Tourisme durable

Le Kivalo à Madagascar : quand l’écotourisme aide à protéger la mangrove

12 Mars 2023 - Biodiversité / Nature / Patrimoine / Préservation

Les mangroves sont des écosystèmes essentiels poussant le long des littoraux. Dans l’ouest de Madagascar, les habitants se mobilisent pour préserver ces inestimables "forêts bleues".

 

Dans la mangrove du Kivalo © Aurélie Croiziers de Lacvivier
Dans la mangrove du Kivalo © Aurélie Croiziers de Lacvivier


 

Le rôle exceptionnel de la mangrove 

 
La mangrove est clé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle séquestre et absorbe d’importantes quantités de carbone, plus que tout autre écosystème, et extrait notamment jusqu'à cinq fois plus de carbone de l'atmosphère que les forêts tropicales. La mangrove est aussi une immense nurserie où espèces marines et tropicales viennent se nourrir et se reproduire.
Enfin, ces territoires uniques protègent les terres et les communautés côtières des tempêtes, des tsunamis, de la montée du niveau de la mer et de l'érosion.
 

Préserver un écosystème menacé

 
Dans certaines zones d’Asie du Sud-Est et de l'océan Indien occidental, plus de 80 % des mangroves ont disparu. Des communautés locales se mobilisent contre ce fléau.
Situé sur la côte Ouest de Madagascar, dans le delta de Tsiribihina, Kivalo est un ensemble de villages planté à 12 kilomètres au nord de Morondava. Cette zone de mangrove, riche en biodiversité, abrite des dizaines d’espèces d’oiseaux dont certaines endémiques, huit types de palétuviers et des mammifères, dont les lémuriens nocturnes microcèbes.
Avec l’appui du WWF, les habitants du Kivalo ont créé un projet pour promouvoir le territoire et sensibiliser les populations voisines sur le rôle des mangroves dans l’équilibre écologique du Menabe, l'une des vingt-trois régions de Madagascar.
 
 
 
 Partie de foot devant la mangrove © Aurélie Croiziers de Lacvivier
 Partie de foot devant la mangrove © Aurélie Croiziers de Lacvivier


 

Mangily : une réussite écotouristique

 
A Mangily, un des villages du Kivalo, les 700 habitants sont habitués à recevoir des touristes. Depuis 2004, le centre Tsaravahiny accueille les voyageurs étrangers pour leur faire vivre une expérience hors des sentiers battus, alors que l’Allée des Baobabs, un des sites les plus photographiés de Madagascar, n’est qu’à quelques kilomètres. 
Aujourd’hui entièrement autogéré, le centre fonctionne à l’eau du puits et à l’énergie solaire et peut recevoir une vingtaine de personnes. Les tâches et revenus liés à l’activité touristique sont répartis à tour de rôle parmi les habitants du village qui ont suivi des formations de guide ou de cuisine dispensées par le WWF et par l'Association des Guides Agréés de Morondava depuis 2016. Cette équitable répartition est un des points délicats dans les accueils communautaires et le Kivalo est aussi une réussite sur ce plan : les touristes s’y sentent réellement bienvenus dans tout le village.
Au programme du séjour sur place ? Côté nature, découverte des forêts de mangroves lors de balade en pirogue, observations de la faune aquatique et terrestre ou pêche traditionnelle au crabe ; les voyageurs sont aussi invités à replanter des pousses de palétuviers. Côté culture, rencontres avec les villageois, apprentissage de la vannerie, visite de sites de construction de goélette ou encore danses traditionnelles… 
Passionnés par leur environnement et par la culture Sakalava, les écoguides, à la surprenante philosophie "rasta", sont de merveilleux passeurs de culture. Séjourner à Manguily est une réelle expérience à la fois écologique et humaine.
 
 
Vannerie traditionnelle dans le village de Mangily © Aurélie Croiziers de Lacvivier
Vannerie traditionnelle dans le village de Mangily © Aurélie Croiziers de Lacvivier

 

 

 
Au-delà du pan touristique, les habitants du Kivalo sont sensibilisés aux pratiques d’agriculture et de pêche durables et impliqués dans la protection de leurs terres qu’ils veillent, notamment en signalant les activités d’exploitation forestière illégales.
Entre 2007 et 2022, 56 hectares de mangrove ont été replantés aux abords du Kivalo. Les mangroves de la zone s'étendent sur près de 5 000 hectares et comptent parmi les forêts bleues les mieux préservées du Menabe.
 
 
L’allée des baobabs, tout près du Kivalo © Aurélie Croiziers de Lacvivier
L’allée des baobabs, tout près du Kivalo © Aurélie Croiziers de Lacvivier