Tourisme durable

Le désert ou la quête de soi : rencontre avec Blanche de Richemont

07 Février 2025 - Histoire / Récit / Voyagistes

Qui n'a jamais rêvé de s’extraire du tumulte de nos sociétés ? Blanche de Richemont, philosophe et écrivaine, a fait du désert son sanctuaire. Ses écrits sur les étendues du Sahara sont bien plus que de simples récits de voyages… Découverte.
 

L'appel du désert

"Marcher dans le désert, c'est marcher à la rencontre de soi, à la rencontre de son âme", confie Blanche de Richemont. C’est lors de ses cours sur l'Égypte ancienne en classe de 6e qu’elle commence à s’intéresser au désert. Ce mode de vie la fascine tant qu’elle ouvre alors un compte en banque pour voyager là-bas ! Sa première expérience dans le Sinaï égyptien, après le décès de son frère, est une révélation. Depuis, le désert est une composante majeure de sa vie.

Pour Blanche, le désert est bien plus qu'un paysage, c'est un retour à l'essentiel, un lieu où l'on peut se débarrasser de tout le superflu.
 

On ne va pas dans le désert pour bavarder. On y va pour éviter les paroles bruyantes de notre quotidien et pour y vivre l'essentiel - Blanche de Richemont

 

Le désert du Sinaï en Égypte © Aurélie Croiziers

 



L'héritage d'Isabelle Eberhardt
 

Blanche de Richemont s'inscrit dans une lignée d’écrivains-voyageurs fascinés par le désert, tels Théodore Monot ou Antoine de Saint-Exupéry. Si elles sont moins présentes dans la littérature, les femmes aussi ont partagé leur passion pour ces grands espaces. Parmi elles, Isabelle Eberhardt, sujet du dernier livre de Blanche de Richemont "La Fille du désert, Une vie avec Isabelle Eberhardt".

Habillée en homme, au début des années 1900, Isabelle Eberhardt fut à la fois reporter de guerre, journaliste et initiée au soufisme. Blanche nous invite à redécouvrir cette exploratrice audacieuse qui défia toutes les conventions, guidée par sa soif de liberté, sa quête de l'ailleurs et un amour passionné. Ce récit intime est un superbe dialogue entre deux femmes, unies par le désir de repousser les limites, par leur amour du désert et par leur soif d’absolu.

Selon Blanche, la figure d’Isabelle est essentielle non seulement car "elle incarne la fidélité à soi-même et à ses rêves", mais aussi car elle montre comment "la féminité transcende les apparences physiques et les rôles sociaux". Inspirée par Isabelle, Blanche en a fait l’expérience lors de ses deux mois de traversée du désert, dans une caravane de sel au Mali entre Tombouctou et la mine de Taoudeni. C’est la seule femme de ce voyage, où elle apprend à s'affirmer et à imposer le respect : "indépendamment de son genre, quand on est en accord avec soi-même et que l'on agit avec authenticité, les différences s'effacent".
 

Blanche de Richemont dans le désert © Blanche de Richemont



Le sens du voyage

Si le tourisme s'est emparé de certaines régions du Sahara, voyager dans le désert doit rester une expérience porteuse de sens, au plus proche de la nature : "Quand on voyage dans le désert, on ne doit pas laisser de traces", explique Blanche. La plus belle manière d’honorer ces vastes espaces est de marcher en silence, en restant fidèle à l’esprit des caravanes, pour se laisser imprégner par l'énergie des lieux. Cette immensité devient alors un lieu pour apprendre à mieux se connaître.

 

Le tourisme dans le désert a bien un sens, pour la survie de l’âme des hommes… Le désert nous rappelle qu’on a en soi une force infinie, que notre vie est mille fois plus large que ce que l'on croit. On a tous un désert en soi, cet espace de pure lumière, un refuge constant - Blanche de Richemont

 

Dans les dunes du Sahara © Aurélie Croiziers

 

Blanche de Richemont nous invite à redécouvrir le désert comme un lieu de transformation intérieure. Et, comme le dit si bien la philosophe, "on devient ce que l'on regarde". En levant les yeux vers la voûte étoilée au-dessus des dunes, nous ne pouvons qu'être émerveillés par la beauté et la grandeur de l'univers.
 

 

Pour en savoir plus :
"La Fille du désert. Une vie avec Isabelle Eberhardt" de Blanche de Richemont, éd. Les Presses de la Cité