Tourisme durable

Le dessin : meilleur allié des rencontres,
avec Stéphanie Ledoux en Namibie

26 Février 2022 - Art / Culture / Portrait

La Namibie est réputée pour ses superbes paysages, mais de magnifiques rencontres y sont aussi possibles. Là-bas peut-être plus encore qu’ailleurs, le dessin est un précieux allié pour des rencontres inédites. Stéphanie Ledoux, artiste-voyageuse hors pair, en témoigne !

 

Stéphanie Ledoux en Namibie ©Alexandre Sattler
Stéphanie Ledoux en Namibie ©Alexandre Sattler
 

A destination unique, pratique artistique unique

 
La Namibie est la destination des grands espaces. Avec une très faible densité de population, deux millions d’habitants pour une surface vaste comme la France, partout la nature est grandiose. Dans ces immenses étendues souvent désertiques et quasiment intouchées, la vie sauvage est un magnifique spectacle à observer. Au-delà de ces attraits évidents pour les voyageurs, la rencontre avec les peuples autochtones peut aussi se révéler un moment fort d’un voyage en Namibie.
 
 
Chasseur San
Chasseur San ©Stéphanie Ledoux

 

 
Stéphanie Ledoux est amoureuse de la Namibie. L’artiste toulousaine a quitté une vie d’ingénieure agronome pour vivre de ses deux passions : relater la beauté du monde et de ses habitants par le prisme du dessin. En Namibie, comme dans toutes les contrées visitées, son travail se fait en deux étapes. La première se déroule lors de longs voyages, où elle réalise des croquis face à face, un moment d’intimité directe entre deux inconnus. Les instants où elle montre le dessin à son modèle sont toujours chargés d’émotion. De ces voyages, elle ramène une matière unique… qu’elle fait revivre en grand format à son retour en France. 
 
"Une fois dans mon atelier, je donne à ces rencontres toute la grandeur qu’elles méritent. J’essaie d’honorer la mémoire de ces moments partagés sous forme de portraits qui finissent dans des galeries, dans des festivals et parfois dans des livres." 
 
L’artiste nous conte quelques-unes des rencontres vécues en Namibie.
 
 
Devant les sublimes paysages de Namibie ©Alexandre Sattler
Devant les sublimes paysages de Namibie ©Alexandre Sattler


 

Les Living Museums de Namibie

 
En préambule, Stéphanie déconseille de se rendre spontanément dans un village : les paysans ont des journées remplies et sont très occupés.
 
"Ce serait aussi malpoli que si un étranger rentrait chez nous, s’asseyait sur le canapé et s’attendait à ce qu’on lui prépare à manger et qu’on danse pour lui." 
 
Elle continue "ce poncif des "peuples premiers" qui n’ont rien et offrent tout est malheureusement encore bien trop répandu chez nous, Occidentaux…"
 
L’artiste rompue aux rencontres concède que ce n’est pas aisé d’entrer en contact avec les peuples de Namibie. "Sur un voyage de deux semaines, je ne recommande pas de chercher à rencontrer ces peuples spontanément. Si l’on débarque dans un village Himba sans un bon guide, il y a de fortes chances de déranger et de se faire demander de l’argent en échange d’un accueil hasardeux. Cependant, pour le voyageur pressé mais néanmoins curieux de ces peuples, il existe une formule parfaite."
 
 
Rencontre en Namibie ©Alexandre Sattler
Rencontre en Namibie ©Alexandre Sattler


 

La dessinatrice a noué de nombreux contacts avec des personnes des peuples Himbas et Sans. Selon elle, les Living Museums sont les endroits les plus appropriés pour les rencontres.
 
"Ce sont des lieux prévus pour accueillir les touristes, avec une prestation définie à l’avance à un prix fixe. Un point essentiel, c’est que les personnes sont formées et motivées pour accueillir et partager leurs savoir-faire.
 
