visiter les grottes de Diros, flâner dans des petits villages, poursuivre la découverte du Péloponnèse et de ses sites antiques.
Pour découvrir le Magne en profondeur, rien de mieux que de s’adresser à Panagiótis Grigoríou pour avoir un regard différent sur le pays, à la fois ethnographique et historique. Il est à l’origine du projet de tourisme alternatif Grèce Autrement :
Un concept de voyage responsable dans la Grèce d’aujourd’hui, à travers ses réalités, ses paysages, son histoire contemporaine et sa culture. - Panagiótis Grigoríou
Pour aller plus loin :
https://greceautrement.gr/