L’argent des prestations fournies dans les Living Museums bénéficie directement aux communautés et permet de faire perdurer les savoir-faire qui ne vivent plus au présent, tels que la connaissance des plantes médicinales ou l’artisanat. "C’est un système vertueux, une expérience positive des deux côtés."
 
Ces moments passés dans ces musées innovants promettent de riches rencontres : ces sites recrutant des employés pour leur qualité d’ouverture et de sociabilité, ils sont heureux de faire connaître une culture dont ils sont fiers. Et les échanges humains dépassent souvent les prestations du programme.
 
 
©Stéphanie Ledoux
Kamomo ©Stéphanie Ledoux
 
 

Dessiner, une attitude différente pour un voyageur

 
Dessiner en voyageant est une façon d’appréhender le monde avec lenteur.
 
"Dessiner permet de sortir de la frénésie du monde actuel. Quand je dessine, je suis dans la contemplation, je m’imprègne, plutôt que de consommer une destination et de découvrir un site par l’écran de mon smartphone."
 
Dans les endroits du monde où les rencontres avec les locaux sont plus difficiles, dessiner est aussi une manière de se distinguer du touriste lambda, avec un art qui invite à une attitude humble, avec de simples feuilles et des crayons. Les personnes sont peu habituées à voir des voyageurs-dessinateurs… qui attisent la curiosité : les locaux s’émerveillent, commentent souvent et se moquent parfois. La dessinatrice raconte : "Une fois, une femme Himba m’a demandé si je dessinais parce que j’étais trop pauvre pour m’acheter un appareil photo ! J’en rigole encore."
 
 
Opuwo ©Stéphanie Ledoux
Opuwo ©Stéphanie Ledoux


 

L’artiste témoigne d’une rencontre unique que seul le dessin lui a permise. Dans un Living Museum Himba, elle ressent une connivence spontanée avec une femme de cette ethnie, même si elle ne parle pas la même langue. La communication passe par les sensations et les regards. Stéphanie tire son portrait, la jeune femme lui offre un de ses bracelets en retour.
 
"Nous avons une fossette toutes les deux. Elle m’a nommée sa ‘sœur jumelle blanche’, elle m’a même donné un surnom que je n’ai pas le droit de divulguer ! Ça reste la plus belle rencontre de mon voyage en Namibie."
 
 

Rencontres en temps de pandémie

 
La Namibie est peu impactée par la Covid-19, le pays étant faiblement peuplé et la population se déplaçant peu. Mais le pays vit avec difficulté l’absence de touristes. Les Namibiens souffrent de l’arrêt brutal de cette économie devenue majeure dans de nombreuses régions. Quand l’employé d’un lodge arrête de travailler, c’est toute une famille qui est impactée, soit jusqu’à dix personnes qui ne mangeront plus à leur faim. 
 
 
Mundunda à l'école Himba ©Stéphanie Ledoux
Mundunda à l'école Himba ©Stéphanie Ledoux

 


Stéphanie témoigne : "Pendant notre dernier voyage, mon partenaire de route et moi faisions certaines courses en double pour donner des denrées alimentaires de base aux personnes dans le besoin croisées sur notre route. Si l’on apprécie une destination, c’est aussi en temps de crise qu’il faut la soutenir, par exemple en aidant des associations actives sur place, comme celle de Solen Bardet, Kovahimba."
 
 
Deux mois de voyage en Namibie en vidéo, images d'Alexandre Sattler et Stéphanie Ledoux :
 
 
 

En savoir plus sur Stéphanie Ledoux : http://stephanie-ledoux.blogspot.com/

Site officiel des Living Museum de Namibie (en anglais) : https://www.lcfn.info/ 

Soutenir l’association Kovahimba : https://www.association-kovahimba.net/fr/

 
Tangee et le baobab ©Stéphanie Ledoux
Tangee et le baobab ©Stéphanie Ledoux